[1]Bon, je ne voudrais pas plomber l’ambiance mais ça sent le roussi. Ça nous tourne autour comme un vol de charognards dans le ciel du Nevada. Dans les westerns, c’est toujours mauvais signe.
Moi, je croise les doigts, je ne l’ai jamais connu. Par contre, je vois bien que la situation se dégrade autour de moi.
Chez mes copines, chez mes potes, dans ma famille. Forcément !
Depuis quelques mois, on en prend entre 1.000 et 1.500 nouveaux par jour. Entre 25.000 et 40.000 par mois, l’équivalent de la population d’une ville comme Auxerre ou Rodez.
Et si vous considérez que quand un individu est touché, 2 ou 3 autres sont impactés directement ou indirectement par la situation du premier (conjoints, enfants, parents…), ça nous donne entre 60.000 et 120.000 personnes concernées… chaque mois… en France. L’équivalent de la population de Lorient (pour l’estimation la plus basse) ou de Metz (pour la plus haute).
Je vous parle de quoi là ? De la grippe, de la gastro ? Non, d’une maladie plus contagieuse encore en ces temps : le chômage !
Bon, j’en connais qui vont dire : « Eh, Julie, tu débordes du cadre de ta chronique ».
Et moi je leur réponds : « Croyez-vous vraiment ? ».
Parce qu’un chômeur de plus c’est – potentiellement – un client de moins ! Et pas qu’un comme je l’ai évoqué plus haut, mais plusieurs. C’est toute une famille qui hésite à partir. C’est un séjour de deux semaines qui se transforme en une semaine (ou en plus rien du tout).
J’en ai fait les frais. Un bon client à moi, cadre dans le privé, bon salaire, belle bagnole, est passé à l’agence dernièrement. Son séjour anniversaire de mariage au Sri Lanka et Maldives, pfuitttt !, ça sera pour plus tard. Dans l’immédiat, il vient de recevoir sa lettre de licenciement. Forcément, il n’a pas la tête au farniente et aux roucoulades en amoureux.
Il paraît qu’il faut 1,5 point de croissance pour commencer à recréer des emplois en France. En dessous, le chômage continue d’augmenter à toute vitesse. Pour la France, les prévisions les plus optimistes envisagent 0,5 % de croissance en 2013. D’autres tablent sur 0,3 %. Les plus pessimistes parlent de 0% ! Ça craint.
J’embrasse mon petit client qui vient de perdre son job. Qu’il en retrouve un rapidement. Je garde son dossier Sri Lanka Maldives sous le coude. Bises !
Julie Labrune, 28 ans.
Conseiller en Voyages