[1]Confortablement installée sur ma chaise en cuir (ben oui, je plaisante. C’est pas parce que les affaires semblent reprendre que ça y est, on s’offre la folie des grandeurs !), je déguste mon petite café en lisant mes mails.
Vous commencez à connaître mes petites habitudes maintenant !
Quelques réponses rapides, quelques transferts, quelques impressions…
Tiens, la porte d’entrée s’ouvre. Bien matinaux ces futurs clients (mais ils ont raison, je le sens, ils vont transformer ma journée en une bonne journée) !
Ah, apparemment, pas tant que ça parce qu’ils ont l’air de batailler à l’ouvrir cette foutue porte !
Allez, là aussi, j’y crois, vous allez y arriver Madame, Monsieur ! Ah, mais c’est mon client Oman avec sa femme.
Oh, mais punaise, il est en béquilles !
Et ils prennent la peine de se déplacer. Ça n’augure rien de bon !
Surtout que je me rappelle bien leur brief et de l’excès d’enthousiasme de monsieur sur ses capacités sportives !
Bon, du coup, Julie, elle se lance à leur rescousse pour le soulager d’une chaise le plus vite possible.
Pas trop condescendante non plus pour pas en rajouter une couche vu qu’il a vraiment pas l’air bien.
« Que puis-je faire pour vous ? » Ouvrir un dossier d’assurance, je me doute mais on aurait pu faire ça par téléphone, non ?
Ah, mais non. Monsieur tient absolument à m’expliquer en détail les circonstances extraordinaires (au sens littéral) de ce qui n’aurais JAMAIS du LUI arriver !
Oh non, je le vois venir. Il va pas oser pousser mémé dans les orties… ou surtout Julie dans ses retranchements… en sous-entendant qu’il y a eu négligence de la part du guide ou, pire, de ma part !
Surtout que je me souviens très bien lui avoir expliqué les enjeux physiques de son circuit.
Ah je vois, c’est aussi une blessure narcissique !
Moi la petite conseillère en voyages, j’avais osé mettre en doute sa forme et sa motivation… j’avais osé le sous- estimer !
Pourtant dieu m’en est témoin (et ma collègue Sophie) j’avais pris la peine de modérer mes propos, toujours sous couvert de ma fameuse obligation d’informations d’agent de voyage.
Mais rien n’y avait fait, il avait voulu signer tel quel. Et bien, voilà le résultat…
Une vieille chanson me revient en tête « Tu fais rien que des bêtises, des bêtises, quand t’écoutes pas ! ».
Désolée, j’ai pas résisté !
Allez, Monsieur, on va faire ça rapidement et on va dire que c’est la faute à pas de chance !
J’embrasse quand même bien fort sa femme pour qui ça doit pas être facile tous les jours…
Julie Labrune, 28 ans.
Conseiller en Voyages