[1]A la brasserie en face de l’agence, le midi, on en entend des âneries.
Avant hier, on déjeunait avec Sophie et on a pas pu s’empêcher d’écouter la conversation de deux bonnes femmes dont le seul sujet de discussion était une troisième femme – que pour une simple commodité de narration, nous appellerons Babette.
Ces deux mégères ont passé en revue la vie de cette pauvre Babette qui, d’après elles, devait être bien malheureuse puisqu’elle était hors du schéma de vie que toute personne normale doit avoir.
Je dédie donc cette chronique à ces deux morues à qui j’ai envie de dire que pour être heureux et respectable dans la vie c’est pas obligé :
•d’être blanc
•d’être français
•d’être chrétien
•d’être hétéro
•d’être marié
•d’avoir des enfants
•d’être propriétaire de son logement
•d’aimer bricoler quand on est un homme
•d’aimer faire le ménage quand on est une femme
•d’avoir un téléviseur chez soi
•d’aimer la viande rouge
•de détester la fourrure
•de vouloir à tout prix épargner pour sa retraite
•de léguer des biens immobiliers à ses enfants
Tous ces gens qui se croient »normaux » m’emmerdent !
•Ils sont mariés mais sont infidèles
•Ils votent mais ne connaissent pas le dixième du programme de celui qu’ils veulent élire
•Ils ont des enfants mais ne s’en occupent peut-être pas bien
•Ils trient leur poubelle mais jettent leurs papiers gras par terre
Mais ils sont heureux car en façade, ils sont comme le voisin qui est lui-même content de ne pas être différent du boucher du coin.
On l’a tous appris à l’école, on compare ce qui est comparable.
En étant dans le bon schéma, ces gens normaux peuvent alors se gausser :
•d’avoir été la plus jolie des mariées
•d’avoir les plus beaux enfants
•d’avoir la plus grande maison
•d’avoir la voiture la plus récente
•d’avoir un meilleur salaire
Moi, je suis bien heureuse d’être comme je suis. J’ai plein de défauts et je ne réussi pas tout ce que j’entreprend.
Je suis souvent brut de décoffrage mais c’est ma façon d’être et comme je n’en connaît pas d’autres, au moins je suis à l’aise dans mes baskets.
Allez, je vous embrasse bien fort tous autant que vous êtes.
Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en Voyages