Le 14 novembre dernier, pour marquer solennellement son 25ème anniversaire Eurostar a fait circuler son 1er train sans plastique, un train d’où tous les plastiques à usage unique ont été bannis. Finies les pailles, finies les bouteilles d’eau minérale « plastiques » et autres emballages polluants. À la place, des verres « en verre », des tasses en porcelaine, des couverts métalliques et des canettes aluminium pour l’eau minérale. Les verres de vin sont servis à partir de bouteilles de vin traditionnelles. Les cacahuètes et autres noix du Brésil sont présentées dans des petits emballages en papier renforcé totalement écologique et recyclable. Et très bientôt les couverts seront en bois et le café sera servi dans des tasses à base de carton.
Lors de la conférence de presse tenue dans les salons « Business Premier » de la gare de St Pancras à Londres, Mike Cooper (photo ci-dessous), le Directeur Général d’Eurostar a rappelé aux journalistes français et britanniques qu’en 25 ans Eurostar avait transporté plus de 200.000.000 de passagers trans-Manche avec une empreinte énergétique de 90 % inférieure à celle de l’aérien et qu’avec cette démarche écologique Eurostar cesserait à terme d’utiliser 500.000 bouteilles plastiques par an.
Et puis il a annoncé qu’à partir de janvier 2020, pour chaque Eurostar qui partirait d’un terminus, la compagnie s’engagerait à planter un arbre, soit environ 20.000 arbres par an, à répartir entre Royaume Uni, France, Belgique et Pays-Bas. Tout le monde prit un air admiratif.
C’est une bonne chose, même une très bonne chose, mais honnêtement 20.000 arbres, en les plantant tous les 10 mètres cela représente moins de deux kilomètres carrés de reboisement par an. Quand on compare ces chiffres avec ce qu’a réalisé récemment l’Éthiopie qui a planté plus de 350 millions d’arbre en une seule journée en juillet dernier, on aurait pu espérer qu’Eurostar fasse une proposition plus importante.
Mais il ne faut pas nier que depuis 2007 Eurostar au travers de son programme « Voyage Vert » a fait de remarquables efforts pour réduire son empreinte carbone, qui a diminuée de près de 40 % en 12 ans.
Et Mike Cooper n’allait pas manquer de faire un peu d’avion-bashing, c’est de bonne guerre. « Au travers de nos ambitions environnementales et de notre programme de plantation d’arbres, nous offrons une alternative encore plus attrayante et écologique aux compagnies aériennes » a-t-il déclaré.
Lors de l’interview qu’a accordée Mike Cooper à La Quotidienne à bord de l’Eurostar entre Londres et Paris, il a été question du développement futur du réseau Eurostar.
Déjà Amsterdam devrait s’ouvrir à l’Eurostar en avril 2020. Mais pour l’instant la grande aventure qui se prépare c’est la réunion des deux grandes entités inter-européennes Eurostar et Thalys dont les dirigeants ont proposé en septembre dernier la fusion dans un projet appelé « Green Speed ».
Ce projet bien avancé va devoir recevoir l’approbation des conseils d’administration, des représentants du personnel mais surtout celle de la Commission Européenne au titre du contrôle des concentrations.
Une fois passé ce cap des autorisations administratives, l’Eurostar pourra assurer rapidement de nouvelles liaisons, et en premier lieu Cologne Londres. Puis il pourra y avoir Dormund et Dusseldorf.
Puis nous avons abordé la question attendue du Brexit. Là, Mike Cooper a été catégorique. Il n’y aura pas de problème pour l’Eurostar quelque soit l’évolution suivie par les Britanniques. D’après lui toutes les options ont été étudiées en coopération avec les autorités britanniques et tout est prévu pour que dans tous les cas de figures les trains Eurostar continuent de circuler normalement.
Ensuite La Quotidienne a rencontré Raymond Blanc (photo), le Chef français aux 2 étoiles Michelin pour son restaurant Le Manoir aux Quat’ Saisons près d’Oxford, qui est aussi depuis quelques années le Chef responsable de la gastronomie de la classe Business Premier à bord des trains Eurostar.
D’emblée Raymond Blanc s’affiche comme un défenseur permanent des productions locales et précise qu’il a appliqué le même principe pour Eurostar. Aussi travaille-t-il avec 3 cuisines sous-traitantes basées près de Bruxelles et de Londres, et en Bourgogne pour la France.
Chacune fournit les menus servis dans les trains au départ de leur pays. Et chacune utilise au maximum les services de producteurs locaux pour leurs approvisionnements en produits saisonniers équitables où biologiques.
Le respect de ces normes environnementales, l’offre de repas durables et responsables et la quasi absence totale de produits transportés en avion, ont permis à Eurostar de recevoir la récompense suprême des 3 étoiles, décernée part la Sustainable Restaurant Association (association britannique qui récompense les progrès sociaux et écologiques dans le tourisme, l’hôtellerie et la restauration). Eurostar et Raymond Blanc en sont très fiers, et à juste titre.
Pour Raymond Blanc, être à la tête de la restauration de la classe Business Premier d’Eurostar est loin d’être une sinécure.
Quatre fois par mois il doit créer de nouveaux menus avec l’obligation de proposer aux passagers des menus différents suivant leurs sens de parcours. Quand on compte les nombreuses options offertes (végan, sans gluten, etc …), cela représente pas moins de 28 menus différents chaque semaine.
Pour Raymond Blanc la cuisine c’est choyer le consommateur mais aussi les producteurs, avec des tarifs reconnaissants la qualité de leur travail, sans oublier le personnel en cuisine qui doit percevoir des salaires de bon niveau. C’est aussi quelque chose qu’il surveille de très près. Et pour les passagers, il faut le reconnaître, le résultat est vraiment dans l’assiette.
Le message de Raymond Blanc est clair: « Travailler avec Eurostar démontre qu’il est possible d’offrir une cuisine de qualité et durable, et ce même à bord d’un train à grande vitesse. Le nouveau classement trois étoiles attribué par la Sustainable Restaurant Association constitue la reconnaissance des efforts déployés par Eurostar afin que ses clients savourent des plats délicieux tout en respectant l’environnement. »
Frédéric de Poligny