[1]Un client, enfin plutôt un prospect, entre dans l’agence et regarde tranquille la vitrine où trônent (derniers investissements pour se mettre à la mode et prétendre à un certain standing) deux écrans plats géants.
Ma boss a longtemps hésité à les installer mais elle a eu une offre intéressante. On se veut haut-de-gamme, sur-mesure, à la pointe alors on a toutes pensé que ce serait pas mal de concrétiser nos ambitions.
De la même façon, on a trouvé un petit photographe pas connu (pour l’instant !) mais qui fait des supers photos de voyage et qui nous a permis d’exposer ses clichés à un super prix. Des couleurs qui pètent, des tirages sur plaques alu, trop la classe !
C’est sûr, ça a eu un coût mais franchement ma boss s’est bien débrouillée, a bien négocié et ça a été très raisonnable, bien plus (raisonnable) que ce que le rendu laisse à penser !
Cool, non ? Et bien non en fait. Parce que ce fameux prospect, qui n’en finissait pas de déambuler à droite et à gauche, a fini par s’asseoir à mon bureau. On a discuté de son projet, ciblé la destination, les dates, le budget, le niveau hôtelier, etc.
Tout était cohérent. Je lui ai demandé ses coordonnées afin de pouvoir lui envoyer une proposition précise et chiffrée d’ici 24-48h.
Il n’y a vu aucun inconvénient. Le dossier sympa en perspective.
On continue de préciser le programme encore un peu, parler visa et assurance. Tout roule. Il ne me reste plus qu’à le remercier, lui dire que je m’attelle de ce pas à la réalisation du devis et de faire les pré-réservations aériennes et le raccompagner vers la sortie. (Ouais, ouais, je fais ça à mes clients !)
Bien que là, j’aurai dû prétexter une excuse quelconque. Parce qu’arrivés sur le seuil, voilà que le mec regarde la vitrine à nouveau, insiste sur les écrans plats et me sort tel quel : « Bon, avec les écrans plats que vous vous permettez d’avoir dans votre vitrine, vous devez faire des marges plus que confortables. Alors, soyez gentille, adaptez-les pour moi et faite-moi un bon prix ! »
Je n’ai pu m’empêcher de sourire.
Celle-là, on me l’avait encore jamais sorti pour négocier !
Ce qui plait à nos clients finalement, c’est qu’on ne les laisse pas s’empêtrer dans la technique et, pour ne pas être en décalage avec eux, qu’on travaille avec les outils d’aujourd’hui.
La seule contrainte ? à vouloir paraître trop beau parfois, on peut provoquer de gênants mal entendus …
Allez, j’embrasse tous les sur-mesuristes et leurs clients souvent tatillons (le mot est faible !).
Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en voyages