[1]Hier après-midi, j’avais rendez-vous avec un charmant septuagénaire (ouais, j’ai vérifié dans le dictionnaire, c’est bien comme ça qu’on dit !) : un client récemment amené à l’agence par son petit-fils pour venir concocter tous les deux une escapade entre hommes.
Un trip « chasse » » à l’autre bout du monde pour « initier sa descendance » comme il m’a dit.
Le grand-père avait motivé le petiot à la traque et le petiot avait en échange persuadé le papy de s’adonner à sa passion au-delà des frontières.
Grand bien lui en a pris parce que ce petit genre d’idées complète amplement mes marges alors, même si le vrai gibier, c’est pas trop mon truc, j’étais ravie d’avoir pu le plumer un peu ce gibier-là !
Bref, tout ça pour dire qu’il devait venir chercher son carnet de voyage parce que son petit-fils n’avait pas le temps. Bon, vous l’aurez compris, le retraité n’était pas du genre très branchouille et se dévouait au déplacement parce qu’il ne pouvait faire autrement.
Bien sûr, Super Julie, elle a fait le max pour le mettre à l’aise.
Autant je l’avais senti sur de lui devant le gamin, autant là, je le sentais tout penaud…
Confortablement installé, un petit café servi (ben ouais, 1. c’est pas le moment qu’il casse sa pipe et 2. pour le montant du séjour, je peux honnêtement me fendre d’un café !), je lui explique que je vais lui remettre ses documents de voyage et je commence à lui réciter la liste et leur utilité.
Tout d’abord, le carnet de route avec le descriptif de leur itinéraire, les coordonnées utiles et une fiche pratique sur le pays. J’enchaîne avec le dépliant Assurance Assistance puis le guide touristique. Je commence à lui dire que je vais maintenant lui donner les documents concernant l’aérien : les billets d’avion imprimés et… Et voilà qu’alors qu’il n’a pas soufflé mot depuis dix bonnes minutes, il me coupe et me dit : « ah, super, c’est ça les billets d’avions électroniques ?! Depuis le temps que mon petit-fils m’en parle, je vois enfin à quoi ça ressemble ! »
Euh, je précise, on fait l’effort d’imprimer les billets pour nos clients mais on les imprime tout ce qu’il y a de plus normal, c’est-à-dire un A4.
Du coup, je le regarde un peu surprise. Et voilà qu’il reprend : « Et je les mets dans quel sens dans les bornes ?! Oui, je sais qu’il y a des bornes, mon petit-fils m’a expliqué. Mais c’est dans ce sens ou celui-là ? », le tout en me prenant les étiquettes bagages des mains.
Aie ! Comment te dire Monsieur ?! « Ça, ce sont les étiquettes bagages, Monsieur, pour mettre le nom sur vos valises. Les billets, ceux sont seulement les feuilles imprimées ici. »
Allez, j’embrasse tous les papys et mamies déjà dépassés par l’évolution technologique, mon tour viendra un jour !