Tout le monde est confiné, les anonymes comme les stars. Bernard Sabbah est un professionnel reconnu et apprécié du monde du tourisme. Depuis de nombreuses années, il officie sur la 1ère radio de France, RTL, aux côtés de son ami Julien Courbet avec lequel il aborde tous les jours, tous les sujets liés aux voyages et au tourisme au sens large. Il est l’invité privilégié de La Quotidienne ce jeudi.
La Quotidienne : Comment vivez-vous ce confinement forcé ?
Bernard Sabbah : Je le vis très bien. C’est pour moi une très bonne remise en question qui me force à repenser mes actions et mon comportement sur le long terme. J’ai la chance de continuer mes activités à la radio, de 9h30 à 11h30, où j’aborde les questions liées au tourisme et notamment les conséquences de l’ordonnance du 26 mars 2020, une excellente chose pour les consommateurs.
Je m’occupe également de mon école de Tourisme, Viaticus, qui d’ailleurs organise ce jour à partir de 17h une « journée portes ouverte virtuelle » (inscription sur contact@viaticus.fr) pour lancer la saison 2020/2021.
LQ : Y a t-il des comportements qui vous ont choqué ou au contraire impressionné pendant cette crise ?
BS : J’ai découvert une solidarité inattendue et bienveillante avec mes voisins. Avec la concierge de l’immeuble comme point de ralliement, les initiatives de quartier se multiplient pour aider les personnes, et notamment les plus âgées, à supporter leur confinement.
Alors qu’au moins 4,5 milliards de personnes sont contraintes ou incitées à rester chez elles pour lutter contre la propagation du Covid-19, je suis admiratif de ces héros du quotidien (personnel médical, forces de l’ordre, pompiers, employés de supermarchés, éboueurs etc.) auxquels nous serons éternellement reconnaissants pour préserver la santé et la sécurité de la communauté.
Je suis par contre plus mitigé concernant les chaines d’infos continus qui entretiennent selon moi un climat anxiogène et contre cette querelle de scientifiques incapables de tenir un discours clair et argumenté sur la pandémie et la façon de la vaincre. C’est très déstabilisant.
LQ : Comment sera selon vous le tourisme désormais à l’avenir ?
BS : Tout va changer. Il y aura une prise de conscience écologique, sanitaire, ainsi que des modifications radicales de comportements d’achat. Dès cet été, les français se remettront à voyager mais resteront en France. Les réseaux de distribution doivent se réinventer. Les voyages internationaux devraient recommencer à la fin de cette année avec des avancées en terme de caméras thermiques, de visas sanitaires et de traçabilité des personnes. Le transport aérien sera profondément impacté.
La crise sanitaire que nous traversons aura eu au moins une vertu : « obliger » les professionnels à innover car c’est en situation de crise, que les acteurs cherchent et trouvent des solutions. Pour certains professionnels, qui considéraient le tourisme comme quelque chose qui arrive naturellement, un « tourisme de cueillette », les temps seront plus difficiles prochainement.
Les visiteurs seront d’autant plus exigeants, car le temps vacant risque d’être plus contraint (durée du séjour avec une perte de jours de congés, conditions des mesures sanitaires sûrement limitantes), et leur budget aura probablement diminué (1 salarié sur 3 des entreprises privées actuellement au chômage partiel ne sera pas sans conséquences).
Les professionnels du tourisme devront donc avoir un appétit modéré et prendre en compte ces paramètres. Tout comme les touristes devront être raisonnables et réfléchir à payer un prix juste.
Bernard Sabbah
Consultant média (RTL, Endemolshine, 3ème oeil production)
Président de Viaticus (École supérieure du tourisme et digital).
Propos recueillis par PR