[1]Traduction : Plus la république est corrompue, plus les lois se multiplient…
C’est ce que déjà martelait Publius Cornelius Tacitus… et derrière cet historien se cachait Tacite, un homme d’état hors pair qui fut amené à étudier les mobiles de la conduite des hommes et des gouvernements de Rome.
Son analyse est aussi édifiante qu’actuelle.
On aurait aimé le connaitre le citoyen Tacitus… On aurait aimé lui demander son avis sur les motivations des responsables de l’amoncellement de lois qui pleuvent comme à Gravelotte sur le transport de voyageurs et qui, par conséquent, empêchent nos camarades CGT (Conducteurs de Grand Tourisme) non syndiqués de bosser sereinement !
Le monde du travail, et en particulier du transport de voyageurs de tourisme, se trouve dans une belle mouise, face à la batterie de fonctionnaires qui participe à la ponte journalière d’une foule de petites perles législatives !
Et si t’as une minute, on te donne un exemple, un seul pris presque au hasard… juste pour te casser la tête… Petite devinette : sais-tu ce que signifie le mot amplitude ?
On peut tenter de t’éclairer vite fait en ouvrant Wikipédia : – positif caractérisant l’ampleur des variations d’une grandeur.
Le plus souvent il s’agit de l’écart maximal par rapport à la valeur médiane (qui est aussi la valeur moyenne si la variation est symétrique).
Cette définition diffère du langage courant, dans lequel l’amplitude désigne généralement l’écart entre les valeurs extrêmes d’une grandeur…
Si t’as pas bien compris, alors on va faire plus beaucoup plus simple chez Larousse : – Amplitude : Valeur de l’écart maximal d’une grandeur qui varie périodiquement…
Et bien figures toi qu’on a trouvé le moyen de mettre le mot « amplitude » au goût du jour en 2002, mais uniquement dans le cadre du Transport de Voyageurs de Tourisme… et t’as bien raison de dire que c’est complètement con, parce que c’est vraiment con !
Dans le passé, (et pas besoin de remonter à Mathusalem !), quand t’étais con… tu ne pouvais pas l’ignorer, ton père te répétait sans arrêt : « Mais bordel, mais qu’est ce que tu peux être con !»… ta mère : « Mon pauvre, c’est pas possible d’être aussi con !»… le Curé : « qu’est ce que t’as fait au Bon Dieu pour être aussi con ! »…
L’instituteur te répétait : « Mais ferme la donc, t’es trop con »… Au régiment, le juteux : « oh, Ducon… si tu l’ouvres encore, j’te mets 8 jours »… Et puis il y avait les copains… le boulot… pour te le rappeler.
Alors, quand t’avais bien compris que t’étais con, tu la fermais et t’emmerdais pas les autres…
Cet état de fait ne pouvait pas durer, et un tsunami inattendu de remise à jour brutale fut déclaré, une règle de protection tacite* du con qui interdit à quiconque de dénoncer un con… et c’est alors que les cons prirent la parole.
Audiard en fut, pour notre bonheur, l’un des faire-valoir, en déclarant notamment qu’un con ne doutait de rien, et que c’était justement à ça qu’on le reconnaissait…
*(hé ! tacite = implicite, inexprimé, informulé, sous-entendu… pas Cornelius Tacitus)
Et depuis, qu’est ce qu’ils foutent comme binz, ces cons… sans que personne n’ose plus rien dire, de peur de se voir traînés devant un tribunal pour diffamation…
Parmi les conséquences, insistons sur l’exemple de cette profession qui, dans son ensemble, se retrouve un beau matin confrontée au problème d’interprétation du fameux mot amplitude… une définition bien nulle, concoctée juste pour elle… et que personne, absolument personne ne sait gérer, à tel point qu’on pourrait croire que nous sommes tous c…!
Pour mieux comprendre l’incompréhensible, mettez donc vos lunettes ou alors passez à autre chose…
En physique classique, on nomme amplitude la mesure scalaire (une coordonnée) d’un nombre
Décret n° 2003-1242 sur la durée du travail dans le transport de personnes :
– Durée du travail effectif maximale est de 10 heures, mais peut être portée à 2 fois 12 heures sous condition (?)…
– Comprend les temps de conduite, de mise à disposition et les autres travaux (?)…
– L’amplitude comprend la durée du travail effectif et les pauses (?)…
– Dans le régulier, l’amplitude est de 13 h, portée à 14 h sous réserve d’autorisation de l’Inspecteur du Travail (?)…
– Dans le transport occasionnel, l’amplitude est fixée de droit à 14 heures.
– Interdiction de travailler plus de 9 heures au-delà de 12 heures d’amplitude (?)…
– Obligation de respecter une pause de 11 h minimum entre deux amplitudes pouvant être réduite jusqu’à 9 h,
trois fois par semaine maximum.
Afin de vérifier avec précision toutes ces obligations, le « Chronotachygraphe » numérique ou électronique a été mis en place depuis le 1er mai 2006, il est obligatoire dans tous les véhicules de transport en commun de personnes.
– Une carte à puce personnelle appartient au conducteur (et non à l’employeur) et sa photo d’identité y figure.
– Cette carte a une durée de validité de cinq ans et conserve en mémoire tous les trajets, les repos, les excès de vitesse des 28 derniers jours.
– L’appareil conserve ces mêmes données pendant un an et sera utilisable par quatre types de cartes : celle du conducteur, la carte de l’entreprise, la carte des ateliers et la carte des contrôleurs : Police, Direction Régionale de l’Equipement et Inspection du Travail.
Si le lecteur a trouvé la patience de lire ces dernières lignes et qu’il a comparé ces obligations à celles de son propre job, s’il a seulement effleuré l’angoissante idée d’être équipé au boulot d’un système d’étroite surveillance qui lui colle aux fesses, il doit brusquement comprendre la souplesse et le confort de sa vie professionnelle …
Cette notion d’amplitude ne devrait pourtant pas comporter de complications inexpiables si elle était traitée avec discernement par les services de contrôles et par les conducteurs…
Mais ce serait bien trop simple et c’est là que l’on retrouve un spécimen Duc… bien formaté : le CGT, non… non… pas le Conducteur Grand Tourisme… non le CGT, celui qui a pour objectif d’en faire le moins possible, d’être contre tout ce qui est pour, pour tout ce qui est contre… avec la volonté, envers et contre tout, d’en faire baver des ronds de chapeau à son patron, juste pour que l’on comprenne bien qui il est !
Si ce prototype CGT (Contre Globalement Tout) est de surcroît Délégué du Personnel, alors il ne se sent plus pisser après d’excellents briefings de ses pairs, dispensé à l’abri de tous les regards… C’est un mec généralement lavette devant bobonne, souvent déboussolé par ses frustrations diverses… Mais remonté comme une pendule suisse devant son patron. Celui-ci est bien souvent pris en otage par des règles inapplicables et n’a d’autre alternative que d’écouter d’odieux déballages émouvants de conneries…
Ce Duc… l’intouchable…l’hyper protégé… enverra au moindre geste son boss se frotter au tribunal des prud’hommes, qui n’aura pas la moindre chance d’être entendu, du fait de la complicité des Inspecteurs de Travail ou autres agents de l’Equipement qui ne pensent qu’à bouffer du patron !
Monsieur Publius Cornelius Tacitus, si vous pouviez revenir leur dire à tous ces c… que les lois trop complexes, trop ambiguës finissent par décourager l’entrepreneur, le candidat au travail ou même le client, et qu’en fin de compte, personne n’y retrouve plus le sien.
Le mot « Emploi » s’éteint à petit feu, faute de simplicité, alors s’il vous plait … revenez analyser et étudier les mobiles de la conduite de ces hommes et des gouvernements qui sont chargés de légiférer !
Ah ! Illustre Monsieur PCT, que n’avez-vous pu connaitre cet Humanum Cégétus Duc…ae, le nouveau dictateur !
(A suivre)
Jean Pierre Michel