La pandémie nous est tombée sur la tête en début d’année. Peu importe que la Chine ait ou non tardé à informer le reste du monde, la responsabilité de la lutte contre ce fléau est naturellement revenue aux Etats. Et on peut alors se poser un certain nombre de questions.
D’abord pourquoi chaque Etat a décidé de ses propres mesures conservatoires alors que le virus circule au travers des frontières sans demander la permission ? Il est d’ailleurs surprenant de voir que ce qui s’est passé en Europe avec le repli sur soi de chaque pays, a été également constaté dans les Etats fédéraux comme les Etats Unis ou le Brésil par exemple.
Voilà qui est bien étrange. Chacun s’est replié sur lui-même en pensant sans doute qu’il était plus compétent que ses voisins pour endiguer la
maladie. Ainsi personne n’a bénéficié des capacités des autres Etats. Tout cela est très dommageable.
Par contre on a constaté dans le monde entier une grande constante : chaque gouvernement a décidé une priorité absolue : la santé, et ce quel que soit le prix à payer par les autres composantes de la vie sociale. Ainsi et de manière assumée, les responsables politiques ont choisi de sacrifier
l’économie et la liberté à la santé.
Au fond, très cyniquement, pour protéger les sujets dits à risque, en clair les personnes âgées, on a délibérément mis à bas l’économie mondiale sans vraiment se préoccuper des dégâts et des morts que cela entraînerait. C’est ainsi que la plupart des pays ont confiné leur population, arrêté les usines, fermé les commerces en compensant les pertes par une pluie d’argent déversée sur les activités particulièrement impactées. Mais cette manne devra bien être remboursée un jour ou l’autre, que ce soit par les entreprises dont beaucoup ont évité ainsi le défaut de paiement ou par les contribuables car il faudra bien, un jour ou l’autre reconstituer les fonds publics.
Bon, le choix a été fait et il n’y avait peut-être pas d’autre alternative. Mais alors, les gouvernements doivent l’assumer. Le secteur d’activité le plus touché tout au moins dans les pays dits occidentaux, est sans conteste le transport aérien. Celui-ci subit une double peine.
D’abord, on lui interdit administrativement d’opérer, ne serait-ce en France que par l’obligation de ne pas se déplacer en dehors d’un rayon de 100 km et on effraie les clients potentiels par les messages d’extrême prudence diffusés à longueur de médias.
Seulement le transport aérien est une des principales clefs pour faire tourner l’économie. Et, paradoxalement, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de le remettre en opération.
Cela a été dit plusieurs fois, mais répétons-le encore, pour repartir les compagnies aériennes ont besoin de certitudes quant aux dates et aux modalités sanitaires qu’il faudra respecter. Et pas seulement dans un pays, mais dans tous.
De plus il y a besoin de redonner confiance aux clients et leur laisser le temps de programmer leurs déplacements. Il faut au moins un mois entre le début des opérations et l’ouverture des vols dans les systèmes de réservation.
Eh bien à ce jour, on ne voit rien venir. Plus même, alors que notre gouvernement s’aperçoit enfin que le tourisme représente un pan notable de l’activité, rien ne semble pris en compte pour le transport aérien.
Plus grave même, le Premier Ministre engage les français à surtout ne pas aller à l’étranger. Alors c’est comme si le transport aérien était considéré comme quantité négligeable.
Oh bien sûr il y a de l’agitation, beaucoup de réunions, des échanges réguliers entre le Secrétaire d’Etat aux Transports et les organismes représentatifs : le FNAM et le SCARA en particulier. Mais où sont les décisions ? A quelle date Orly va-t-il rouvrir ? Quelles seront les modalités sanitaires à appliquer et seront-elles prêtes le moment venu ?
Les gouvernements ne sont d’ailleurs pas seuls en cause. Trois mois après l’arrêt presque complet du transport aérien IATA et l’OACI discutent toujours des mesures à appliquer dans tous les pays pour redémarrer les exploitations ? Combien de temps faudra-t-il attendre encore ?
Les décisions gouvernementales ont déjà tué ou mis en danger nombre de transporteurs. Ceux-ci n’y sont pour rien, ils subissent des décisions prises sans leur approbation, ni même leur implication.
Pourquoi les salariés de ces compagnies devraient-ils payer pour ce dont ils ne sont pas responsables ? Rien qu’en France, une dizaine de compagnies attendent encore que l’Etat prenne en compte leur situation laquelle se précarise de jour en jour.
Les décisionnaires politiques ont fait leur choix, celui-ci a des conséquences terribles pour le transport aérien, à eux à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de ce secteur d’activité vital pour l’économie.
Jean-Louis Baroux