[1]« Le virus Ebola, connu depuis les années 70, appartient à la famille des fièvres hémorragiques virales« , nous explique le docteur Guillaume Le Loup (photo), spécialisé dans les maladies infectieuses et la médecine tropicale. « Il se transmet d’abord de l’animal à l’homme. Son « réservoir » est très probablement formé par des chauves-souris qui vivent en milieu forestier et rural ».
De la chauve-souris, il peut être transmis à des mammifères, notamment aux singes. Le contact d’un homme par un animal infecté, lors de la chasse ou de la consommation de viande, crée les conditions d’une infection chez l’homme. Peut alors commencer la transmission interhumaine, à l’origine des épidémies observées en Afrique équatoriale et maintenant de l’ouest.
Cette transmission interhumaine s’effectue principalement par les liquides biologiques (le sang, les liquides digestifs et génitaux, la sueur, la salive, etc…), et plus rarement semble-t-il par l’intermédiaire d’objets souillés, en particulier des seringues et du linge. Ce sont donc les personnes en contact rapproché avec le malade, qu’il s’agisse de proches ou de soignants, qui sont principalement en situation de risque.
« Ce virus est responsable d’une maladie très grave associant une fièvre et des défaillances d’organes, avec une mortalité de l’ordre de 3 à 50 % aujourd’hui en Afrique« .
L’épidémie d’Ebola a fait 2.793 morts en Afrique de l’Ouest, sur 5.762 cas, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en date du 18 septembre. Le précédent bilan, arrêté au 14 septembre, faisait état de 2.630 morts, sur 5.357 cas.
Selon les projections de l’OMS, le nombre de cas d’Ebola pourrait tripler d’ici la fin de l’année, passant à 20 000 contaminations.
Il y a un risque réel d’extension sur le continent africain, d’autant plus que les mobilisations nationales et internationales ont tardé.
Aujourd’hui, l’épidémie progresse de manière exponentielle, surtout au Libéria, mais aussi, dans une moindre mesure, au Sierra Leone et en Guinée. Autour, il y a la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Mali…
En revanche, l’extension de l’épidémie aux pays occidentaux paraît aujourd’hui extrêmement peu probable, compte tenu des structures et des moyens sanitaires dont nous disposons au Nord.
On ne peut pas exclure que des personnes porteuses du virus rejoignent l’Europe ou les Etats-Unis, mais nos systèmes de santé sont a priori en mesure de les détecter, de les prendre en charge, et de prévenir une transmission en chaîne.
Il faut cependant rester vigilants, mobilisés et entraînés à ce type de situation en France, car l’épidémie d’Ebola n’a cessé de déjouer toutes les prévisions depuis l’hiver dernier.