Eoliennes, et si le bon sens l’emportait ?
28 décembre 2012 Richard Vainopoulos Aucun commentaire Chroniques baie de Saint Brieux, éoliennes, falaises d’Etretat, la Baule, Natura 2000 3394 vues
Jour après jour, le développement de l’éolien français rencontre une opposition croissante. Le mardi 18 décembre, après une forte mobilisation locale, le préfet de Loir-et-Cher a refusé d’autoriser l’implantation de onze éoliennes dans sa région.
Les arguments suivants ont été avancés : protection des habitants et de leur environnement, préservation du patrimoine historique et paysager, présence d’une zone Natura 2000 et proximité de la Loire, patrimoine de l’humanité. Ce dernier exemple, qui s’ajoute au cas emblématique du Mont Saint-Michel, révèle que rien n’est joué en matière d’éoliennes et que le débat ne fait que commencer.
Il faut être clair : les professionnels du tourisme ne s’opposent pas à la transition énergétique voulue par le gouvernement actuel. Ils militent simplement pour une meilleure répartition des éoliennes sur le territoire et notamment des éoliennes en mer.
Le projet d’implantation au large des côtes Atlantique et Normande entrainera une dégradation certaine de sites exceptionnels, tels que les falaises d’Etretat, les plages du débarquement, la Baule ou encore la baie de Saint Brieux, également classée Natura 2000. Cela représente une menace pour le tourisme, qui, il faut le rappeler, est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie française.
En effet, à l’heure à laquelle le taux de chômage national a dépassé la barre des 10 %, il peut sembler très incertain de mettre en péril une industrie qui représente plus d’1 million d’emplois direct et qui créé 2,4 % de la valeur ajoutée dans le PIB français. A titre de comparaison cela représente un montant de 41,6 Mds d’euros en 2010 contre 30 Mds pour le secteur de l’énergie.
De même, les 10 000 créations d’emplois avancées par les consortiums qui ont remportés les appels d’offre pour l’éolien en mer, doivent être comparées avec les 27 000 emplois créés en moyenne annuelle par le secteur touristique depuis une dizaine d’année.
Enfin on rappellera qu’en France le tourisme littoral représente 190 000 emplois directs, 8,5 % du total de l’emploi des cantons littoraux et 44 % de la valeur ajoutée de l’économie maritime. Il n’était pas inutile de rappeler ces quelques chiffres.
Pour finir, il n’est pas inintéressant d’observer les expériences étrangères en matière d’impact touristique des éoliennes offshores.
Les résultats parlent d’eux mêmes.
Une étude menée en 2008 par le gouvernement écossais, dont la région est fortement concentrée en installations d’éoliennes offshores, révèle que parmi les touristes sondés, 63 % ont dit préférer une vue sans éoliennes à partir de leur chambre d’hôtel. Pour les établissements dont les vues sont compromises, l’étude a conclu à une réduction de fréquentation de 4,9 % à 16,20 % et évalue la diminution nette de leurs revenus entre 0,48 % et 1,59 % respectivement.
Doit-on attendre que les éoliennes soient installées en France pour prendre conscience des dégâts causés à des sites exceptionnels ?
Il faut en appeler ici à la cohérence des pouvoirs publics qui ne peuvent soutenir que les activités touristiques « constituent un relais de croissance majeur et une source d’emplois essentiel» et permettre en même temps la dégradation de notre patrimoine naturel et culturel par l’installation massive d’éoliennes offshores sur des sites touristiques d’exception.
Tous ces arguments, je les ai avancés lors de mon audition par la Commission Nationale du Débat Public le mercredi 5 décembre.
Ses membres n’y ont pas été insensibles et souhaitent continuer le débat. Ce qui confirme que le bon sens peut l’emporter.
Richard Vainopoulos
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