J’avais l’intention, comme tout le monde actuellement, de vous parler du coronavirus, de sa nocivité, de sa traîtrise puisqu’il peut se transmettre en période d’incubation. De son extrême facilité à propager l’épidémie, puisqu’une seule personne contaminée en infecte en moyenne trois autres. C’est dans l’air du temps et il y a forcément matière à s’exprimer.
Mais, dans un surcroît de lucidité, me suis dit que je refusais d’être une personne de plus à hurler avec les loups. Un acteur supplémentaire qui estimait qu’il avait quelque chose de plus à rapporter sur cette grippe. Une maladie encore mal connue, mais une grippe quand même.
Je ne suis pas fondamentalement contre le principe de précaution, à condition, de ne pas rendre pas la société folle. Je refuse donc de participer à cette hystérie collective, qui consiste à jouer à se faire peur.
Je me suis dit qu’il fallait être philosophe, tendance Montesquieu. Sa philosophie se résume aux mots magiques : « je m’en fous. »
Alors, au bout de plus de 50 ans passés dans le monde du tourisme, j’ai vu beaucoup de choses, traversé bien des changements, affronté beaucoup d’aventures : des événements de mai 68, mon « baptême du feu » dans la profession, à l’industrialisation du tourisme (quel vilain mot), la dérégulation du transport aérien, la première guerre du Golfe qui a stoppé net l’essor du tourisme. Le 11 septembre 2001. Les épidémies de SRAS, le chikungunya, et déjà le virus de la grippe H1N1.
Cerise sur le gâteau, j’ai même été personnellement concerné lorsque j’ai géré, à plusieurs reprises, les conséquences de catastrophes aériennes importantes, qu’aux conséquences du tsunami un apprentissage force des gestions de crise. Et même à la retraite. Alors, stoïque, j’ai pris le parti d’ignorer tout ce qui ne dépend pas de moi.
Pour l’instant, je suis encore vivant et toujours passionné par ce métier.
Mon constat est clair : les agents de voyages sont des survivants qui ne devraient pas avoir trop peur d’un minuscule virus, tout aussi couronné soit-il.
Ils doivent s’accrocher, comme ils savent le faire depuis toujours. Écouter leurs clients, les rassurer, se rapprocher de leurs prestataires commerciaux pour trouver avec eux des arrangements, car tout le monde est dans le même bateau.
Il faut laisser le pessimisme à nos gouvernants. Ils semblent être intéressés par la gestion de cette opportune diversion.
Se focaliser sur les solutions possibles, pas sur les lamentations qui ne feront avancer personne. Il ne restera plus qu’à espérer que dans quelques semaines, le coronavirus ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Jusqu’au prochain aléa. La société est ainsi faite.
François Teyssier