Pourquoi il faut dé-diaboliser le tourisme en Iran ?
7 juillet 2016 François Teyssier Aucun commentaire Pays adp, aéroport Khomeiny, Hassan Rohani, Iran, National Tours, Pasdaran, Téhéran 7454 vues
Fasciné depuis toujours par l’Iran, c’est grâce à National Tours, un tour opérateur pionnier sur cette destination, que j’ai pu visiter cet étonnant pays. Mes découvertes ont largement dépassées mes espérances. Et je pense que la première chose utile à faire depuis l’ouverture de ce pays et la fin de l’embargo est de le dé-diaboliser aux yeux de l’opinion publique.
Peu de pays dans le monde ont eu une aussi mauvaise réputation que l’Iran
Depuis le 11 février 1979, date de l’accession au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, les autorités américaines vexées par le scénario des événements survenus ont soigneusement veillées à entretenir une défiance générale du pays. Durant toute cette période, les deux pays ont notamment accumulées un grand nombre de rancœurs.
Espérons que ce retour de l’Iran dans la communauté internationale marquera le début d’une nouvelle ère plus fraternelle.
J’étais pourtant parti de France avec les préjugés traditionnels qui nourrissaient l’occidental ignorant que j’étais. J’éprouvais même une crainte diffuse, pouvant s’apparenter à une légère forme de paranoïa. C’est donc avec le plus grand étonnement que j’ai constaté la réalité actuelle de ce pays.
Le voyage fut trop court à mon goût. Mais il me permit toutefois de découvrir les principales facettes de ce pays. En toute liberté et sans la moindre entrave officielle. Je ne remercierai donc jamais assez National Tours et ses dirigeants (Michel, Frédéric et Thierry).
Premier étonnement dès l’arrivée, le magnifique et moderne aéroport Khomeiny, conçu avec l’assistance technique d’ADP, avec une profusion de lumières de publicités.
Juste en face de la sortie, un hôtel du groupe Accor arborant les couleurs de la France.
Renseignement pris, il s’agit d’un hôtel officiellement construit par une chaîne hôtelière Turque. Depuis l’ouverture vers l’occident, seules les enseignes furent changées. L’embargo ne fut sans doute pas aussi hermétique qu’il aurait dût être.
Le transfert fut tout aussi édifiant. Premier constant, un réseau routier important et en parfait état. Beaucoup de voitures et des transports urbains qui paraissent en bon état. Un éclairage urbain performant, une signalétique routière efficace. Mais également des ouvrages d’art, des espaces arborés soigneusement entretenus. Bref, une grande ville moderne propre et bien urbanisée.
Bien loin des poncifs habituels des grandes capitales orientales. A mi-chemin entre l’aéroport et le centre de Téhéran se trouve le spectaculaire complexe du mausolée de l’ayatollah Khomeiny. Le premier rappel à la réalité de la révolution islamique.
A ce stade, il est important de dissocier le pouvoir religieux en place. Une théocratie peu visible au quotidien quoi que présente. Un régime voulu par une société iranienne traditionnellement religieuse. Pas tout à fait une démocratie selon la définition occidentale.
Mais un système politique accepté par la population et bien ancrée dans la vie du pays. En effet, 75 % de l’économie iranienne est contrôlée par les religieux et ses affidés. Pasdaran, les gardiens de la révolution islamique, en tête. Une élite paramilitaire invisible en réserve dans ses cantonnements. Au cas où… Autant d’outils pour la conservation du pouvoir.
Un constat qui démontre également tout l’intérêt évident que portent les religieux et les militaires aux choses de l’argent et à l’économie de marché.
L’argent n’est pas un tabou pour les religieux Chiites
Le pouvoir exécutif public est contrôlé par Hassan Rohani. Le président de la République islamique démocratiquement élu. Un homme moderne, un réformateur pragmatique qui se veut être efficace.
Dont l’une des ambitions affichée est de faire de l’Iran une grande destination touristique. Au point que c’est son vice-président qui est personnellement en charge du développement du tourisme Iranien. Un signe fort pour l’avenir du pays. Et les symboles sont toujours importants dans ce pays.
Il faut reconnaitre toutefois que sa situation reste fragile. Il est évident que l’Iran grâce au pétrole et au gaz a les moyens de ses ambitions. L’argent nécessaire aux investissements est bien là et les ressources touristiques et culturelles du pays sont réelles. Il est souhaitable pour tous qu’Hassan Rohani réussisse et que la communauté internationale l’aide à pérenniser ses projets en reconnaissant le retour du pays dans le concert des nations. Ce qui semble être actuellement le cas. Petit à petit tous les signaux deviennent positifs. Mais le temps est un handicap réel pour le pouvoir en place.
Et puis, il y a le peuple iranien : chaleureux, curieux de tout, amical, hospitalier et moderne. En tout cas dans les villes. Il faut rappeler que les 18/25 ans représentent 70% de la population. Des jeunes surdiplômés, fortement occidentalisés et débrouillards.
Le chômage est relativement important. Il atteint officiellement 11,8 % en moyenne
Quoi qu’il en soit, l’Iran ne devrait plus être le méchant que l’on aimait haïr. L’ennemi désigné pour combler le vide politique depuis la disparition de l’union soviétique. Bien au contraire, c’est un peuple attachant et ouvert digne d’intérêt.
En fait, le principal désagrément actuel semble être une bureaucratie tatillonne et frileuse des années soixante dotée d’une technologie du XXIe siècle. Dont les agissements, à défaut d’être graves, sont parfois irritants.
François Teyssier
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