Fermeture totale du ciel des Etats Unis, qui va payer ?
17 janvier 2023 Frédéric De Poligny Aucun commentaire À la une Etats Unis, FAA, Notam, Pete Buttigieg 4998 vues
On se souvient que mercredi dernier, le 11 janvier, la FAA, l’administration fédérale de l’aviation civile américaine, a ordonné à toutes les compagnies aériennes de clouer au sol immédiatement tous leurs avions. Cette interdiction qui a duré 3 heures de 6h à 9h du matin avant qu’elle ne soit levée, a créé une pagaille monstre dans les aéroports américains.
C’est la panne totale du système informatique fédéral, le NOTAM, qui veille à la sécurité des vols qui a obligé la FAA à prendre une décision aussi drastique. La dernière fois qu’une telle décision avait été prise à cette échelle, c’est lors des terribles événements du World Trade Center le 11 septembre 2011.
Cette suspension brutale des autorisations de vol a eu des conséquences très lourdes avec plus de 1.300 vols supprimés et plus de 10.000 vols retardés. Des millions de de passagers ont été sérieusement impactés à des degrés divers.
Les centres d’appel et les services clients des compagnies ont été vite saturés. Les passagers avec des correspondances internationales ont été particulièrement touchés.
Certains voyageurs qui devaient embarquer sur des navires de croisière le jour même ont vu leurs vacances tomber à l’eau car ils n’ont pas pu se présenter à temps à l’embarquement.
Face à cette panne dont la FAA n’a toujours pas annoncé l’origine, simple panne, obsolescence du système, attaque informatique ou erreur humaine, la plus importante association mondiale du monde aérien, l’APEX, qui regroupe la plupart des grandes compagnies aériennes, les aéroports et leurs fournisseurs, est monté au créneau et demande au gouvernement américain de faire face à ses responsabilités et au minimum d’indemniser les passagers lésés au même niveau que celui que ce même gouvernement impose aux compagnies aériennes quand ces dernières sont responsables de retard ou d’annulation.
Cette demande a été adressée directement au Département Américain du Transport, le DOT, à l’intention de son Secrétaire Général Pete Buttigieg qui pour son malheur avait twitté la veille, le mardi 10 janvier à l’intention des compagnies aériennes lorsqu’elles sont responsables de retard majeur ou d’annulation de vol, « Nous allons renforcer leurs obligations de rembourser les billets d’avion et de rembourser les frais annexes de réacheminent et de transport terrestre, les frais de bagages, de repas et d’hôtel ».
Le PDG d’Apex, Joe Leader, a aussitôt déclaré, « Le gouvernement américain doit s’astreindre au même niveau de responsabilité vis à vis des passagers que celui des compagnies aériennes qui ont déboursé des centaines de millions de dollars dans la protection des clients pour des retards et annulations non liés à des conditions météorologiques ». C’est la réponse du berger à la bergère ou le sketch de l’arroseur arrosé !
Pour assurer ces indemnisations, il suffirait au gouvernement américain de puiser dans les milliards de dollars de taxe prélevés chaque année sur les billets d’avion et qui ont été payés par les passagers.
Cela semble de bon conseil car les compagnies américaines ne semblent pas être d’accord pour prendre à leur charge des frais pour un problème dont elles ne sont absolument pas responsables.
Et au vu du système judiciaire américain et des possibilités de « class actions », il est vraisemblable que de nombreux avocats doivent se ruer pour prospecter du côté de ceux qui ont subi le plus de tracas.
Sans oublier que les compagnies aériennes elles-mêmes ont subi des pertes financières et des frais supplémentaires, et qu’elles vont sûrement envisager de poursuivre l’état qui est le grand responsable de cet état de fait.
Frédéric de Poligny
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