Séville c’est l’Andalousie emblématique. Elle en est d’ailleurs la capitale régionale. De rue en rue la tradition sévillane s’y exprime à cœur et à ciel ouverts. Ville chic et bourgeoise aux coutumes et aux conventions sociales tacitement codifiées et à la remarquable architecture.
A Séville le style régionaliste qui réinterprète les styles historiques de Séville est omniprésent : fer forgé très ouvragé aux balcons et aux grilles des immeuble masquant à demi les patios, maisons et places recouvertes de céramique azulejos de toutes couleurs, parcs, places et jardins ombragés aux arbres pluriséculaires. L’exposition ibéro-américaine de 1929 a transformé l’urbanisme de cette ville grâce, notamment à l’architecte Anibal Gonzàles, le baron Haussmann de Séville. On lui doit aussi un grand nombre de maisons de maître du centre-ville.
La mode vestimentaire semble accompagner ce décor néo-mauresque, néo-baroque et néo-gothique très homogène. Elle semble faite, elle aussi pour jouer avec le soleil et l’ombre. Dès le matin, les Sévillanes sont apprêtées, soigneusement coiffées et élégamment vêtues.
En parallèle, le grand nombre de boutiques proposant les spectaculaires robes de style flamenco, des éventails, des mantilles et bijoux baroques ne laisse aucun doute sur la permanence de la tradition.
Pour la Feria, organisée chaque année après la semaine sainte, mais aussi en toutes circonstances, il est de coutume, pour les femmes, de s’offrir une nouvelle robe longue à volants chaque année. Sans compter l’éventail, sans quoi une Sévillane ne mériterait pas d’être considérée comme telle. Ne pas oublier non plus la coutume quasi-sacrée du paseo, la promenade du soir à l’heure de l’apéritif où hommes comme femmes s’habillent aussi bien pour voir que pour être vus.
Séville, en image, ce serait en résumé une table conviviale à l’ombre d’un bigaradier ou d’un ficus géant, couverte de tapas, de vin, de jambon ibérique ; mais aussi des danseurs de flamenco, un éventail et une Vierge en pleurs, image omniprésente de la Macarena, vénérée dans cette ville et
supposée protéger les toreros en particulier.
La trilogie touristique s’impose à tout visiteur venant pour la première fois : l’immense Cathédrale et son minaret magnifiquement sculpté, la Giralda, devenu clocher lorsque la cathédrale s’est édifiée sur le lieux de l’ancienne mosquée, l’Alcazar, demeure royale et ses somptueux jardins et la Plaza d’Espana.
Cette place, comme de nombreux et riches bâtiments alentour datent de l’exposition hispano-américaine de 1929. Mais hormis ces trois incontournables, il y a beaucoup à voir à Séville qu’il est conseillé de parcourir à pieds pour profiter de l’harmonie d’une ville mariée à l’été.
D’innombrables églises de style Mudejar, baroque ou gothique bordent les rues dans tous les quartiers.
Le sens de la fiesta
La fiesta fait autant partie de l’esprit sévillan que son architecture ou le flamenco. La plupart des fêtes prennent source dans une fête religieuse catholique mais la plus célèbre d’entre elles est sans nul doute la Feria de Abril et avant elle, si l’on peut la compter au rang d’une fête, la Semana Santa (semaine sainte) avec ses spectaculaires processions. Les fêtes du printemps sont extrêmement populaires et très fréquentées. La Feria existe depuis 1847 et se déploie dans toute la ville mais plus particulièrement sur le Real de la Feria avec ses cabanes colorées et illuminées où on mange, boit, danse, d’où l’on admire le défilé équestre et participe aux corridas.
En période de fiesta ou non, c’est une ville qui se découvre idéalement avec un guide local. Non seulement il pourra vous en dire plus sur les coutumes familiales et sociales mais il saura vous faire découvrir de nombreuses pépites cachées, comme ce cinquième descendant d’une famille de facteurs de cloches dont les fils travaillent actuellement sur celles de Notre-Dame de Paris.
Il vous fera découvrir aussi de petites places ombragées et silencieuses à quelques mètres seulement de la zone où des blocs de touristes suivent le fanion d’un guide pour groupes.
Avec un peu plus de temps vous serez ravis de découvrir le site archéologique romain d’Italica et ses mosaïques ou le quartier trop peu fréquenté des pavillons de l’Exposition Universelle qui s’était tenue à Séville en 1992. Outre ses belles architectures contemporaines, essentiellement occupées désormais par des entreprises publiques ou privées, il mérite le détour ne serait-ce que pour y visiter le monastère Santa Maria de Las Cuevas datant du XVème siècle sur l’île de la Cartuja, une Chartreuse transformée en Centre andalou d’art contemporain.
Et puis, bien sûr, vous sacrifierez au rituel des tapas, des soirées animées, d’une tournée dans des bars de flamenco dans le quartier de Triana. S’il est d’usage de dire « à Rome fais comme les Romains », ici adaptez-vous aux horaires du pays : n’espérez pas déjeuner à 12h30, c’est juste l’heure où finit le petit déjeuner….
Evelyne Dreyfus
Photos : Eric Beracassat