L’enquête sur un trou de plusieurs dizaines de millions d’euros dans les comptes de Nouvelles Frontières est bouclée et l’ancien patron Jean-Marc Siano ainsi que l’ex-directeur financier Patrick Lebufnoir vont être jugés en correctionnelle.
Ils sont accusés d’avoir manipulé des bilans comptables de leur propre entreprise.
La brigade financière a ainsi perquisitionné mardi au siège du voyagiste TUI France, à Levallois-Perret.
«Le tribunal m’a appelé vendredi pour me dire que Jean-Marc Siano et Patrick Lebufnoir allaient être jugés pour présentation frauduleuse de bilan», a déclaré Jorge Partida, l’ancien secrétaire du Comité d’entreprise de Nouvelles Frontières, qui s’était porté partie civile dans cette affaire.
Selon une source judiciaire, l’enquête est close et l’affaire sera jugée prochainement devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Elle n’a pas donné le détail des faits précisément reprochés aux anciens dirigeants du groupe.
Il semble également que des irrégularités aient été constatées lors de la fusion avec le groupe Marmara, début 2012. L’enquête suit son cours.
Christophe Llorca, l’avocat de Jean-Marc Siano, qui regrette de ne toujours pas avoir accès au dossier, indique que son client n’est « pas responsable de ce trou dans les comptes et qu’aucun détournement n’est reproché à mon client qui n’a pas détourné un euro de l’entreprise »
La justice avait été alertée d’irrégularités dans les comptes du groupe sur plusieurs exercices sous l’égide de M. Siano (qui a dirigé NF de 2006 à fin mai 2011), en juillet 2011 par les commissaires aux comptes du cabinet PricewaterhouseCoopers .
Cette déclaration avait été faite au titre de l’article 40 du Code pénal, qui les contraint à signaler tout soupçon de délit dans la présentation et l’élaboration des comptes d’une société.
Le successeur de Jean-Marc Siano, Pascal de Izaguirre, actuel patron du groupe TUI France qui chapeaute Nouvelles Frontières, avait lui aussi écrit un courrier d’alerte à la justice, après son arrivée à ce poste en juin 2011. La brigade financière avait diligenté une enquête, qui aura finalement duré plus de deux ans.
La dénonciation du cabinet PwC portait sur un montant de 34 millions d’euros en 2008 et 2009, avait indiqué début 2012 le parquet de Bobigny, compétent parce que le siège de Nouvelles Frontières se trouvait alors à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Jorge Partida avait même à l’époque évoqué des «erreurs comptables» d’un montant beaucoup plus important sur trois exercices, en citant le propre audit mandaté par le Comité d’entreprise. Il a exprimé sa grande satisfaction de voir l’enquête aboutir à un renvoi devant le tribunal, dans un mail diffusé à des salariés du groupe TUI France.
Avec l’AFP