Depuis Hier 26 juin, Jet Airways décolle tous les jours pour Bombay au départ de CDG T2C.
Emmanuel Menu, Vice Président Europe Continentale, USA et Canada de Jet Airways, revient sur les raisons qui ont motivé cette implantation.
La Quotidienne : Avec ce 1er vol direct Paris Bombay, vous vous implantez en quotidien sur Paris. Quelles sont vos perspectives ?
Emmanuel Menu : Nos vols directs, ceux du soir en particulier, permettent de nombreuses correspondances, aussi bien à Bombay, où nous proposons 52 destinations domestiques, qu’à CDG T2C, où le codeshare d’Air France nous ouvre Marseille, Lyon, Toulouse, Nice et 19 destinations européennes. Ils nous permettent également de travailler sur les deux marchés à la fois : affaires, d’abord, en proposant la capitale économique de l’Inde aux entreprises françaises qui y sont déjà bien représentées ; loisirs ensuite, car le TO gagne une nuit au départ et peut la reporter en fin de séjour.
Tant que nous étions « off line », nous préférions rester en sourdine sur ce segment mais nous allons désormais le travailler auprès les producteurs français.
D’après nos premiers contacts, nous devrions dès cet hiver intégrer leur programmation.
Tactiquement, c’est ce que nous avons fait sur Bruxelles en commençant par le trafic affaire et les diamantaires, avant de développer le tourisme.
Cela étant, nous ne partons pas de rien. La France, avec son CA 2013 de 20 M€, est notre 3ème marché européen, derrière le Royaume-Uni et le Bénélux.
Dans le sens inverse, la destination est de plus en plus appréciée par une classe moyenne indienne qui, dans sa grande majorité, a déjà visité Londres.
[1]Juste deux chiffres : cette classe moyenne pèse environ 400 M de personnes ; et chaque année l’Inde exporte 20 M de touristes à l’étranger quand elle n’en accueille que 6 M. Dernier indice intéressant, le trafic domestique indien croit en moyenne de 10 % par an.
C’est donc un marché à fort potentiel pour lequel il faut certainement renforcer l’équipe de Michel Simiaut.
[2]Une utilisation intensive des avions
L. Q. : Jet Airways se sort plutôt bien des difficultés que connaît encore le transport aérien indien. Comment l’expliquez-vous ?
E. M. : C’est surtout le domestique qui souffre… Contrairement à ce que l’on croit, tout n’est pas bon marché en Inde.
Dans l’aérien, justement, les coûts opérationnels sont très élevés. Les taxes sur le fuel, par exemple, varient d’un état à l’autre, mais en règle générale, elles sont très lourdes ; et puis les aéroports sont également très chers.
En ce qui concerne Jet Airways, le trafic international est rentable tandis que le domestique reste un réel challenge. Pour y répondre efficacement, nous avons d’abord travaillé beaucoup sur l’utilisation de nos appareils. En « heure block » un B737 tourne environ 13 heures sur 24, en cumulant du vol domestique le jour, et du vol régional, la nuit, sur Abu Dhabi notamment ou Bangkok.
Pour l’international, nos A330 et nos B777 tournent en moyenne 18h20 sur 24, et cette utilisation intensive apporte en toute sécurité une valeur supplémentaire à notre réseau domestique.
L’offre « low cost » augmentant, nous avons aussi retiré des capacités sur les destinations domestiques non rentables pour les reporter sur le marché régional où les B737 nous autorisent de nombreuses destinations du Sud-Est asiatique.
Dans le même temps, nous avons également densifié les cabines de notre « low cost », Jet Konnect. Enfin, dans le transport aérien, les coûts sont surtout en US$.
Depuis 2004, nous avons donc tout fait pour équilibrer nos recettes entre le domestique et l’international.
Cet objectif est désormais atteint, avec des recettes internationales qui pèsent environ 35 % de nos ventes mais 55 % de notre revenu total. Au passage, cela nous permet aussi de réduire le risque d’un effet de change négatif ; et ce n’est pas négligeable bien sûr.
[3]Jet Airways, 3ème transporteur européen en nombre de sièges offerts
L. Q. : L’entrée d’Etihad au capital de Jet Airways a sûrement compté aussi. Est-ce une opération défensive ?
E. M. : Non ; c’est surtout offensif car Etihad rentre parfaitement dans notre stratégie de développement qui s’appuie sur deux axes.
D’abord le développement de notre hub de Bombay, où nous sommes déjà le principal transporteur ; les deux vols quotidiens que nous lançons depuis Paris en sont l’illustration, d’autant plus qu’avec eux, nous devenons en nombre de sièges offerts, le 3ème transporteur européen, derrière British et Lufthansa, à relier l’Europe et l’Inde en direct.
Ensuite, le développement de notre hub d’Abu Dhabi, à partir duquel nous offrons depuis le début de l’année 2014 des vols quotidiens sur 6 des 10 principales métropoles indiennes : Chennai (Madras), Bangalore, Hyderabad, Cochin, Delhi et Bombay, en attendant Calcutta et les autres…
Au fur et à mesure que nous récupérerons les B777 loués à la Turkish Airlines, nous allons aussi ouvrir des routes transatlantiques en vols quotidiens sous notre propre code. Nous n’attendons plus que les dernières autorisations gouvernementales.
J’ajouterai que le hub d’Etihad, à Abu Dhabi, nous permet d’offrir aux passagers français, pour un même tarif, une flexibilité de routes et d’horaires très confortable.
Propos recueillis par Didier Lépine