Une styliste de mode anglaise de 33 ans risque d’être interdite à vie de voyager sur les lignes de British Airways. Au motif d’avoir eu une discussion, sans doute en peu trop houleuse, avec le personnel de cabine qui lui faisait remarquer qu’elle se levait trop souvent de son siège. Le ton monta quand elle rétorqua qu’elle voulait simplement étendre ses jambes.
Bridget Nhire, la styliste incriminée, voyageait sur un vol qui reliait Londres à Dubaï. Elle déclara à la presse que le personnel de la compagnie avait surréagit à la suite d’une discussion qu’elle pensait être normale.
[1]Elle précisa que la conversation s’était envenimée après que son voisin de siège se soit plaint qu’elle se levait trop fréquemment.
Ce dernier lui intima de rester assise. Elle rétorqua qu’elle pensait avoir le droit de se lever et de marcher dans l’allée centrale pour le bien de sa santé. La peur du syndrome de la classe économique je suppose ?
C’est à partir de cet échange jusque là assez anodin que se produisit une escale verbale.
Elle précisa que : « Le personnel de cabine me demanda de changer de place et m’asseoir à l’avant. Il ajouta que je devenais agressive, car j’avais trop consommé d’alcool. »
« J’avais bien pris deux verres de vin pendant le repas, mais je n’étais pas ivre » répondit-elle.
Alors, ils m’attachèrent de force sur le siège. Ils me lièrent les poignets avec des menottes en plastique. Au point de me faire des contusions.
« Mlle Nhire chercher à obtenir un dédommagement de 350£ après que British Airways ait prétendument refusé l’assurer le retour en Grande Bretagne. » Un dédommagement aussi faible, à quel titre ? Peut-être le remboursement du vol de retour ?
Un porte-parole de la compagnie précisa qu’il ne souhaitait s’étendre sur un cas individuel et fit remarquer que « les clients de British Airways et l’équipage aspirent à voyager tranquillement à bord de nos vols. Ils ne veulent pas subir ce type de perturbation. » Ce qui est certainement vrai.
« Pour l’instant, nous ne voulons pas prendre la décision définitive de l’interdire à vie à bord de nos vols avant d’avoir initié une enquête approfondie. »
Pour clore ce discours British Airways précisa : « Qu’il existait une possibilité d’appel en cas de sanction d’interdiction à vie et que des avoirs concernant les éventuels remboursements émis resteraient valides sur la compagnie jusqu’au moment où la sentence de bannissement serait prononcée définitivement. » Donc, la cassation n’est pas possible dans cette parodie de justice.
Que dire ? Le comportement de la passagère fut sans doute beaucoup plus virulent et moins anodin qu’elle veut bien l’expliquer à la presse. Elle se pose clairement en victime.
De son côté, la compagnie s’érige en justicier. Elle fait la police, rend des sanctions, crée ses propres lois rend des décisions, avec un barème de sanctions et des règles. Un ersatz de justice.
Ce qui me semble contestable. En fait, la situation est simple, soit il y a eu un comportement déviant et potentiellement dangereux pour la sécurité de l’avion de la passagère. Auquel cas il fallait la remettre à la justice compétente et lui laisser faire son travail.
Ce qui est le plus étonnant c’est le mélange détonnant d’incivilité et l’absence de patience et se sens commercial des parties.
Et pendant ce temps, British Airways gère le cas d’un pilote de British Airways qui fut inculpé d’avoir abusé sexuellement plusieurs jeunes filles âgées de 5 à 13 ans. Dans des orphelinats et des écoles au cours d’escales en Uganda, en Tanzanie ainsi qu’au Kenya.
Il avait abusé de ses victimes entre 2003 et 2013 alors qu’il participait à des opérations caritatives en Afrique de l’Est. Plusieurs inculpations lui avaient été signifiées pour actes de pédophilie et possession d’images pornographiques de mineurs. Le pilote s’est jeté sous un train 11 jours avant de comparaître en justice.
L’affaire pourrait sembler être close, sauf que… la compagnie British Airways, sans doute soucieuse de préserver son image, a négociée des accords financiers avec les familles des enfants abusés dont elle se refuse à révéler le montant. En prenant soin de préciser que ces paiements n’étaient en aucun cas une quelconque reconnaissance de responsabilité de sa part.
C’en quoi, le représentant légal de plusieurs victimes déclara que la responsabilité de la compagnie était bien engagée. Car les abus avaient eu lieu dans le cadre de l’activité du pilote au sein de la compagnie.
Donc, pour British Airways il y a justice et justice. Celle que la compagnie semble vouloir rendre elle-même vis-à-vis de ses passagers et celle qu’elle gère, avec un certain cynisme, lorsqu’elle semble être directement concernée.
Deux poids et deux mesures.
François Teyssier