L’association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST) a tenu à « remettre les pendules à leurs places » en organisant hier midi un point presse par vidéo conférence. Au programme, résultats financiers, point sur le séisme Thomas Cook, rapprochement avec la Maïf, bilan et perspectives dans l’environnement toujours troublé par la crise sanitaire actuelle.
Les interlocuteurs présents : Alix Philipon, la présidente, Emmanuel Toromanof, Secrétaire général et Michelle Laget-Herbaut, la trésorière de l’association.
D’emblée la présidente Alix Philipon, confortée dans ses fonctions à l’unanimité par le conseil d’administration, a dressé un constat général plutôt pessimiste du fait d’une reprise d’activité touristique très faible (quelques réservations pour l’automne et 2021, notamment pour des groupes) et nulle concernant les séjours linguistiques et éducatifs.
L’activité agence traditionnelle tourisme et voyages d’affaires est de 20 % à de ce qu’elle était à la même période l’année dernière.
En revanche l’activité dans les agences en ligne est de l’ordre de 40 à 50 %, les clients ayant pris l’habitude pendant le confinement à faire des achats en ligne. Le niveau d’activité de 2019 ne devrait pas revenir avant 2022/023 voire 2024.
Rapprochement avec la Maïf (Mutuelle d’Assurance Automobile des Instituteurs de France)
Les administrateurs de l’ APST ont râlé car ils ont appris par La Quotidienne, dès le 10 août dernier, (www.laquotidienne.fr/lapst-dans-la-tourmente [1]) les négociations avec la MAÏF.
Depuis début mars 2020, les discussions ont porté sur un partenariat (et non une cession de fonds de commerce) où l’ Apst commercialisera un contrat de garantie, réservé aux seuls adhérents, via une société de courtage (filiale que l’ Apst devra créer) pour rester dans les mêmes barèmes tarifaires actuels favorables aux jeunes entrepreneurs. Les adhérents pourraient devenir associés dans cette société de courtage et l’Apst ne porterai plus le risque assurentiel (souhait impératif de l’état). « Nous sommes toujours en pourparlers, rien n’est signé pour l’instant avec la MAÏF » indique la présidente.
Vente de l’immeuble de l’Avenue Carnot
L’ Apst, après de très nombreuses discussions avec l’état (DGE, ministère, etc..), a demandé une garantie pour un prêt (150 millions d’euros) pour pouvoir faire face aux futures défaillances liées au Covid-19.
Pour rembourser ses dettes, l’ Apst envisage ainsi la création d’un fonds de réserve et de solidarité où le consommateur s’acquitterai, sur chacune des factures, d’un montant de 0,5 % collecté via l’agent de voyage.
Cette contribution de solidarité, (qui pourrait rapporter quelques 20 millions d’euros chaque année) est d’ailleurs utilisé depuis les années 80 par certains pays de l’Union européenne.
La vente de l’immeuble Avenue Carnot a été plus que vivement recommandé par les pouvoirs publics (Bercy, le trésor, la DGE). Acceptée le 18 mars dernier par le conseil d’administration, la décision de vendre a été confirmée hier 2 septembre par ce même conseil d’administration. Le prix fixé pour l’immeuble est de 21 million d’euros (il reste encore 6,7 million à rembourser).
L’association cherche d’ores et déjà de nouveaux locaux, en location, dans Paris ou proche banlieue.
Conséquences faillite Thomas Cook
La bonne gestion de la présidente actuelle, rendons à César ce qui lui appartient, a permis de passer le séisme Thomas Cook.
Au total c’est presque 54 000 clients qui ont été impactés par la faillite du géant anglais. Il reste 9 300 dossiers en denier à traiter dont 28 % de ces dossiers qui sont complets. L’ Apst devra payer entre 10 et 13 millions d’euros le jour où l’état des créances sera déposé par le liquidateur de Thomas Cook.
Le dossier Thomas Cook aura mobilisé énormément de ressources au sein de l’ APST et considérablement affaibli financièrement l’association. Le fonds de garantie notamment, passé de 23 million en 2018 à 28 million d’euros en juin 2019, est désormais négatif.
Des bonnes nouvelles néanmoins
La faillite de Thomas Cook n’aura heureusement pas entraîné de défaillances chez les distributeurs, comme on aurait pu le penser.
Sur les 6 premiers mois de l’année, au niveau des accords d’adhésion, l’ Apst en a délivré 131, une bonne surprise en cette période de crise sanitaire.
A la fin du premier semestre, le nombre d’adhérents est de 3 750 soit légèrement moins qu’en 2019 à la même période.
L’avenir
L’ Apst ne va pas disparaître mais ne portera plus le risque assurentiel. Elle ne répond plus, depuis la fin de l’année dernière, aux normes de solvabilité imposées par Bercy, vu l’état de ses capitaux propres.
En cas de défaillance d’un important acteur touristique (TUI?), si l’association n’obtient pas la garantie de l’état, elle ne pourrait faire face.
Les audits réalisés en 2019 et début 2020 par les cabinets Aca Nexia et Exton sur l’organisation et la gouvernance de l’APST permettant ainsi de déterminer les axes d’améliorations et les objectifs à atteindre et notamment la création d’un Comité des Risques composé de 3 spécialistes :
– 1 assureur
– 1 banquier
– 1 audit et expertise comptable
– Et 1 avis métier (consultatif).
L’objectif est de constituer ce Comité pour début septembre 2020. Alix Philipon indique avoir déjà rencontré des personnes qui pourraient le composer. Bien entendu, elle est à l’écoute de toute suggestion formulée par les administrateurs. Ce Comité étudiera dans un premier temps les plus gros risques (environ 50) et ensuite les risques supérieurs à 3 M€.
Après délibération, les administrateurs ont approuvé à l’unanimité la création de ce Comité des Risques.
PR