La chronique de JLB : Le retour des controleurs aériens


Alors, voilà, les contrôleurs de la navigation aérienne ont remis cela avec un préavis de grève pour les 2 et 3 avril.
La CFDT, la CGT et l’UNSA protestent contre l’éventuelle diminution des effectifs sur les aéroports de Mulhouse, Biarritz, Metz/Nancy et Beauvais. Notons que l’on ne parle pas de licenciements, ni de délocalisations immédiates, mais d’une réorganisation de certains services afin de les rendre plus performants.
Oui mais les contrôleurs ne l’entendent pas de cette oreille. Ils dénoncent le risque de dizaines d’emplois menacés, et le fait que cette restructuration ne fasse « peser de lourdes menaces sur les conditions de travail des agents en organisant le sous-effectif ».
Encore une fois, il faut que la collectivité dans son ensemble se fasse pénaliser pour protéger des conditions de travail de personnes dont le manque de productivité a été dénoncé par les plus hautes autorités à commencer par la Cour des Comptes. Alors, par voie de conséquences, la DGAC a demandé aux compagnies aériennes d’abattre 20 % de leur programme d’exploitation pendant ces deux jours.
Mais qui s’occupe des conditions économiques de ces mêmes compagnies ? Qui se préoccupe des inconvénients causés aux passagers dont la plupart voyagent non pas pour leur plaisir mais pour faire des affaires, autrement dit pour nourrir l’activité économique, et quand bien même voyageraient-ils pour leur plaisir, pourquoi les pénaliser ?
Cette profession a été trop longtemps, trop protégée sous le prétexte de sécurité. « Ne touchez pas à nos privilèges car la sécurité du transport aérien aurait à en souffrir ». Quel chantage odieux.
Autrement dit, si vous nous embêtez nous ne pourrons plus garantir un niveau de sécurité suffisant, sous-entendu, s’il y a des morts, pourquoi pas, ce sera de la faute de ceux qui veulent nous faire évoluer.
Petites questions. En quoi la diminution des effectifs mettrait-il en cause la sécurité du transport aérien ?
Pour autant que je sache, le contrôle aérien français est l’un des moins performants au monde si on se réfère tout bêtement au nombre de passagers contrôlés par an et par contrôleur : 29.000 en France contre 75.000 aux Etats Unis, 90.000 en Allemagne et 110.000 en Grande Bretagne.
Je n’ai pas entendu dire que la sécurité était moins assurée dans ces pays.
Pourquoi la Révision Générale des Politiques Publiques qui consiste pour l’essentiel à ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite, ne s’appliquerait-elle pas à ce secteur d’activité, comme à tous les autres ?
Pourquoi faudrait-il demander des efforts à toutes les couches de population, à tous les fonctionnaires, à tous les contribuables et surtout pas aux contrôleurs aériens ? Sur quels critères objectifs s’appuyer pour justifier une telle exception ? Tout cela n’a que trop duré.
Qui paie ces salariés-là si ce ne sont les compagnies aériennes et par conséquent les passagers ? Pourquoi n’ont-ils pas le respect minimum pour ceux qui les font vivre ? Sans doute parce que, pendant longtemps, trop longtemps, les autorités de tutelle ne se sont pas faites obéir.
Elles ont systématiquement accepté les diktats de syndicalistes dont le seul but était d’obtenir encore plus d’avantages pour leurs mandants… afin de se faire réélire.
Le contrôle aérien est un service essentiel non seulement pour la Nation, mais pour une grande partie du transport aérien européen et international qui transite par notre territoire. Ce service doit rendre une prestation sans faille et sans interruption. Il doit certes être payé convenablement, mais ceci est le cas depuis longtemps à tel point que les revendications ne portent plus sur les salaires, en fait depuis que les contrôleurs se sont faire surclasser au rang d’ingénieurs et ont par conséquent obtenu les indices de rémunération correspondants.
On pourrait penser que ces ingénieurs, conscients de leur valeur et de leur importance dans les rouages du transport aérien, auraient une conscience élevée de leur fonction et auraient à cœur de délivrer le meilleur service. Il est triste de constater qu’il n’en est rien.

Alors, certes, les grévistes courent moins de risques que leurs collègues du secteur privé. Ils sont fonctionnaires et protégés par leur statut.
Il est de plus extrêmement peu probable que le contrôle aérien français fasse faillite, par conséquent ces messieurs-dames peuvent à loisir continuer leur petit jeu du « toujours plus ».
Jusqu’au jour où un Président de la République à poigne règlera la question, comme Ronald Reagan l’a fait en son temps aux Etats Unis. Avant d’en arriver à de telles extrémités, les contrôleurs aériens devraient bien se mettre, comme tous les Français, au temps de l’effort.

Jean-Louis BAROUX





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