L’avenir du tourisme, c’est la croisière !
Ça a l’air d’une galéjade comme ça, mais on pourrait presque la prendre au sérieux tellement les scores du secteur sont à rebours des résultats du tourisme terrestre.
Rien qu’en France, selon les chiffres de Clia dont le bureau France est photographié ci-dessus, la fréquentation 2014 est en hausse de 14 % sur celle de 2013, avec 593 000 passagers (+ 71 000).
Qui plus est, sur les 5 dernières années, cette hausse a été continue, à 11,4 % de moyenne par an.
La France est ainsi devenu le 4 ème marché européen, devant l’Espagne, et derrière l’Italie.
Pour faire bonne mesure, ce phénomène ne touche pas que notre beau pays ; l’Allemagne par exemple en profite aussi et progresse de 5 % entre 2014 et 2013, et de 9 % depuis 2010.
En fait, en dépit de la crise économique, il touche presque tout le monde en Europe (+0,5 %), avec une progression de 44 % du nombre de passagers depuis 2009
Seules l’Italie, l’Espagne et Îles britanniques chutent respectivement de 3, 1%, de 4, 5% et de 4, 8 % entre 2014 et 2013.
Pour ces deux 1ers pays, il semble que la baisse du pouvoir d’achat y soit pour quelque chose ; pour le 3ème, ce serait plutôt la conséquence d’une baisse ponctuelle de l’offre et des capacités.
Nonobstant ces 3 exceptions, la croisière surfe sur le succès un peu partout dans le monde, aux USA et en Asie en particulier.
Et ce n’est pas près de s’arrêter, vu le taux de pénétration encore relativement faible du produit. En France, par exemple, il pointe à peine à 1 % ; en Allemagne à 1,7 % et aux USA, un marché déjà plus mur, il « caracole » à 3,2 %…
C’est dire s’il y a de la marge…
Les armateurs en sont d’ailleurs convaincus. D’ici 2020, ils ont programmé la livraison de 33 nouveaux navires. Cela représente environ 24,6 Mds US$ d’investissements dont les 3 grands chantiers maritimes européens, STX et Fincantieri notamment, profitent quasiment en exclusivité.
Alors pourquoi ces performances ?
Sans doute parce que les croisiéristes ont des capacités d’investissements, industrielles et marketing que n’ont pas leurs concurrents terrestres.
Cela leur a permis de diversifier très largement leur offre, en gamme et en typologie de produits.
Ils ont pu également reconstruire totalement leur image et passer du « formel chic élitiste » au « décontracté familiale populaire » en proposant de plus en plus d’animations, de services et d’expériences individuelles à bord.
L’innovation technologique ne leur a pas échappé non plus, avec toutes ses conséquences sur l’ouverture de nouveaux itinéraires par exemple, ou sur l’intégration d’animations de plus en plus spectaculaires, sur la conception des espaces communs et des cabines
Rappelons-nous : voici 15 ans à peine, combien de navires proposaient-ils un balcon au plus grand nombre de leur passagers ?
Mais pour investir autant et pendant si longtemps, il faut avoir aussi une vision à long terme, au moins sur 10-15 ans, voire plus, et prendre des risques lourds en tenant compte de l’évolution potentielle des infrastructures disponibles.
Et il faut avoir une foi en béton dans son concept pour s’engager de telle façon.
Parce qu’en fin de compte, tout repose sur le produit…
A cet égard, la croisière a de nombreuses cartes en main.
S’il n’y avait que la variété des navires, des itinéraires, des escales ou des excursions… s’il n’y avait aussi que le « tout compris » et la richesse des animations…
Non, tout change tout le temps dans une croisière, la lumière du matin, celle du soir, le paysage marin comme les côtes, et tout vous vient sans effort… les moments culturels, les temps festifs ou plus romantiques, les instants calmes et intimes ou plus conviviaux.
Aucun choix n’implique un sacrifice ; tout au plus on repousse d’une heure, d’un jour : c’est si simple.
Combien de temps faut-il, à Barcelone, à Palma, à Venise ou à La Valette pour débarquer individuellement et rejoindre le centre-ville ?
Et chaque jour apporte une opportunité nouvelle, avec une ville différente, une architecture différente, des paysages, des sons, des odeurs et un soleil différents.
Indiscutablement, pour le consommateur d’aujourd’hui, qui exige pour chaque de sa vie toujours plus de nouveautés et de surprises, le tout à portée de main, comme à la FNAC, dans un supermarché ou sur internet, la croisière est vraiment un produit d’avenir.
Bertrand Figuier