Pour la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT), « malgré une démarche apparente de rationalisation des choix, la commission Mobilité 21 n’a examiné les projets qu’au cas par cas, sans dégager une vision globale « .
Elle a manqué d’ambition en ignorant les possibilités offertes par la fiscalité écologique, pourtant exploitée avec succès par nos voisins suisses.
Enfin, tout en rappelant la nécessité d’une « transition écologique et énergétique », elle a retenu des projets routiers pléthoriques : la situation énergétique et environnementale exigeait une véritable priorité au rail et non un blocage des investissements ferroviaires, grande vitesse et fret, à un niveau insuffisant.
La FNAUT approuve néanmoins plusieurs aspects des propositions de la commission Mobilité 21 : la hiérarchisation des projets, totalement absente du Schéma National d’Infrastructures de Transport publié par le gouvernement Fillon ; l’attention portée à la modernisation des infrastructures existantes, à la prévention de la saturation des grandes gares ferroviaires et de l’axe Paris-Mantes, et à l’amélioration indispensable de la desserte des ports ; l’élimination, par « report à un horizon lointain », d’un certain nombre de projets inutiles, voire fantaisistes : autoroute A51 Grenoble-Sisteron, LGV Poitiers-Limoges, canal Saône-Moselle, « barreau ferroviaire est-ouest » Lyon-Limoges…
La FNAUT regrette cependant que la commission se soit essentiellement fondée sur une dépense de 8 à 10 milliards d’euros d’ici 2030 (scénario 1) et n’ait pas envisagé une extension des moyens financiers disponibles. Or il suffirait d’une hausse d’un centime par litre des taxes sur le diesel pour passer à une dépense de 26-28 milliards (scénario 2) permettant de retenir des projets justifiés par l’importance des métropoles à desservir et les effets des transferts modaux attendus.
Les priorités de la commission dans le cadre de ce scénario 2 sont très contestables : La commission retient, sous prétexte de désenclavement, un grand nombre de projets autoroutiers qui s’ajouteraient aux projets très coûteux de modernisations d’itinéraires routiers (PDMI). Mais qui peut encore croire qu’une autoroute va garantir le développement local ?
Le maintien des projets A45, A31-bis et des grands contournements de Strasbourg, Lyon,… est aberrant : si les routes et autoroutes existantes sont engorgées, c’est par un trafic de proximité qui ne pourra être absorbé que par des transports collectifs ferroviaires et routiers plus efficaces.
Seule la LGV Bordeaux-Toulouse est envisagée. Ce choix prioritaire est judicieux. Mais il est très regrettable que le projet POCL soit reporté malgré sa double fonction de doublement de la LGV Paris-Lyon, dont la saturation est prévue dès 2030, et de desserte du centre de la France.
La commission a manqué d’une vision « réseau » en ignorant la possibilité de créer à moindre coût, à partir du POCL, des transversales performantes Lyon-Rennes/Nantes et Lyon-Strasbourg. Le report de la VFCEA, opération exemplaire de maillage du réseau ferré, est incompréhensible.