C’est depuis Athènes et par téléphone que Harry Theoharis, le Ministre Grec du Tourisme, a accordé une longue interview à La Quotidienne pour parler des possibilités de voir son pays rouvrir ses portes pour accueillir des touristes européens dès cet été. Pour lui tous les signaux sont au vert et si tout se passe bien, un début de saison est envisageable vers le 1er juillet et une montée en puissance pour les mois d’août et septembre, car la Grèce possède un atout majeur en dehors de son ciel azur et de ses eaux bleues, c’est un des pays en Europe qui a le mieux résisté à la pandémie du coronavirus. Moins de 3.000 contaminations et seulement 146 morts.
Pour Harry Theoharis, deux obstacles principaux se dressent encore sur cette route, et comme tout le gouvernement grec, le Ministre travaille avec les institutions européennes pour trouver des solutions à l’échelle de l’Union Européenne. Le premier et le plus évident problème est la réouverture des lignes aériennes internationales à l’intérieur de l’Europe, soit pour tous les pays de l’UE soit pour ceux qui le souhaitent.
La Grèce a déjà pris langue avec ceux qui ont été les moins touchés par la crise et qui souhaitent eux aussi rouvrir leurs lignes aériennes au plus vite pour remettre à flot leur économie touristique (Danemark, République Tchèque, Autriche, Chypre, plus Israël auxquels se sont joints Australie et Nouvelle Zélande).
Le deuxième point et qui lui aussi est d’importance, est l’élaboration d’un système de contrôle sanitaire commun à l’UE permettant de vérifier qu’aucun des futurs touristes ne soit porteur du Covid-19.
Il pourrait s’agir d’une sorte de « passeport sanitaire » ou de toute autre preuve d’un test très récent de non-contamination, qui permettrait l’entrée dans le pays sans passer par la case quarantaine.
Il est plus que vraisemblable qu’en plus de la preuve du test, les autorités grecques maintiendront aussi un contrôle de température par caméra thermique pour tous les arrivants. Cela ne devrait pas être plus gênant que le traditionnel contrôle de police et ne prend que quelques instants.
Pour la Grèce le tourisme est un de ses premiers éléments économiques avec plus de 21 % de son PIB. Avec plus de 800.000 emplois le tourisme représente près d’un emploi sur cinq. En 2019, les 31 millions de visiteurs avaient dépensé plus de 18 milliards d’euros.
Parlant sur CNN, Kyriakos Mitsotakis, le Premier Ministre Grec, a estimé que la chute du PIB grec risquait d’être supérieure à 10 %.
Et il ajoutait à propos du secteur touristique qu’il envisageait une réouverture complète aux touristes pour le 1er juillet, en précisant qu’ils pourront toujours profiter d’expériences et de vacances fantastiques en Grèce même si les rassemblements trop compacts ne seront pas autorisés !
En attendant, la Grèce qui avait pris des mesures drastiques bien avant la France (confinement et quarantaine obligatoire de 14 jours pour tous les arrivants) a commencé son déconfinement depuis la semaine dernière, le 4 mai, avec 7 étapes, dont voici les principaux éléments.
– étape 1, le 4 mai, liberté de circulation à l’intérieur de chaque préfecture (département) et ouverture de certains commerces, librairies, coiffeurs, magasins de sports…
-étape 2: le 11 mai, tous les autres magasins de commerce à l’exception des grands centres commerciaux.
-étape 3: le 14 mai, tous les sites archéologiques y compris l’Acropole
-étape 4: prévue le 1er juin, les hôtels ouverts à l’année et les bars et restaurants (terrasses extérieures uniquement) avec la possibilité d’agrandir les terrasses sur le domaine public gratuitement.
La dernière étape du déconfinement est la n° 7, prévue pour le 1er juillet, qui verra l’ouverture de tous les hôtels saisonniers et de tous les salles de restaurants intérieures.
Le plus important pour Harry Theoharis, est la sécurité sanitaire, celle de la population grecque tout autant que celle des touristes. Pour cela il faudra maintenir une dose de vigilance en gardant une certaine distanciation sociale et en évitant les effets de foule.
Et actuellement dans son ministère comme dans tous les autres ministères concernés, des protocoles sont en cours de rédaction pour mettre en place tous les standards « post-crise » afin que tout le pays dispose des moyens d’offrir aux visiteurs des séjours en toute sécurité.
Ces protocoles concerneront aussi bien les nouvelles normes pour les hôtels, les restaurants, les bars, que l’utilisation des plages aménagées ou non, ou bien la capacité des ferries qui relient les îles. Mais si la situation continue à évoluer sans anicroche, tout devrait être prêt et fonctionnel pour début juillet.
Et pour le Ministre, une chose est sûre les touristes vont retrouver partout l’hospitalité proverbiale des habitants et la beauté environnementale qui ont fait la réputation de la Grèce.
Et comme ils le faisaient auparavant les touristes auront le choix de réserver leur séjour chez un T.O., où d’organiser une découverte de telle ou telle région avec location de voiture et réservation de nuitées, ou de décider de se promener d’îles en îles au gré de leurs envies.
En cette période ou le tourisme renaît de ses cendres, il n’est pas inutile de rappeler que d’organiser ses vacances avec les services d’une agence de voyages n’est pas inutile, ne serait-ce que pour la sécurité et la protection que cela assure.
Pour maintenir l’attrait de la Grèce, Harry Theoharis compte bien sur l’impact qu’il juge très important de « Greece from home », le site qui offre des centaines de vidéos et d’infos sur la Grèce, ses régions, sa gastronomie, son histoire, sa mythologie, et ses habitants célèbres ou non… Difficile de résister à l’envie de prendre le premier avion pour ce pays qui fut le berceau de notre civilisation. Bon!Iil suffira d’attendre encore deux ou trois mois que cela redevienne possible.
Mais le Ministre du tourisme ne veut pas se limiter dans sa communication et nous confirme qu’une nouvelle campagne est en préparation et devrait être présentée très bientôt. Cette nouvelle campagne de promotion mettrait en avant la Grèce comme étant un pays sûr et une destination sûre.
Elle suivra de peu la présentation des propositions que le gouvernement grec compte faire à l’UE (vraisemblablement le 15 mai prochain) pour faciliter et sécuriser les voyages touristiques en Europe.
Hier matin, le Ministère du Tourisme a présenté les grandes lignes des nouvelles règles sanitaires s’appliquant au tourisme en Grèce. Par exemple pour les vols, il n’y aura pas de sièges bloqués, mais tous les passagers auront été testés dans les 72 heures précédant le vol d’entrée en Grèce. Cette mesure permettra d’assurer la survie des compagnies aériennes et le maintien de tarifs abordables. A bord, seuls des snacks seront servis. Dans les hôtels aucun buffet ne sera proposé, uniquement un service à la place. Les matelas et chaises longues (piscines et plages aménagées) seront largement écartés et seront recouverts d’une protection jetable pour chaque utilisateur.
De plus pour renforcer la sécurité sanitaire chaque hôtel devra avoir un médecin local référent et dans le cas de suspicion d’infection d’un client, celui-ci devra être testé dans un délai maximum de 6 heures.
Et dans chaque destination touristique le gouvernement grec va réquisitionner un hôtel destiné uniquement à isoler tout cas potentiel, pour éviter d’avoir à confiner entièrement un établissement si par malchance un cas suspect s’y présentait.
Sur les ferries, tous les passagers devront porter en permanence un masque, et la capacité des navires sera diminuée quasiment de moitié, de 50 à 55 % seulement. Des sièges seront condamnés pour permettre de garder des distances entre les passagers.
Et il y aura des contrôles de températures par caméra thermique avant l’embarquement (maximum toléré 37,8°C).
Quand nous lui posons la question sur l’arrivée des touristes, Harry Theoharis nous répond avec sa franchise habituelle, qu’il pense que juillet va redémarrer tranquillement au début et que la saison devrait fortement remonter pour des mois d’août et de septembre de qualité.
Il table aussi pour une arrière-saison plus chargée, jusqu’en octobre-novembre, période qui pourrait attirer ceux qui traditionnellement venaient au printemps, car même durant ces mois tardifs, les journées sont belles et on peut encore se baigner.
En attendant une ouverture des voyages à l’intérieur de l’Union Européenne, la Grèce envisage au minimum un accord trilatéral avec Chypre et Israël pour cet été qui permettrait de créer des couloirs aériens spécifiques qui créeraient un apport touristique non négligeable, même s’il serait insuffisant pour satisfaire les besoins du pays. Mais la cible principale reste l’Allemagne qui comptait pour environ 14 % des arrivées, suivie par la France (1.800.000 voyageurs en 2019) et les pays du centre et de l’est de l’Europe qui ont été relativement épargnés par le coronavirus.
Frédéric de Poligny