Pas d’amalgame ! C’est vite dit. Pour la Jordanie en particulier, qui en souffre si cruellement depuis que le terrorisme musulman s’attaque aux grandes destinations arabes du tourisme mondial.
Et pourtant, ce pays qui regorge d’un patrimoine exceptionnel, comme Petra, le Jourdain, où le Christ fut baptisé par Saint Jean « le Baptiste », la Mer Morte et le Wadi Rum, dont la beauté spectaculaire attire tant de tournages, comme celui de « Seul sur Mars », le dernier succès de Ridley Scott, est justement le seul pays où règne la paix, condition nécessaire au développement du tourisme.
[1]Une paix qui s’appuie, notamment mais pas seulement, sur l’harmonie entre les différentes religions que l’Histoire a juxtaposé.
Pourtant, il faut bien qui ce pays soit assez rassurant sinon comment comprendre qu’il accueille, presqu’autant que Genève, les nombreuses réunions internationales où l’on tente de régler les problèmes du Moyen-Orient ?
Comment comprendre aussi que tant de gens s’y réfugient, et depuis très longtemps déjà ?
Comment croire enfin que les investissements dans le secteur touristique soient encore aussi impressionnants ?
Est-ce le fait d’idiots indécrottables, le programme de 15 Mds $, en cours de réalisation sur Aqaba, où l’on prévoit de l’hôtellerie, des centres commerciaux, des attractions… bref toutes les infrastructures utiles au développement de l’offre touristique ?
Il faut bien que les gens s’y sentent en sécurité ! Ou qu’au moins, les responsables de la sécurité intérieure y soient considérés comme assez forts et compétents pour qu’on ne redoute ni attentat ou ni agression individuelle en se promenant dans la rue…
Il n’empêche que la fréquentation touristique internationale en général, et française en particulier, a dramatiquement chuté. Dans un volume global en baisse de 9 %, avec un peu moins de 5 M de visiteurs, le marché français a dégringolé de 21 % en 2015 !
Et encore, la Jordanie a-t-elle fait de très gros efforts sur la promotion, le marketing, la fiscalité, sans quoi la contraction aurait été plus dramatique encore.
[2]Seulement voilà, la Jordanie tient beaucoup à notre clientèle. Depuis son lancement, en septembre 2015, le « Pass touristique », avec ses entrées prépayées à tarifs réduits, son exonération de frais de visa s’il est acheté dans le pays d’origine et ses proposition d’itinéraires thématiques, rencontre un vrai succès auprès de nos compatriotes.
Aux yeux des autorités touristiques du pays, cela prouverait que les Français sont partants pour passer plus de 2 ou 3 jours en Jordanie, histoire d’avoir le temps de découvrir plus en profondeur les joyaux que la Nature et l’Histoire y ont semés.
Nous étions, il n’y a pas si longtemps, le 1er marché européen ; nous avons reculé à la 4ème place, mais la destination ne veut pas se résigner pour autant.
Elle tient à notre clientèle.
Bien sûr, le tourisme jordanien se cherche de nouveaux clients, en Asie par exemple, comme un peu tout le monde, mais elle veut rester fidèle aussi à ses clientèles traditionnelles et historiques, dont la France précisément.
[3]D’où le grand roadshow que la destination a entamé le 2 février à Paris, dans les salons de l’hôtel Marriott, en présence de M. Nayef Al Fayez, Ministre du tourisme et des antiquités, avant de s’arrêter à Marseille et Lyon, les deux jours suivant.
D’où également la campagne de communication qui a commencé avec une immense bâche posée rue Auber jusqu’au 31 janvier dernier, et va se poursuivre jusqu’au 15 février, avec 300 smarts qui sillonneront les 3 villes en portant les couleurs de la Jordanie.
Rien ne dit que ces efforts seront couronnés de succès ; tout au plus pouvons nous l’espérer.
On peut aussi souhaiter que les professionnels la relaient, en particulier ceux qui juge les agences de voyages trop souvent frileuse quand il s’agit de vendre les destinations du Sud-méditerranéen.
Une chose est sûre cependant, c’est que nous avons tous, Français ou Européens, un intérêt réellement stratégique à soutenir économiquement et politiquement la Jordanie.
Au même titre que la Tunisie ou l’Egypte, ce pays est un des rares pôles à partir desquelles le Moyen-Orient pourra se reconstruire.
Conne le dirait l’évangéliste, c’est « la pierre angulaire » que les bâtisseurs ne doivent pas rejeter…
La Jordanie est au cœur de la poudrière et parvient à empêcher chez elle l’explosion qui ravage ses voisins…
Si cet exploit n’est pas une preuve de fiabilité, alors le tourisme a du mouron à se faire.
Bertrand Figuier