La Vérité sur le Tourisme en Egypte (2ème partie)
19 septembre 2014 Rédaction 1 commentaire Pays Assouan, Caire, Charm-El-Sheik, Christian Orofino, Dahab, Egypte, Excel Travel, frères musulmans, George Fawzi, Hurghada, Hussein Ahmed, Louxor, Marsa Alam, Mer Rouge, Mohamed Abd Elhamid, Rania Abou Shady, Sofitel Old Winter Palace, Sonesta Saint George Hotel, Steingenberger Nile Palace, Tarot Tours, Travel Evasion, Zarha, OBGET 9267 vues
Louxor, en toute tranquilité
L’après-révolution et les incontournables phases de construction de la démocratie égyptienne ont mis sérieusement à mal un secteur touristique jusque là florissant, et c’est peu de le dire.
Dans l’un de ses éditoriaux, Christian Orofino, le co-président de l’OBGET (Observatoire Géopolitique et Environnemental du Tourisme), faisait remarquer à juste titre « qu’ en France, il a fallu près d’un siècle de violence, de terreur, de répression pour enfin considérer les aspirations du peuple comme programme de gouvernement choisi ».
Alors, combien faudra t’ il de temps à l’ Égypte ?
Donner du temps au temps, voilà ce que réclament en fait les égyptiens tout en avouant que l’ampleur de la crise économique appelle à des réponses rapides.
A Louxor peut-être plus qu’ailleurs, la désaffection des touristes français est vécue comme un abandon, un signe de désamour.
Dés votre arrivée à l’aéroport, le malaise est perceptible tant les passagers se font rares.
Mohamed Abd Elhamid (photo au centre, entouré de deux guides, Abdou Hussein Abdou et Ibrahim Aamer), le responsable local d’Excel Travel, tente une explication, comme en guise d’excuse. « En été, les français craignent la chaleur ici. Ils préfèrent la Mer Rouge et les plages ! ».
C’est un fait. Mais même si Charm-El-Sheik, Hurghada, Marsa Alam et autres Dahab séduisent désormais un nombre croissant de visiteurs russes, allemands et anglais, force est de reconnaître que même dans le balnéaire la fréquentation des touristes français demeure faible cette saison.
Président d’Excel Travel, réceptif bien implanté dans tout le pays et qui emploie 200 personnes, George Fawzi ne se formalise pas outre mesure.
La timidité -doux euphémisme- des marchés français et européen l’ a amené à revoir sa politique de développement. Tout en gardant certaines niches (groupes incentives, Mice, conférences…), et en assurant la survie de son entreprise (il gère la billetterie de toutes les sociétés étrangères implantées en Égypte), il s’est évertué à travailler sur d’autres pays.
Des pays qui ont pour nom Canada, Australie, USA et Japon. C’est d’ailleurs avec ce pays qu’il était en conversation téléphonique lorsque nous l’avons contacté dans son bureau au Caire.
L’avenir du tourisme en Égypte passera peut-être par ces nouveaux prescripteurs ainsi que par certains pays arabes de plus en plus présents.
Pour les professionnels français, la politique de la chaise vide pourrait avoir des effets secondaires.
Sentiment partagé, entre tristesse et sérénité…
En attendant, Louxor est en sommeil. Les felouques se font de plus en plus rares sur le Nil et le spectacle de navires alignés par rangées comme dans un cimetière, donne la mesure de la catastrophe.
« D’autant », nous explique Hussein Ahmed, un guide francophone (www.egypte-insolite.com), « qu’ils se dégradent de plus en plus ».
Sur les quelques 300 unités qui naviguaient entre Louxor et Assouan, seulement une dizaine d’entre eux appareille actuellement.
Responsable de longue date du marché français, Rania Abou Shady de Tarot Tours justement, connaît bien le sujet. « On n’ atteint plus que 20 % de ce que l’on réalisait avant avec ce marché. Vous savez, j’ai géré Fram pendant 19 ans et espère vraiment en son retour cet hiver » nous confie t’ elle comme pour conjurer le sort.
Tarot Tours, qui est l’un des principaux réceptifs d’ Égypte, arme neuf unités sur le Nil, dont le fameux Zarha. Cet été, un seul bateau naviguait comme le déplorait Hagag Saleh du bureau local.
« En réalité, » nous explique Rania, « ce qui marche bien avec la France, ce sont les TO en ligne ». Travel Evasion fait ainsi figure de pionnier et son président Patrick Abenin de sauveur pour les égyptiens. Car aux yeux des professionnels du tourisme de Louxor, en travaillant avec de faibles voire inexistantes marges, Travel Evasion incite concrètement les clients français à se rendre en Égypte.
« A nous de vendre ensuite des extras, des excursions... » dit’ on chez Tarot Tours. « A nous de démontrer qu’il n’y a aucun danger à venir dans notre pays».
Mais pas de problème de sécurité
La sécurité, nous y voilà. Alors qu’en est ‘il concrètement ?
Durant tout notre séjour nous nous sommes déplacés régulièrement, très souvent seul, et sans le moindre problème. Nous avons pu tester la légendaire hospitalité des égyptiens. Dans le souk, aux abords du temple de Louxor comme sur la corniche le long du Nil, on peut se promener de jour… et même de nuit.
Finalement, le seul petit inconvénient résulte d’un paradoxe. Les marchands dans le souk comme les cochers des fameuses calèches se font plutôt pressants : les touristes sont si rares que lorsqu’on en tient un, on ne le lâche plus !
Bien sûr, la présence de militaires aux principaux carrefours de la ville et aux abords des sites touristiques ne passe pas inaperçue. Mais rapidement, ce dispositif comme ceux instaurés sur les axes routiers afin de contrôler les véhicules viennent s’inscrire dans votre quotidien.
Il en est de même avec la police touristique qui marque sa présence aux abords des hôtels et des sites : elle s’avère plus rassurante qu’angoissante. Et Abdou Hussein Abdou, un autre guide francophone qui a travaillé durant 13 ans avec Kuoni, Fram, Nouvelles Frontières et autres TO français, préfère évoquer le sujet avec un certain humour.
« C’est un comble, parce que c’est assurément à Louxor et dans cette région qu’il y a le plus de sécurité ! La police il y en a, elle est bien visible. Mais ce n’est pas la même que sous Moubarak… ! »
Dans un petit restaurant situé dans le souk, le discours du patron est le même. Lui ne croit pas que les Frères Musulmans aient comme intention de déstabiliser le pays en s’attaquant au tourisme.
D’autres au contraire attribuent volontiers à cette mouvance les multiples coupures de courant qui frappent la ville comme dans tout le pays : « Ils veulent provoquer le mécontentement des gens contre le gouvernement... »
Plus généralement à Louxor et dans cette région du Nil où l’histoire surgit de toute part, on est plutôt remonté contre les choix imposés depuis de nombreuses années par les pouvoirs et ministres du tourisme qui se sont succédé. Le reproche : avoir privilégié le développement d’un tourisme balnéaire de bas de gamme au détriment d’ un tourisme culturel qui se voulait plus élitiste ! Et le ressentiment est d’autant plus grand qu’en cette période de crise, les hôtels des bords de plage débordent de clients, majoritairement russes, alors qu’à Louxor on cherche les touristes…
Pour l’heure, les groupes que l’on croise ici sont essentiellement ceux de touristes venus de la Mer Rouge pour découvrir Louxor entre deux journées de plage et de plongée. Une visite en 24 h chrono qui s’apparente à un défi tant les trésors à découvrir sont nombreux.
Finalement, les plus chanceux sont ces touristes français que nous avons pu croiser. Dans les salons du merveilleux Sofitel Old Winter Palace, au bord de la piscine surmontant le Nil au Sonesta Saint George Hotel ou encore au restaurant du Steingenberger Nile Palace, ils sont la, en famille bien souvent. Et ne nous ont pas caché leur plaisir.
Tous, sans exception, nous ont confié leur totale satisfaction. Aucun problème de sécurité, des prestations parfaites, un accueil encore plus chaleureux… La quasi totalité de ces touristes francophones (belges, suisses et québecois se joignant au concert des français) se sont retrouvé là après avoir réservé via internet.
« Puisque les agences de voyages ne nous proposent pas la destination » souffle l’un d’entre eux.
A bon entendeur…
Jean BEVERAGGI
A Louxor
(1) O.B.G.E.T Observatoire Géopolitique et Environnemental du Tourisme
(2) www.egypte-insolite.com
Photos/ J.B pour La Quotidienne
1 et 2 / Louxor, la « ville du sceptre », toujours aussi majestueuse. Là où l’histoire se
mêle à un présent tumultueux et coloré
3 / Mohamed Abdel Hamid, le manager d’Excel Travel à Louxor, entouré de deux
guides, Abdou Hussein Abdou et Ibrahim Aamer
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1 commentaire pour “La Vérité sur le Tourisme en Egypte (2ème partie)”
Enfin un article constructif. Merci à vous, de faire partager les témoignages des rares clients de cette destination si attachante.