Laurent Abitbol est le Directeur Général de Marietton Investissements.
Il vient récemment d’acheter le mini-réseau de François Xavier de Bouard et vise une grande acquisition, dont il garde le secret, (probablement un to national, ndlr) en 2015.
La Quotidienne : Depuis plusieurs mois, vous faites beaucoup de croissance externe ; comment expliquez-vous cette offensive tout azimut ?
Laurent Abitbol : Ce n’est pas une surprise, on l’a toujours dit. Depuis 2007, on fait une acquisition par an.
On saisit les opportunités quand elles se présentent, bien sûr, mais on rachète toujours des bonnes boîtes. Et puis on y croit, c’est tout. Donc on continue ; sinon on régresse de toute façon… Ce qui n’empêche pas qu’on passe aussi par des phases de consolidation, comme en 2013 où nous n’avons rien repris.
L. Q. : Depuis 2007, le monde a changé. Entre la crise économique, les crispations géopolitiques et les questions sanitaires actuelles, vous pariez sur un rendement rapide de vos investissements ?
L. A. : Si je m’en tiens à la reprise d’Ailleurs, l’entreprise perdait de l’argent alors qu’elle est à l’équilibre aujourd’hui.
Pour nous, les affaires marchent et nos actionnaires sont satisfaits. C’est d’abord une question de gestion, vous savez ; chaque euro est dépensé dans un but précis et contrôlé. On joue aussi la carte de la proximité, avec le terrain, l’opérationnel ou nos actionnaires. Cela dit, quand on reprend une entreprise, on fait aussi des économies d’échelle.
Dans le cas de De Boüard Voyages, par exemple, c’est une bonne boîte, mais on peut atteindre les 150 000 €/an d’économies rien qu’en frais de fonctionnement, assurances etc.… Ça renforce mécaniquement les marges. Cela dit, il faut bien être optimiste sinon on ne fait plus rien. Et puis, c’est notre boulot de booster au maximum le marché.
L. Q. : En parlant de gestion, quelles réformes la profession et ses institutions devraient-elle conduire prioritairement pour améliorer les conditions quand lesquelles votre entreprise évolue ?
L. A. : Pour moi, c’est moins la profession que l’État qui devrait se réformer.
Les réseaux, le SNAV, le SETO, l’APST, tous font un bon travail, d’autant plus que les institutionnels sont bénévoles… Tout le reste : la rigidité du travail, le poids des charges, tout ça… ça dépasse la profession et ça concerne notre système économique en général.
La profession n’est pas à l’abandon tout de même… Mais tout est trop compliqué en France ; on n’y est pas libre.
Et surtout, je crois qu’on devrait remettre en avant la valeur du travail. Les chômeurs sont sans doute un peu trop protégés : demandez aux bouchers, ou à beaucoup d’autres professions, on a du mal à trouver de bons employés.
Alors bien sûr, reste à savoir si nous avons vraiment touché le fond… C’est seulement à ce moment-là qu’on pourra rebondir. À cet égard, ce que j’entends parfois à la télévision me donnent de bons espoirs.
Le crédit d’impôt pour l’investissement des entreprises, le CICE, par exemple, c’est plutôt bien, et il faut le dire… En 2014, à périmètre constant, ça nous a permis d’embaucher une dizaine de personnes.
Propos recueillis par Bertrand Figuier