[1]« L’aventure ce n’est pas de dire toujours mais de dire tout de suite » Maurice Leblanc.
Bon, bon, bon… comme dirait Guillaume Durand. Suite aux passionnants sujets de ces dernières semaines, revenons si vous le voulez bien au tourisme de groupe, comme le stipulait d’ailleurs notre convention initiale,
Qu’en dis tu P.R. ?
Tiens, prenons le temps d’évoquer aujourd’hui certaines vedettes (et je pèse mes mots) du tourisme en groupe, personnages aussi modestes qu’effacés… dont on ne parle jamais, ni dans un canard, ni dans aucune revue professionnelle… Celles qui s’expriment pourtant à merveille mais sans jamais parler d’elles, celles qui mériteraient à bien des égards que leur soient rendus de plus récurrents hommages… cette négligence, on peut le dire, est à la limite du tolérable !
Elles nous sont tellement précieuses… ces petites accompagnatrices … restons féminin si vous le voulez bien, pour plus de légèreté et d’élégance, et en considération de leur parfaite harmonie avec ce métier !
En grande majorité, ces jeunes filles, pour la plupart provinciales, ont suivi des études secondaires et obtenu un bac littéraires…
Avec votre permission, nous n’évoquerons pas Paname et son monde à part, rempli d’initiés qui savent tout sur tout avant même d’avoir appris… Non, nous nous contenterons ici de brosser le portrait de ces petites provinciales… sujet jovial, plus spontané et nettement moins sophistiqué !
Ces petites, disais-je, dotées de jolies frimousses et d’un excellent sens du discernement, pourtant souvent remis en cause, ont en général reçu une éducation exemplaire, assortie de quelques séjours linguistiques, les initiant ainsi à quelques premières rêveries de voyages lointains…
Bac en poche, et dans la foulée d’innombrables argumentaires auprès de leurs géniteurs… mythe de l’hôtesse de l’air et du voyage autour du monde en toile de fond… le BTS sésame du métier est décroché deux ans plus tard…..
Au cours de cette période, la p’tite a eu le temps de comprendre que barmaid au plus haut des cieux ou poule de luxe malgracieuse dans l’espace exigu d’un airbus n’est pas forcément valorisant, mais plus simplement, ne lui correspond pas !
Son rêve est ailleurs, amour pour l’histoire, goût pour la géographie, passion pour la littérature… sens du devoir et aspiration pour le service… tout cela devrait forcément permettre de trouver une voie magistrale, non ?
Une année à la fac lui permet de peaufiner ses recherches, d’acquérir une maturité musclée et de prendre la mesure de la ville et de la vie avec plus de subtilité… car pour une fille, il faut voir fleurir ses vingt ans pour ensuite, en avant marche, trouver le job qui correspond à sa motivation, sa sensibilité et à ces formations mûrement réfléchies et durement acquises…
Complexe à trouver ce premier emploi, à la lumière de quelques stages… de quelques conseils, notre cicérone en herbe cherche un peu partout, mais en vain, jusqu’au jour où son inspirée de mère grand’ lui recommande de prendre contact avec cet autocariste local, réputé pour la qualité et le succès de ses voyages.
Scandalisée dans un premier temps par cette aberration, il est bien difficile en effet d’imaginer que toutes ces études puissent aboutir dans un autocar (!), mais contrainte aussi d’admettre qu’il faut bien commencer par un bout… un jour.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme… on connait bien la chanson… » mais c’est quand même comme çà que çà débute…
Notre jeune première est donc finalement reçue par l’autocariste, qui ne tarde pas à percevoir à la fois sa culture et son impertinence, et n’hésite pas dans la foulée à la mettre à l’épreuve sur un petit voyage, accompagnée d’un conducteur bien aguerri et plutôt expérimenté….
– Tu t’appelles comment ?
– Amélie Poulautre, m’sieur !
J’te dis pas… la gamine jubile en sortant du bureau, et s’empresse de rentrer pour bûcher sur le programme de cette piètre journée. Elle ne ferme pas l’œil de la nuit, focalisée sur son réveil qui met si longtemsp à sonner.
Ses rêves de vastes espaces, de contrées lointaines, de culture, de géographie, d’histoire et de poésie risquent fort d’être compromis avec ces premières insomnies……
Départ de l’autocar dès potron-minet (littéralement « dès qu’on voit poindre le derrière de l’écureuil ! »)
Les passagers montent à bord et s’installent progressivement… jettent un coup d’œil complice au conducteur frais comme une griotte… et à la petite guide pâle comme un linge…
Le car respire le propre et le jour se lève sans nuage… Une belle journée en perspective…, sauf pour Amélie !
« Ca pourrait pas être pire… j’ai trop le trac… et puis qu’est-ce qu’il a ce pare-brise à me renvoyer l’image d’une grande malade ? Et ce mec au volant à me reluquer comme une branque, sourire en coin ce con… y s’fout de ma gueule où quoi ? Pas le moindre appui pour m’assister !
Allez, courage… maintenant qu’y sont tous là, faut que tu t’lèves… que tu déscotche ton cul de ce siège … et que t’agrippes ce micro… par quoi tu commences ? Allez, je saute… tant pis ! demi-tour gauche, face au public, et présentation dans les règles de l’art :
– Mesdames et Messieurs… Bonjour à tous et bienvenue pour cette magnifique journée. J’ai tout d’abord le plaisir de vous présenter notre conducteur… Son nom est Jérémie Richeplan, vous devez déjà le connaître, tout le monde l’appelle JR !
– Moi, je m’appelle Amélie, et mon nom de famille est Poulautre, merci d’avance pour le jeu de mot !
– Temps superbe aujourd’hui, on a de la chance… le car est super confortable et notre JR va vous en présenter les caractéristiques, je lui cède le micro. Je reviendrai vers vous très vite pour vous rappeler le programme de la journée, le menu du déjeuner. Surtout n’hésitez pas à m’appeler au secours, en cas de besoin…
En attendant, je vous souhaite une excellente journée à toutes et à tous…
– « Ouf !!! Ca y est !! J’ai bien cru que j’allais faire un malaise, mais il faut dire qu’ils ont l’air sympas ces clients et que JR parait sacrément bluffé… Non mais, tu ne m’aurais pas pris pour une gourdasse des fois ?
(A suivre)
Jean Pierre Michel