Le ciel belge a t-il perdu la tête ?
19 décembre 2016 Jean-Louis Baroux Aucun commentaire À la une Air France/KLM, Aliralia, Brussels airlines, Etihad, Lufthansa 4518 vues
La messe est dite, Brussels Airlines est totalement entrée dans le giron du groupe Lufthansa et sera rattachée à la filiale Eurowings. Bien entendu, les belges vont perdre leur autonomie et il serait surprenant que la compagnie ne perde pas, à terme, son identité. Encore faut-il se rappeler que le succès du groupe allemand tient, entre autres, au fait que les filiales étrangères ont toutes pu garder leur marque est leur spécificité, que ce soit Austrian ou Swiss.
Par contre si le produit reste marqué par la culture des pays dont les compagnies sont originaires, il est clair que la stratégie de développement et la composition des flottes tout comme la maitrise du circuit de distribution sont réservées à la société mère.
Jusque-là, rien à dire. Mais on apprend en même temps que Lufthansa qui était déjà propriétaire de 45 % de Brussels Airlines, va mettre la main sur les 55 % restants pour la modique somme de 2,6 millions d’€.
Voilà qui est pour le moins surprenant et qui mérite quelques explications. Car le transporteur belge est tout de même d’une taille raisonnable : 1,33 milliard d’€ de chiffre d’affaires, 7,5 millions de passagers transportés avec un coefficient de remplissage de 74,4 %, 47 appareils dont 29 A319/320, 9 A330 et 8 Avros le tout avec 2.427 salariés.
Par parenthèse le ratio salariés, nombre d’avions est tout simplement remarquable, même si Lufthansa réalise un certaine nombre de prestations. Et, cerise sur le gâteau, Brussels Airlines a dégagé un profit net de 41,3 millions d’€ en 2015 et se prépare à un autre résultat positif en 2016.
Il se trouve que les allemands ont été malins. Rappelons-nous d’abord que le transport aérien belge est passé par de fortes turbulences qui ont vu la mort de Sabena puis de celle de SN Brussels, compagnies rongées par des exigences syndicales incompatibles avec leur situation économique. Or donc lorsque Brussels Airlines s’est trouvée elle aussi en difficulté, peu de compagnies étaient prêtes à lui porter secours.
C’est alors que Lufthansa a racheté, en 2009, 45 % de Brussels Airlines et qu’elle était aux premières loges pour mettre la main sur le reste. La prise de participation était d’ailleurs assortie d’une clause permettant l’exercice des droits de rachat des 55 % restants jusqu’en 2017. On est donc arrivé à l’échéance.
Mais voilà qu’en 2012 Brussels Airlines a eu besoin d’un nouveau coup de pouce. Une ligne de trésorerie a donc été demandée à la pseudo maison-mère à hauteur de 100 millions d’€. Or cette facilité de trésorerie n’a même pas été entièrement consommée. Le transporteur belge n’a tiré que 65 millions et en a d’ailleurs remboursé 20.
Seulement Lufthansa avait accordé cette ligne de crédit à la condition de pouvoir racheter les 55 % qui lui manquaient pour 2,5 millions d’€. A l’époque ; cela pouvait paraître cohérent, car il pouvait être envisagé que les 100 millions octroyés allaient être entièrement consommés. Ce qui n’a pas été le cas.
Sauf qu’un accord est un accord et que Lufthansa peut maintenant exercer ses droits en ne déboursant que 2,6 millions d’€ mais en laissant tout de même la partie non remboursée de la ligne de trésorerie : 45 millions.
Bref, au total Lufthansa fait une excellente affaire en se retrouvant propriétaire du transporteur national belge pour seulement 47,6 millions d’€. Il se trouve que la compagnie est un gros opérateur sur l’Afrique qui est peut-être le futur Eldorado du transport aérien et que le marché belge est tout à fait intéressant. Au total le groupe allemand fait une excellente affaire.
Si on se rappelle un tout petit peu l’histoire ancienne, c’est exactement ce qui aurait pu se produire entre Air France et Alitalia.
Si la compagnie française avait disposé des ressources suffisantes, elle aurait pu mettre la main sur le transporteur italien et le formidable marché de la péninsule.
Sauf qu’au moment où il a fallu agir, les finances du groupe franco/néerlandais ne permettaient pas de concrétiser ce que les accords passés permettaient. Tant pis pour nous. La place a été laissée à Etihad, laquelle a beaucoup de peine à redresser les comptes italiens.
Au total le groupe Lufthansa est maintenant devenu la première puissance européenne en transport aérien et avec la main mise sur Brussels Airlines il complète son emprise.
Il lui reste néanmoins une épine dans le pied avec laquelle il devra vivre quelque temps : le dialogue social est en train de s’envenimer et on sait que c’est l’absence de consensus social qui est à l’origine de toutes les difficultés des compagnies européennes et en particulier d’Air France/KLM et d’Alitalia.
Bon courage messieurs les allemands.
Jean-Louis Baroux
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