[1]En cette époque particulièrement difficile pour la profession, la tentation de se réfugier dans le politiquement correct m’apparaît pour le moins ringarde.
Il en va ainsi des échanges brûlants autour de l’augmentation de la garantie APST n’ayant d’ailleurs rien de » folklorique » n’en déplaise à mon ami Jean Pierre dont j’apprécie pourtant une forme d’intelligence souvent constructive.
Ce qui ne m’empêche nullement et librement de lui apporter aujourd’hui la contradiction dans cette chronique.
En effet même si l’on peut regretter, sur le plan moral et opérationnel, que le récent Collectif des agents de voyages en Colère ait choisi de se réfugier dans l’anonymat, en revanche sa riposte se bornant à les traiter de » poujadistes » n’apporte rien de constructif à la résolution du problème.
Et surtout, c’est oublier un peu trop vite que les « poujadistes » en question, des années 56, se trouvaient être, pour l’essentiel, des petits commerçants, des artisans, des agriculteurs et des VRP en guerre contre le fisc et les politiques.
Comme quoi la vie étant souvent un éternel recommencement, on peut donc craindre que ce genre de mépris affiché ainsi publiquement par leur président dans les colonnes de Tour Hebdo vis-à-vis de modestes agents de voyages (lesquels fournissent, qu’on le veuille ou non, les gros bataillons de l’ APST et du SNAV), vienne de nouveau alimenter leur colère à l’encontre de ceux évoquant à leurs yeux, jusque dans leur métier, les fameuses » élites » en copinage permanent avec les représentants de l’Etat.
Que ces derniers viennent de la gauche de la droite ou d’ailleurs de l’échiquier politique !
Partant de ce constat, il devient évident que dans cette affaire particulière à la profession des garanties, comment éviter alors l’émergence de tels soupçons, en apprenant que, par un heureux hasard, la ministre en charge de cette opération, madame Carole Delga, (née à Toulouse en 1971, députée de la huitième circonscription de Haute-Garonne, fonctionnaire territoriale depuis sa sortie de l’université sciences sociales de Toulouse, protégée de Martin Malvy dont elle fut sa vice-présidente de région), permet à cet autre toulousain pur jus qu’est le président du SNAV (ne cachant nullement, depuis que je le connais, des idées assez proches de Dame Carole), de pouvoir être reçu par cette dernière en tête à tête, entre pays, (comme on dit chez moi dans mon cher Lot) mais surtout dans la plus totale discrétion afin de préparer la rencontre avec les autres acteurs de ce feuilleton politico/professionnel …..
D’autant, puisque l’on se dit tout, que selon une rumeur , Raoul Nabet, président de l’APST , Toulousain lui même, n’aurait pas été mis au courant au préalable de cette entrevue discrète ….D’où chez ce dernier, paraît’ il, une amertume non dénuée de colère retenue.
Bref une ambiance détestable touchant la tête de toutes les instances professionnelles, à un point tel que nous ne devrions être nullement surpris si un duel à la Flllon / Jouyet avec d’autres présidents en embuscade, avec ou sans faux nez, venait démontrer la vétusté des dites instances susceptible de tout faire exploser !
Dans cette polémique, j’avoue préférer pour l’heure, aux explications lénifiantes de ce qui apparaît effectivement comme » un grand bal des faux culs » ( dixit un certain tonton ), la mise au point lucide et claire d’Adriana Minchella, présidente du CEDIV et administratrice de l’ APST mais travaillant toujours sur le terrain.
Tout en comprenant certains arguments (mais pas tous, loin de la) du Collectif à l’origine de la polémique qu’elle qualifie (d’ailleurs non sans raison ) de » mystérieux » , elle précise que » la défense du consommateur demeure l’une des valeurs là plus importante du métier » tout en soulignant que » depuis deux décennies le montant des garanties n’a pas évolué » .
Elle en profite également pour rendre hommage à Raoul Nabet chez un de nos confrères.en déclarant que » tout au long de sa vie il a défendu les agences indépendantes et fera en sorte qu’aucune ne soit menacée par les nouvelles disposition qui seront finalement arrêtées »
Conservant toutefois les pieds bien sur terre, la combative Adriana ne se berce pas d’illusions lorsque elle nous assène un : » dire que l’ APST fait la pluie et le beau temps c’est mal connaître les équipes de Bercy. Ce n’est pas l’APST qui fait les lois et les décrets : ce sont les Pouvoirs Publics. »
Et c’est là, paradoxalement , à la condition de fermer les yeux sur l’éthique, que la tambouille politique du toulousain Jean Pierre Mas peut se révéler plus favorable aux agents de voyages !
Qu’ils soient ou non en colère.
Y compris dans un Collectif qui gagnerait, je le répète, à ne plus être anonyme !
Pierre Doulcet
PS. Comme toujours: pdoulcet@me.com