Vendredi 12 juillet dernier, Peter Fankhauser, group CEO, en annonçant que le Groupe Thomas Cook était entré en discussion avec le groupe chinois Fosun pour une recapitalisation record de 750 millions de £ (853 millions €) a confirmé ce que beaucoup espéraient, la prise de participation majoritaire du groupe chinois déjà actionnaire à 18 %, seule option pour éviter une faillite colossale qui s’annonçait imminente.
Cette acquisition exclurait les activités aériennes de Thomas Cook, essentiellement sa compagnie Condor, ses appareils et ses droits de vols, pour cause de réglementation européenne. Thomas Cook qui était déjà en discussion pour céder son département aérien à des investisseurs européens a décidé d’attendre la conclusion définitive de la recapitalisation du secteur tour opérating pour finaliser cette cession.
L’action Thomas Cook qui en seulement une année avait déjà perdue plus de 90 % de sa valeur, passant de 110 à environ 12 pences, était dans une situation intenable. Vendredi matin à l’annonce de l’achat du groupe par Fosun, l’action s’est aussitôt effondrée de près de 50 % à 6,25p.
Et depuis ce week-end, la dégringolade a continué jusqu’à 4,9p (moins de 6 centimes d’euros), soit sur 1 an une chute de plus de 96 %.
Deux raisons importantes ont causé cet effondrement continu depuis un an, une nette baisse de l’activité tour-opérating, officiellement annoncée de -9 % sur un an, et un énorme endettement estimé à plus de 1,2 milliards d’euros.
Il serait étonnant que Fosun ne confirme pas cette acquisition du plus vieux et plus important tour-opérateur britannique et européen.
Fosun qui est aussi le propriétaire du Club Med, sait qu’il y a un beau potentiel dans cette acquisition. Mais la situation de quasi faillite de Thomas Cook va obliger ce dernier à passer sous les fourches caudines de Fosun qui joue le rôle d’un Chevalier Blanc mais qui est aussi un investisseur avisé.
Le prix à payer pour la survie de Thomas Cook va être lourd pour les autres actionnaires et pour les salariés aussi.
Pour les actuels actionnaires, le plan en négociation finale, prévoit la reconversion d’une partie de la dette en actions supplémentaires au bénéfice des banques, ce qui va diluer drastiquement leur capital.
Du côté des salariés, il est évident que Fosun va vouloir améliorer le fonctionnement de Thomas Cook qui n’a pas su changer ses pratiques ces dernières années.
Amélioration, modernisation, digitalisation sont à l’ordre du jour et cela risque de se traduire malheureusement par des réductions d’effectifs. Des fermetures d’agence et même de filiales sont envisageables.
Le cas Jet tours
En France, Fosun va t-il se séparer de certaines pépites comme Jet tours qui attise les appétits de certains depuis quelque temps déjà, ou au contraire Fosun ne va-t-il pas garder que les plus beaux éléments et se séparer de ceux qui fonctionnent un peu moins bien ?
Il y a aussi la possibilité d’un rapprochement de certains éléments avec le Club Med que Fosun a su très habilement consolider et développer.
Mais cette remise sur les rails si elle doit s’accompagner d’un important coût social, pourrait se heurter à de violentes résistances syndicales et ainsi mettre en danger la survie de certaines filiales.
L’avenir du groupe Thomas Cook semble assuré pour quelques temps. Et si l’on en croit Peter Fankhauser, l’apport attendu d’argent frais par Fosun, va permettre à Thomas Cook de passer la prochaine saison hivernale.
Croisons les doigts pour la suite. Mais pour Thomas Cook l’arrivée de Fosun c’est vraiment l’opération de la dernière chance.
Frédéric de Poligny