Parlez du Canada à un français et aussitôt il vous répondra Québec et Montréal et pour peu qu’il y soit déjà allé, il insistera sur sa bonne connaissance du Canada francophone, cette partie de ce grand pays qui a su garder des liens affectifs historiques profonds avec la France. Mais ce ne sera qu’une semi-vérité car il omet généralement le Nouveau Brunswick, la seule province officiellement bilingue « français-anglais », le Québec étant la seule entièrement francophone.
Le Nouveau Brunswick est situé au Sud-Est du Québec, entre l’estuaire du Saint Laurent et l’état américain du Maine. Cette province qui a su faire front aux pires vicissitudes d’une histoire tristement mouvementée, présente une panoplie extraordinaire de paysages magnifiques, sauvages et paisibles, et de villes et villages où l’accueil est toujours aussi souriant que vrai, simple et authentique.
Depuis quelques années le Ministère du Tourisme du Nouveau Brunswick et sa dynamique représentante en France, Emmanuelle Winter (photo ci-contre), organisent des événements pour les professionnels du tourisme français pour leur faire découvrir les secrets de cette province attachante.
Il y a quelques jours Emmanuelle Winter a ainsi emmené un petit groupe d’agents de voyage principalement des spécialistes des groupes pour leur montrer l’intérêt de programmer le Nouveau Brunswick dans une optique »groupe ». La Quotidienne les a accompagnés dans ce Fam Trip qui pour tous était une première visite de cette autre belle province.
Le transport fut assuré par l’excellente compagnie aérienne Air Transat dont l’actualité chargée (son rapprochement avec Air Canada ou, pour cet été, ses 3 fréquences par semaine entre Montréal et Nice en A321 neo LR) alimenta les conversations.
Après une bonne nuit de récupération dans la bonne ville de Québec, nous voilà partis pour un grand tour du Nouveau Brunswick en mode journée-bien-chargée avec activités, découvertes et hôtels sélectionnés sous un angle vraiment compatible « groupe ». Nous n’avons pas été déçus.
Contrairement à ce qui serait un programme raisonnable qui aurait été de faire étape à Edmunston, nous avons rejoint directement Fredericton, la capitale provinciale, après une courte halte à Hartland pour découvrir le plus long pont couvert en bois au monde avec ses 391m.
En cours de route nous avons pu déguster dans un fast food de bord d’autoroute notre premier homard dans sa version guédille (imaginez un hot-dog ou la saucisse serait remplacée par la chair d’un homard!). Car il faut le savoir, le New Brunswick est le centre du monde pour la pêche au homard, et ici pour les amateurs c’est homard matin, midi et soir…
Fredericton est une charmante ville aérée qui s’étire sur les rives du fleuve St Jean. On y trouve de fort belles maisons anciennes et nous avons passé la nuit à l’Hôtel Delta, très confortable et dont la situation au bord du fleuve offre de magnifiques couchers de soleil.
Avant un bon « souper » en ville (attention ici on dit souper pour le repas du soir tandis que le terme dîner correspond à notre déjeuner à nous!), nous nous avons loués des bicyclettes pour une belle balade en ville le long du fleuve. Avec plus de temps nous aurions pu prendre l’option kayak.
Le lendemain, route plein Sud vers St Andrews sur les bords de la Baie de Fundy avec une halte passionnante pour découvrir la vie des canadiens loyalistes au XIXème siècle à Kings Landing, un site où ont été rassemblées plus de 40 maisons totalement authentiques où des interprètes nous font revivre la réalité de la vie à cette époque, y compris la cuisine (la tarte à la rhubarbe était géniale).
Arrivés à Saint Andrews, embarquement sur un joli voilier pour aller à la recherche des baleines dans la Baie de Fundy. Notre quête fut couronnée de succès avec une jeune baleine que l’on aperçut à quelque distance.
L’étape du soir ce fut l’Algonquin, un superbe établissement historique 5* à ne pas manquer et qui fait partie de l’Authograph Collection de Marriott. Diner en ville au Rossmount Inn, considéré comme une des meilleures tables de toute la Province avec bien évidemment du homard pour les amateurs.
Une autre journée pour continuer à découvrir la Baie de Fundy avec une promenade à pied jusqu’aux Chutes Dickson, une des nombreuses options de randonnée proposées par le Parc National de Fundy. Ensuite arrêt déjeuner à Alma, petit village de pêcheurs, (encore du homard) et dégustation de bières locales à la micro brasserie du village (un must!). Puis grand moment très attendu, les Rochers Hopewell, surnommés les Pots de Fleurs, où on peut assister aux marées quasiment les plus hautes du monde. A marée basse on peut se promener à pied au fond de l’océan entre ces immenses monolithes de pierre et quand la marée est haute on peut choisir de naviguer en kayak parmi ces rochers. Pour les groupes il parait intéressant de programmer une journée entière dans les environs de façon à pouvoir faire ces deux activités en fonction de l’horaire des marées.
Pour nous après cet arrêt impressionnant, notre journée marathon s’est prolongée au petit port de Shediac où nous avons embarqué pour une croisière « homard », avec un ancien pêcheur, qui nous a tout appris sur ce superbe crustacé (sa vie, ses mœurs et sa pêche) et surtout nous a fait une démonstration de l’art de le déguster à main nue. Ensuite comme tout le monde à bord nous avons pu mettre en pratique ses conseils en décortiquant chacun son homard. Un régal et beaucoup de rires!
Nouvelle journée pour se promener sur les passerelles de la Dune de Bouctouche, sans avoir le temps de se baigner… Puis arrêt au Parc de la Sagouine qui permet de réaliser ce qu’a pu être la force des Acadiens pour conserver la pratique de la langue française.
Enfin direction le Parc National de Kouchibouguac où une jolie ballade en fat-bike, vélo à pneus super larges, nous a permis de voir quelques uns des paysages naturels variés du Parc, marais, lagune, forêt bordés de kilomètres de dunes de sable qui abritent une faune magnifique.
Les activités proposées par le Parc sont très nombreuses et il est possible d’y passer la nuit dans des tentes-bungalows aménagés.
Le lendemain c’est sur le site du Metepenagiag Heritage Park que nous découvrons la grande valeur de la culture amérindienne de cette région, siège de la tribu des Micmaq qui vivent ici depuis plus de 2.500 ans et de son évolution depuis l’arrivée des premiers colons français. Ensuite nous avons gagné le Centre Marin et son aquarium où nous avons pu enfin voir et tenir en main de rares spécimens vivants de homard bleu qui sont le symbole du Nouveau Brunswick. La proportion de homard bleu est d’environ 1 sur 4 millions… Nous sommes enfin arrivés à Caraquet, plaisante capitale de l’Acadie, sur les bords de la Baie des Chaleurs. L’Acadie c’est un peu la cerise sur le gâteau pour les touristes français. C’est là que l’on peut le mieux mesurer l’attachement qui lie les habitants à leur histoire qui est aussi un peu la notre, les Acadiens sont majoritairement des descendants des colons français originaires de la région Charente-Poitou et leurs noms de famille sentent bon la vieille France.
Le lendemain matin, visite incontournable du Village Historique Acadien où ont été regroupées plus de 40 maisons et bâtiments authentiques qui abritent des interprètes en costume d’époque qui redonnent vie à cet immense village témoin du quotidien difficile des acadiens quand ils revinrent au pays.
Les femmes travaillent à la maison, font cuire le pain dans leur four à pain ou font mijoter le fricot dans la cheminée, les hommes sont aux champs avec les bêtes ou exercent leurs différends métiers, maréchal-ferrant, menuisier, tailleur de tuiles en bois, la maîtresse d’école est devant son tableau noir, les barils de clous et les pièces de coton attendent le client au petit magasin général qui propose l’essentiel de ce qu’on pouvait avoir besoin à cette époque…
Petite mais importante parenthèse historique, l’Acadie c’est cette partie du Nouveau Brunswick dont sont originaires les Acadiens, ces français qui furent les tous premiers colons à débarquer au Canada. Mais quand en 1713 Louis XIV céda cette partie du Canada aux anglais, les Acadiens refusèrent de prêter allégeance à la Couronne Britannique pour deux raisons majeures, garder leur foi catholique et conserver leur langue française.
Alors en 1755 les anglais pour récupérer les belles terres défrichées par les Acadiens décidèrent de déporter violemment toute la population acadienne vers d’autres horizons (Louisiane entre autres) avant que un demi siècle plus tard certains de leurs descendants commencent à revenir tout en étant traités comme des citoyens de 2ème zone pendant longtemps avec interdiction de l’enseignement en français et d’utiliser cette langue publiquement. Mais leur farouche volonté a finalement été couronnée de succès et ces temps sont révolus.
Et partout on peut voir flotter le drapeau acadien, notre tricolore bleu-blanc-rouge frappé d’une étoile dorée symbole de leur foi catholique, l’étoile pour la Vierge Marie et le doré pour rappeler la couleur du Vatican.
Ce drapeau est omniprésent et flotte devant la plupart des maisons. Un phare, des bateaux, du mobilier extérieur sont ainsi peints aux couleurs acadiennes. Actuellement on compte environ 300.000 acadiens au Nouveau Brunswick pour plus de 3.500.000 éparpillés sur le globe. Et tous les 5 ans a lieu le Congrès Mondial Acadien qui fait se réunir des milliers d’Acadiens.
Le prochain congrès va avoir lieu du 10 au 24 août prochain au Nouveau Brunswick et sur l’Ile-du-Prince-Edouard qui lui fait face.
Les Acadiens sont très fiers de leur passé, et tous les ans le 15 août (la fête de la Vierge a été choisie comme fête nationale de l’Acadie) à 17h55 commence le « Tintamarre ». Pendant une heure toute la population habillée aux couleurs acadienne utilise tout ce qu’elle peut (cloches, sirènes, casseroles…) pour faire le plus de bruit possible. L’heure choisie 17h55 correspond à l’année de cette déportation qui faillit les faire totalement disparaître.
Pour ce voyage, nous avons été accompagnés par Serge un représentant du Ministère dont l’accent Acadien ajoutait une touche supplémentaire de charme à ce grand périple qui n’en manquait pas par ailleurs. Et pour compléter notre groupe, nous avons été rejoints par Marc Menetier, le directeur du bureau Jonview de Montréal et Régis Novi, le représentant de Jonview pour la France, la Belgique, le Luxembourg et l’Italie.
Jonview est une des plus grosses sociétés réceptives au Canada. Jusqu’en 2017 c’était une filiale d’Air Transat, avant d’être cédé à HIS, une société japonaise dont l’objectif est de développer en complément une clientèle originaire d’Asie. Jonview a toujours voulu rester fidèle à ses clients tour-opérateurs, c’est pourquoi il ne travaille qu’avec des T.O. (groupes et individuels) et ne prend pas de commande en provenance directe d’agences de voyages. Sa grande connaissance du pays se résume à l’envie d’être le réceptif canadien « zéro litige! », ce qui est un plus pour le marché « groupe ».
Pour Yolande Brun (agence Vanille-Voyage à Vienne) qui avait déjà visité la province de Québec, le Nouveau Brunswick fut « presque comme la découverte d’un autre pays ». De son coté, Céline Santana (TUI France) voyait le Nouveau Brunswick comme un pays « vrai, chaleureux, accueillant, gourmand, impressionnant et c’est un bouillon de cultures ». Quant à Eve Thouillez (Ailleurs) ce fut « un voyage super extraordinaire, avec la nature, les gens, la beauté, la sympathie. Un voyage à faire, à refaire et à approfondir ! ».
Frédéric de Poligny