Le Comité du Patrimoine mondial s’est réunit hier dimanche à Bahreïn pour choisir les nouveaux sites qui intégreront la Liste du patrimoine universel de l’ Unesco, bénéficiant ainsi d’une image prisée.
L’examen de trente sites est à l’ordre du jour de la réunion de Manama prévue du dimanche 24 juin au 4 juillet. Cet examen doit commencer le 29 juin et pourrait se poursuivre les deux jours suivants.
La majorité (22) sont des sites culturels, allant d’un terrain de chasse Inuit au Danemark à une oasis en Arabie Saoudite, en passant par un ensemble victorien et Art déco en Inde. Cinq sont des sites naturels et trois mélangent les deux caractéristiques.
L’enjeu n’est pas mince pour les postulants : l’inscription les classe au nombre des patrimoines d’une valeur « exceptionnelle« , de nature à attirer les touristes, en sus d’aides financières éventuellement possibles.
Mais elle suppose aussi des efforts pour maintenir l’intégrité du bien, résister à l’urbanisation, conserver les écosystèmes etc. Faillir expose à un retrait de la liste. Un tel retrait a eu au moins deux précédents mais reste rarissime.
Chefs d’oeuvre en péril
La barrière de corail du Belize, deuxième plus grande au monde après l’Australie, devrait sortir de la liste du patrimoine mondial en péril, où elle figure depuis 2009, grâce aux mesures prises et notamment à la dernière, fin 2017: l’abandon de l’exploitation du pétrole en mer.
Au Kenya, le lac Turkana pourrait à l’inverse être estampillé « en péril« , après la construction d’un barrage en Éthiopie qui a eu « un grave impact », souligne-t-on à l’Unesco.
« Gibe III », le barrage hydroélectrique le plus haut d’Afrique (243 m), inauguré par l’Éthiopie fin 2016, a été construit à plusieurs centaines de kilomètres au nord sur l’Omo, affluent éthiopien du lac Turkana, faisant baisser le niveau du lac et interrompant les crues saisonnières essentielles au cycle de reproduction des poissons.
La réunion de Bahreïn devrait aussi servir à lever des fonds pour une institution aux abois. Le fonds du patrimoine, abondé par 1 % de la contribution à l’ Unesco des 193 pays membres, « est au même niveau que lorsque j’ai commencé à travailler ici en 1991, à 4 milliards de dollars par an. À l’époque, c’était pour 250 sites, aujourd’hui, 1.073« , a souligné Mme Rössler.
« La situation est très grave« , a estimé la responsable dont une des activités consiste à chercher des fonds extra-budgétaires.
D’autant que le contexte général pour l’ Unesco est politiquement compliqué, avec notamment le retrait annoncé l’an dernier des États-Unis.
Grave pour le fonds, la situation est aussi « assez grave dans les sites« , a-t-elle ajouté, citant en exemple le parc des Virunga (est de la RDCongo) affecté par l’insécurité, où plusieurs personnes ont été tuées –dont une ranger– ou enlevées cette année.
Une soirée est prévue à Manama pour recueillir des fonds pour les familles des victimes et pour sauvegarder les Virunga. « C’est une bonne occasion, c’est le plus grand comité qu’on a à l’Unesco. »
L’an dernier, 3.000 personnes s’étaient inscrites pour la 41e session à Cracovie (Pologne).