Face aux nouveaux enjeux économiques, environnementaux et sociaux, le tourisme de demain se réinvente. Voici la suite des tendances, présentées hier par Armelle Solelhac : https://www.laquotidienne.fr/les-8-tendances-pour-le-futur-du-tourisme-dici-2030-1ere-partie/ [1]).
Tendance n°5 : Le «green tourisme » ou le tourisme utile pour satisfaire la quête de sens
L’expérience de voyage doit (re)donner du sens, voire avoir un objectif utilitaire, qu’il soit social, environnemental, humanitaire, solidaire, éthique, etc.
Les touristes en montagne souhaitent désormais vivre une expérience authentique qui permet de préserver l’environnement et/ou d’améliorer les conditions de vie des populations locales, plutôt que de résider dans des stations construites ex-nihilo manquant d’authenticité.
Les préoccupations environnementales sont au cœur de nouvelles attentes des visiteurs :
– 68 % des touristes dans le monde déclarent préférer se rendre dans des destinations écoresponsables.
– 87 % des voyageurs déclarent qu’ils préféreraient voyager d’une manière pouvant favoriser la réduction de leur impact sur l’environnement.
– La plupart auraient aimé réserver dans des hébergements écoresponsables.
Le tourisme solidaire et éthique consiste à proposer une expérience en coproduction avec les habitants.
C’est une immersion au plus près des populations locales, pour apprendre un mode de vie différent et questionner la société de consommation.
Une destination « écotouristique » doit répondre à 5 critères
: 1. Adopter une démarche de valorisation touristique respectueuse de l’environnement ;
2. Proposer des activités d’observation et d’interprétation du milieu naturel et du patrimoine culturel ;
3. Générer une expérience touristique authentique et personnalisée ;
4. Faire participer activement les communautés locales au développement de la destination ;
5. Contribuer équitablement au bien-être socio-économique des communautés locales.
Tendance n°6 : Le « micro » tourisme
Small is beautiful ? Notre société prend conscience qu’à petit feu la surconsommation nous endette, nous encombre et nous consume… ainsi que notre planète !
Le minimalisme est dans l’air du temps et tout ce qui est petit, court, rare, unique, original et marginal semble avoir le vent en poupe :
Micro-aventures ou comment vivre une « aventure » en plein air d’une nuit à quelques jours près de chez soi;
micro-vacances : séjours courts de 1 à 4 nuits (mid-week ou week-end), souvent planifiés moins de 6 jours à l’avance (plus de 2 personnes sur 5 feraient leur réservation sur mobile, selon Expedia) pour rompre rapidement avec le quotidien, partir plus souvent et visiter plus de destinations;
micro-appartements et micro-maisons pour vivre des vacances minimalistes et s’assurer un retour à l’essentiel;
micro-attention et micro contenus : 8 secondes maximum;
micro-concerts et micro-festivals avec une programmation permettant la découverte de nouveaux artistes, un nombre de spectateurs très limité, une ambiance intime, une authenticité et une expérience exclusive;
micro-musées pour rapprocher l’art des citoyens, démocratiser l’accès aux œuvres, notamment par le numérique ou en version pop-up.
Ils sont modulables, temporaires, ludiques et visent à provoquer rencontres et échanges.
Idéal au regard des mesures sanitaires à respecter en matière de rassemblement !
Tendance n°7 : Le tourisme de « l’urgence»
Le tourisme de l’urgence couvre aussi bien le tourisme « de la dernière chance », identifié depuis 2010, que le tourisme de revanche apparu depuis la crise du coronavirus.
Les effets de « surconsommation» touristique de ce dernier devraient s’éteindre d’ici à 2025.
Le tourisme de la dernière chance est, quant à lui, une pratique touristique morbide consiste à visiter un lieu avant qu’il ne soit irrémédiablement modifié ou à observer des écosystèmes qu’on sait potentiellement condamnés à disparaître à moyen terme sous l’effet des changements climatiques globaux (ex: visite de la grande barrière de corail en Australie, découverte des ours polaires au Canada, etc.).
Les premières occurrences de l’expression proviennent de la littérature anglophone en 2010.
Paradoxalement, si le tourisme de la dernière chance est pratiqué de façon excessive, il peut aggraver les pressions sur l’environnement.
Néanmoins, dans d’autres cas, il peut contribuer à sensibiliser le public, voire à financer des programmes de préservation environnementale.
Tendance n°8 : Le tourisme «régénératif»
Le tourisme tend à devenir «régénératif», c’est-à-dire que les touristes souhaitent laisser la destination qu’ils ont visitée dans un meilleur état qu’ils ne l’ont trouvée à leur arrivée.
Il faut donc dépasser les grands principes du développement durable en matière de tourisme, qui–pour l’OMT–impliquent de :
– Faire un usage optimal des ressources environnementales ;
– Respecter l’authenticité socio-culturelle des communautés d’accueil ;
– Garantir des activités économiques viables à long terme.
L’une des clés pour y arriver est de changer de perspective et non pas de se demander «comment voyager en faisant le moins mal possible ?», mais plutôt « comment voyager en faisant profiter le territoire et en le rendant meilleur ?».
Ainsi le touriste, simple consommateur passif, se transforme en un véritable consomm’acteur.
Cette approche holistique et transformationnelle passe par la compréhension, la conscientisation, la création et la participation de tous. Elle passe aussi par l’acceptation d’un changement de paradigme
Quelques clés du tourisme régénératif :
– Sensibilisation des touristes, incitation au respect de l’environnement, des locaux et de la culture, notamment en faisant signer une charte de bonne conduite du visiteur;
– Contribution financière à la préservation des lieux fréquentés,
– Fermeture de certains espaces trop endommagés si nécessaires,
– Mise à disposition de moyens de transport moins polluants,
– Refus d’exporter les espèces endémiques,
– Interdiction d’importer des espèces animales ou végétales invasives pour préserver les écosystèmes fragiles locaux.
La satisfaction des nouvelles attentes des visiteurs, la planche de salut des acteurs du tourisme
« La production touristique se résume trop souvent à une production logistique. Or, mettre la composante humaine au cœur de l’offre touristique n’est pas inclure du service dans de la logistique, c’est construire la logistique autour du service » selon Christian Delom, secrétaire général de A World For Travel.
La satisfaction des nouvelles attentes des visiteurs est la seule garante de la pérennité et de la rentabilité des entreprises touristique, et ultimement de l’avenir de l’industrie touristique tout court.
Armelle Solelhac, PDG du cabinet de stratégie SWiTCH & Conférencière