Les ADM : Arnaque ou technique subtile de tarification aérienne


C’est Stéphane Abitbol, du groupe Marietton Developpemnt, un éminent spécialiste de la billetterie aérienne, qui nous a alerté sur la question des ADM. Cet acronyme, en anglais de Agency Debit Memo pourrait s’expliquer en gros par une « amende appliquée par les transporteurs aériens concernant les anomalies tarifaires qu’ils constatent« .

Mais pour les agents de voyage en colère, c’est un peu compliqué, car le « churning » a un fondement légal réel.

La seule chose à connaitre c’est savoir si les compagnies pratiquent cette technique pour permettre à leurs clients de prolonger la date d’émission de billet qu’ils émettent en leur faveur ce qui est effectivement anormal. Ou qu’il soit abusé par les clients qui dans certains cas réservent eux-même leurs vols (business travel) ?

La répétition volontaire d’une réservation aérienne est considérée comme une manière abusive de prolonger la date d’émission d’un billet d’avion. En anglais, le churning.

La loi l’assimile à une forme de cavalerie consistant à multiplier les ventes pour percevoir des commissions indues. Un terme issu d’une pratique financière qui consiste à déplacer des avoirs de clients sans justification économique pour les clients.

Pour les compagnies aériennes, le seul fait d’annuler et de refaire de nouvelles réservations, que ce soit un même dossier, ou sur des dossiers différents, est ce que l’on appelle le churning. Opération qui est considérée comme une tentative de prolongation de la date limite d’émission du billet d’avion.
La répétition volontaire de réservation est de ce fait formellement interdite et engendre l’envoi d’ADM de montants variables.

Cette règle a un fondement légal réel, mais elle n’est pas systématiquement appliquée par les compagnies aériennes. Dès qu’elle l’est, elle étonne toujours les agents de voyages à l’origine du churning et leur client si le montant de l’ADM leur est répercuté.

La subtilité de la tarification aérienne

« L’ivresse de la relativité des choses humaines : le plaisir étrange issu de la certitude qu’il n’y a pas de certitude. » Milan Kundera.

Il doit bien encore exister des professionnels qui ont connus les subtilités de la tarification aérienne manuelle. Des billettistes qui calculaient des tarifs en utilisant les HI, les points fictifs. Tous ces artifices qui permettaient d’obtenir les meilleurs tarifs possibles. Ils comprendront plus facilement mon propos.
Le Telegraph épingle British Airways et une dizaine d’autres transporteurs plus Anglo que Saxons qui, selon le journal et les consommateurs, arnaquent les passagers ayant raté vol de départ.

L’arnaque présumée consisterait à annuler systématiquement les réservations des vols retours des passagers « no show » à l’aller. Pour les contraindre à acheter un nouveau vol à un tarif haute contribution.
Circonstance aggravante, les compagnies bloqueraient les passagers en difficulté en effaçant leurs PNR des systèmes de réservation.

Fort de ce constat, les associations de consommateurs locales demandent aux transporteurs concernés de supprimer de leurs conditions de vente, les clauses de « no show » qui consacrent cette pratique présumée être abusive.

Des transporteurs qui s’auto-permettent de remettre sur le marché le siège du vol retour ou de la correspondance d’un passager « no show. » et de ne pas le rembourser dans tous les cas de figure.

Il faut rappeler que le billet d’avion est un contrat de transport. Dès lors qu’il est émis, il est appartient à la personne qui l’a réservé. Dans ce cas, le même siège est vendu deux fois. En droit français une telle pratique serait impossible selon le principe de droit romain : « non bis in idem. »

Le plus souvent, c’est à l’aéroport de retour, que les passagers découvrent que leurs réservations retour n’existent plus. Se trouvant placés devant un fait accompli, certains ont déboursés jusqu’à 2 685£ pour pouvoir rentrer chez eux.

Une double peine. Une décision unilatérale qui profite au seul transporteur précisent les associations de consommateurs.
Face à ces critiques, certains transporteurs mis en cause se défendent comme ils le peuvent. La plupart mettent en avant que cette clause est pour eux un moyen de lutter contre certains abus tarifaires. Que dans certains cas les voyageurs achètent deux billets d’avions à bas prix qui coutent moins chers qu’un aller-retour.

La bonne vieille technique dite des « billets croisés. » Mais, si elle est possible, c’est bien que la politique tarifaire des transporteurs l’autorise ?
Certaines compagnies, et non des moindres comme Ryanair et EasyJet utilisent cette technique bien qu’elle ne soit pas précisée dans leurs conditions de vente.
Pas vu, pas pris ?

Le magazine Which à écrit a 9 compagnies aériennes en leur précisant que cette pratique était potentiellement abusive et contraire à l’article 62 du code de la consommation anglais.

Comme d’habitude les réponses furent politiquement correctes, du style : « plus de 45 millions de consommateurs voyagent annuellement sur nos lignes ce qui semble suffisant pour prouver notre loyauté. Beaucoup de nos tarifs permettent de modifier leurs vols. Si les passagers nous informent de leur annulation avant leur départ. S’ils ont vraiment raté leur départ, nous protégerons leurs vols de retour. Il est d’usage que les coupons de vol soient utilisés dans leur ordre d’émission. Les passagers valident cette condition lorsqu’ils effectuent leurs réservations. »

Consacrant l’adage : « C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule ».
Bref, il sera intéressant de connaitre le résultat final de ce bras de fer. Nous aurons peut être l’occasion d’en reparles d’ici pas longtemps.

François Teyssier





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