[1]Je vais me permettre de te tutoyer d’emblée ma douce et charmante Julie.
En tout bien tout honneur, car nous n’avons pas le même âge. Mais j’ai toujours adoré aider de mes conseils les jeunes et jolies vendeuses qui font face à des clients qu’elles aiment et chérissent par-dessus tout. Le plus souvent c’est bien, parfois, c’est dramatique.
Car tu le sais ma Julie, certains clients sont tellement opportunistes : les « serials claimers », que vendre des forfaits peut devenir dangereux. Pour le portefeuille du « big boss. » et ton ego de vendeuse compétente.
A ce sujet, j’ai entendu, il y a peu de temps, une brillante et efficace avocate. Une « pointure » spécialiste reconnue de notre beau métier considérer que 850€ était un bon niveau de négociation pour satisfaire les prétentions d’un client qui rentrait d’un voyage en Tunisie où il avait passé deux semaines pour 524€.
Mécontent de la qualité de son séjour, il sollicitait, preuves à l’appui, 2000€ de dommages-intérêts à son agence plus le remboursement du son séjour. Il ne manque pas d’air ! Mais dans le contexte actuel, tout est possible.
Envisager de donner 850€ à un client opportuniste est un pretium doloris qui me semble surréaliste, insensé. Surtout lorsqu’il s’agit d’un tel produit. Mais c’est hélas bien la réalité d’une société de plus en plus juridisée.
Alors que la rémunération perçue pour le faire voyager est à peine supérieure à 70€. Moi, je trouve cela tout simplement inacceptable.
Et toi, tu en pense quoi ma jolie Julie ?
Dire que le consommateur est supposé être en excès de faiblesse face au surpuissant professionnel. La vie est vraiment mal faite pour les vendeurs de tourisme.
Soucieux de t’aider, je vais me permettre de te donner un conseil efficace. Tu sais celui d’un vieux singe à qui l’on n’apprend plus à faire des grimaces.
Désormais, tu proposeras systématiquement à tous tes clients le meilleur hôtel de la destination de son choix. Un établissement sélectionné parmi la production du T.O. réputé être le plus fiable du marché. L’établissement qui aura le plus de chances de satisfaire tes clients. Le must.
Après tout, tu ne feras qu’exprimer ton choix. Celui de la vendeuse très professionnelle et déjà expérimentée que tu es.
Ton conseil avisé pour que tes clients passent les meilleures vacances possibles. C’est d’ailleurs pour cela, et tes beaux yeux bien sûr, que tes clients t’apprécient et viennent te voir à l’agence.
En plus, je te rappelle la loi t’impose une obligation de conseil (et d’information.)
Bien sûr, la plupart des clients opteront pour un « petit prix » plus convenable à leur portefeuille. Le type de produit qui engage potentiellement le plus ta responsabilité et minore ta commission.
Mais toi, ma Julie, maligne que tu es, tu annoteras ton B.I sous la rubrique [Conditions Particulières] comme suit : « Vente réalisée à la demande expresse de l’acheteur, en dépit des conseils du vendeur. »
Le reflet de la vérité. En tout cas, la tienne.
Une convention qui deviendra contractuelle à la signature du contrat de vente et qui ne facilitera pas les éventuelles velléités de réclamation des « serial claimers. »
Un petit truc de métier qui a déjà fait largement ses preuves.
Ton dévoué protecteur,
Lucius Maximus,
Sénateur indépendant