Ida Gomez Llanos était hôtesse de l’air à Delta Air Lines. Nous ne parlerons pas de son âge, cela ne se fait pas avec une dame. Disons qu’elle a servi sous onze présidents des États-Unis d’Amérique. Soit à peu près de 58 ans de bons et loyaux services dans la même compagnie. Un bail qui débuta en 1962. Soit plus que l’âge de départ à la retraite des employés de la SNCF.
Mais, ce qui aurait pu être une belle histoire s’est terminé brutalement. Sans doute pour de sordides et obscures raisons financières avec une bonne dose de jalousie. La brutalité du capitalisme sauvage dans toute sa splendeur et de la noirceur de l’âme humaine également.
Au pays de dollar roi, le temps aidant, elle avait un salaire légèrement supérieur à 20 000 $ par mois. Ce qui sans doute faisait des envieuses et des envieux parmi ses jeunes collègues de travail.
Sa longue carrière qui vient de s’arrêter d’un seul coup, au motif d’avoir volé un carton de lait à bord d’un avion. Un bien triste épilogue.
Les conditions de ce qui semble être un larcin, de semble pas claires. Il ressemble un peu à celui commis par Jean Valjean, qui n’a pas toujours été un misérable, mais qui lui, avait été envoyé pendant 5 ans aux galères. Autres temps, autres mœurs.
Enfin presque, car la direction de Delta Air Lines l’accuse d’avoir également dérobé des paquets de céréales.
C’est en tout le premier motif qui a permis de finaliser le licenciement de notre hôtesse.
Je reste personnellement persuadé que son salaire annuel de 250 000 $ par an n’est pas étranger à cette situation. Cela représentait quatre fois le salaire moyen d’une jeune hôtesse.
Ce doit être agaçant « à la longue». Et puis, elle avait également quelques privilèges non négligeables comme ceux d’avoir le droit de choisir ses vols et ses dates de rotations.
C’est désormais terminé. Mais, Ida Gomez Llanos n’est pas encore prête à «rendre les armes?» Elle se battra jusqu’au bout avant de prendre une retraite ô combien méritée ?!
Elle attaque en justice son ex-employeur alléguant un licenciement abusif du fait de son âge par le biais d’une campagne discriminatoire de consœurs aigries et jalouses de son salaire. Elle parle de harcèlements répétés du personnel signalés à la direction de la compagnie qui’ n’a jamais rien fait pour faire cesser ces représailles.
Bien encadrée par son avocat Carney Shegerian, du cabinet Shegerian & Associates spécialisé dans les procès de discriminations fondées sur l’âge qui fort d’un taux de réussite de 98 % a déclaré : «Mme Gomez était une employée loyale, diligente et travailleuse depuis plus de cinq décennies. Les actions présumées de Delta Air Lines ne doivent pas être tolérées et le transporteur doit être reconnu comme responsable de la discrimination, des représailles et du harcèlement qui seront allégués lors du procès de la plaignante ?»
À mon avis, il ne me semblerait pas impossible qu’elle puisse obtenir une indemnité de départ de quelques millions de dollars de la part de son ex-employeur. Mais seul l’avenir pourra nous le dire.
Revenons au terrible épisode céréalier précisé ci-dessus. Il a été établi que Mme Ida Gomez Llanos avait soustrait neuf paquets de céréales à la fin d’un vol. Ce qui lui a valu un premier avertissement depuis son entrée dans la compagnie.
Delta Air Lines a fait publier un communiqué précisant :
«Lorsqu’une violation de la politique de l’entreprise est identifiée ou qu’une conduite inappropriée est rapportée, Delta mène une enquête approfondie pour déterminer la marche à suivre. En tenant compte de nombreux facteurs, y compris l’historique de performance de l’employé et la durée de son service. De telles décisions ne sont pas prises à la légère ou sans un examen approfondi par beaucoup. “Isn’t it ridiculus.”
Pendant ce temps, Delta Air lines, la seule compagnie aérienne américaine à ne pas posséder d’avions américains, donc de Boeing 737 Max, a vu ses bénéfices du 2 e trimestre 2019 s’envoler de 40 % et son taux de remplissage frôler les 90 %. Ce qui représente combien de barres de céréales pour la deuxième compagnie aérienne mondiale??
Comme le disait justement William Shakespeare: “Much ado about nothing.”
Bonne et douce retraite à Mme Ida Gomes Llanos. En tout cas, sachez que ce n’est pas un France qu’une telle histoire risquerait d’arriver.
François Teyssier