S’il y a bien une destination difficile à lancer en ce moment, c’est Mayotte. Comme on dit, « globalement » : la paix sociale, l’Islam, l’immigration clandestine, le manque d’infrastructures… les sujets de perplexité ne manquent pas. Et pour une fois, force est de reconnaître que ce n’est pas faux.
Mais quoi !? On appelle les TO à faire des efforts sur des destinations bien plus endommagées, bien plus bouleversées que Mayotte ; on n’hésite pas non plus à dire que les agents de voyages sont trop prudents ou craintifs…
Et pour un département français qui a besoin d’un coup de main, la solidarité professionnelle ne serait pas de mise ?!
Il faudrait sauver le soldat Egypte, le soldat Tunisie, Maroc, Turquie… et ainsi de suite… mais le trouffion Mayotte peut ramer autant qu’il veut, c’est égal !!?
Et bien je crois que c’est une mauvaise idée. Sur le plan strictement professionnel, pour deux raisons essentielles me semble-il. D’abord, Mayotte dispose d’un patrimoine naturel à la fois inexploité et bourré de potentiel. Il y a du Maldives et du Maurice en elle, dans ses paysages, dans sa géographie ou dans son offre d’activités balnéaires.
Ensuite, c’est la France depuis presque 2 siècles (1841) et c’est l’Europe depuis 2011 (« région ultrapériphérique »), ce qui n’a pas qu’une incidence administrative ou formelle.
[2]Voilà de quoi rassurer une clientèle qui fuit le risque et des investisseurs qui ont besoin de garantie solides. Les normes et les lois françaises et européennes, sur le plan fiscal, sur le plan social, alimentaire, sanitaire et autres… y sont aussi normalement respectés que dans n’importe quel département métropolitain.
Et puis c’est aussi l’Euro, une monnaie que nous connaissons bien ; le français comme langue administrative, un « soulagement » aussi, avouons-le, quand on a un problème.
Bref, la destination est loin de notre glèbe natale, c’est évident ; mais c’est aussi la France, comme Tahiti, La Réunion, La Guyane, La Martinique, La Guadeloupe et tous ces petits coins de France qui sont en même temps des destinations longs courriers.
Alors que de nombreux pays se ferment au tourisme sous le poids des circonstances, que nos compatriotes, amateurs chevronnés de dépaysement radical, cherchent sans cesse des nouveautés, en voilà une qui leur tend les bras.
Certes, l’archipel en est encore aux balbutiements de son offre touristique ; elle a peu d’hébergements, peu d’infrastructures aux standard internationaux, mais elle a un potentiel naturel qui peut attirer les investisseurs.
[3]Entre « la mer, la terre et la culture », entre le lac Dziani, l’îlot de sable blanc, les 1100 km 2 de lagon, les nombreux spots de plongé, les traditions populaires, l’artisanat local, entre Afrique et Madagascar, comme le disait lundi dernier, Mouniati Ahamed, chargé de la communication et de la promotion du tourisme de Mayotte, lors du cocktail de présentation offert par l’archipel aux TO et aux agences dans les locaux du Mövenpick Hotel Paris Neuilly, en développant les divers attraits de la destination ; Mayotte est également parfaitement située pour autoriser des combinés, soit avec Madagascar, soit avec La Réunion et/ou Maurice, soit même avec l’Afrique Australe.
De plus, les accès aériens n’ont rien de négligeable. Corsair, XL Airways, Kenya Airways… sans parler d’EWA et de sa maison mère, Air Austral qui vient juste d’inaugurer avec succès un vol direct bihebdomadaire opéré sur un B787 depuis CDG.
Désormais, Mayotte est à 9h45 de Paris… et sans décalage horaire, ou presque…
Conscientes également que des problèmes posés par l’immigrations clandestine, les autorités locales étaient récemment à Paris pour négocier des moyens supplémentaires susceptibles de ramener immédiatement la sécurité générale dans l’archipel.
Elles auraient d’ailleurs été entendues puisque la police et la gendarmerie verront leurs effectifs augmentés. Des équipement radar seront aussi installés pour améliorer la surveillance des côtes.
Alors bien sûr, la destination ne fait que commencer… mais justement, autant la fréquenter sans mesure pour mieux la guider dans ses futurs développements avant qu’elle ne devienne la proie de marchés plus puissants que le nôtre.
Elle n’en sera que mieux adaptée aux désirs du client métropolitain.
9 sites ont été répertoriés et cherchent des investisseurs capables de conduire des projets d’accueil et d’infrastructures touristiques… dans certains cas, les travaux auraient même démarré… prévenait Fatimatie Razafinatoandro, la Présidente du Comité Départemental du Tourisme de Mayotte (CDTM).
Il est grand temps temps de prendre des positions solides à Mayotte.
Bertrand Figuier