Missions adaptocaristisques (suite) ou plus simplement : « démer… toi comme tu peux» !
23 mai 2013 Jean-Pierre Michel Aucun commentaire Chroniques, Transport 2944 vues
A ceux qui ont désormais coutume de suivre avec passion mes feuillets, (bien que trop longs et de très haut niveau culturel) je ne ferai pas l’affront de redire que depuis jeudi dernier, les invités choisis en sont à attendre le bon vouloir des responsables de la circulation dans Lutèce.
Dans une salle souterraine de son Hôtel de Ville, toujours aussi sagement assis, tous sont unis avec chacun au fond de lui la certitude d’être là pour trouver LA solution qui débouchera sur une meilleure fluidité dans les rues de Paris.
Et bien que nenni, tu repasseras dimanche prochain, PR… car pas plutôt effleurés du bout des lèvres les sujets tels que le stationnement des autocars de tourisme… la dépose, la reprise des voyageurs… la circulation et ses contrôles, que se déchainent violement les passions, une mise à feu de grosse Bertha… juste un vacarme inaudible…
Il ne faut que quelques instants pour que les voutes se mettent à trembler sous toutes les exclamations bruyamment exprimées, autant d’opinions parfaitement divergentes, d’appréciations toutes plus antagonistes ou saugrenues les unes que les autres…
Les avis fusent de toutes parts : riverains dérangés, commerçants lésés… organisateurs de congrès peu considérés, responsables de théâtres ou de musées défavorablement situés, guides locaux en verves dans d’impressionnants tourniquets d’hermine… tout ce monde fustige des services de police parisiens de leur affligeante mauvaise foi, évoque les misérables et inacceptables conditions d’accueil des touristes.
Bref, comme chacun a son mot essentiel à rajouter, s’installe rapidement la plus belle cacophonie qui soit dans un pourtant bien bel endroit… le tout vire vite à la foire d’empoigne… l’assemblée semble définitivement hostile à tout projet défendu par la municipalité.
Face à cette fièvre chaude bouillante qui s’est emparée de l’assistance, il faut pourtant bien que la tribune reprenne la main pour faire avaler les décisions du jour soigneusement décrétées par avance, comme déjà dit…
Ce grand moment arrive, les décisionnaires verts-vertige prennent la parole, bien persuadés de leur pouvoir à faciliter la circulation des parisiens depuis la surréaliste mise en place de murets pour les couloirs de bus…
Taratata ! Roulez tambours… Ouvrez le ban :
– « Notre ambition à nous, Mairie de Paris, serait de faire en sorte que tous les autocars déposent leurs voyageurs en un parking unique organisé à cet effet à Bercy, lesquels utiliseraient ensuite des navettes fluviales pour se rendre au centre de la ville… ».
Il faut avoir entendu çà de ses propres oreilles, car ça peut pas s’inventer…
Un véritable remake de « La traversée de Paris », Bourvil et sa petite valise en plus grand…
– « Il a également été envisagé de faire stationner les autocars aux entrées de Paris, sur des parkings d’autoroute, depuis lesquels les voyageurs seraient acheminés vers le centre ville… »
Aurait on a oublié de nous dire de quelle manière ?… avec d’autres autocars ? »
J’vous dis, vaut mieux entendre çà que d’être sourd…
Stupeur ! Silence ! Comme dans les grands moments de l’histoire, l’émotion gagne l’ensemble des invités… et chacun retient son souffle.
L’assemblée pour le coup est stupéfaite, imaginant des touristes très jeunes ou plus trop jeunes, visiteurs étrangers… bagages à la main, débarquant sur les berges de la Seine sans la moindre idée de l’endroit où ils se trouvent.
Franchement, à votre avis… pouvait-on inventer meilleure solution pour vider Paris à tout jamais de ses envahisseurs ???
Ceux qui pouvait espérer en arrivant, que les autocars de tourisme circuleraient un jour dans les couloirs de bus pour soulager la circulation, t’en étais pour tes frais… Si t’imaginais qu’ils auraient enfin la possibilité de déposer leurs passagers devant chaque hôtel, restaurant, musée, lieu de visite… déception !
Enfin, pour conclure, tandis que la fureur gronde dans le couloir et que… Monsieur le maire quitte l’assistance… les vraies dispositions éclatent enfin !
« Mesdames, Messieurs, la municipalité de Paris a pris les décisions suivantes :
1° : Création d’un forfait de stationnement pour faciliter et encourager l’usage des parkings existants,
2° : Interdiction de stationnement aux autocars hors parkings prévus à cet effet,
3° : Réservation des places de ces dits parkings payants faites par avance, par internet,
4° : Affichage d’une affichette « sésame »qui sera placée à l’avant de l’autocar,
5° : Contrôle renforcé du respect de la réglementation du stationnement. »
Et vlan… fermez le ban ! Voilà, y fallait du solide, du lourd, du concret… Sont pas déçus les mecs !
Depuis, bien d’autres réunions se succédèrent, suivirent aussi, à grands frais s’entendant, des études réalisées par des experts… aussi vifs qu’un bataillon de lémuriens anesthésiés… pour définir les lieux de pose et de reprise des voyageurs et améliorer les modes de réservation par internet…
Alors, vous demanderez vous légitimement, puisse que c’est avec vos sous… qu’en est-il au juste aujourd’hui, dix ans après ?
Simple comme Candide… Il existe toujours 574 places de parking dans Paris dont 213 sur la voie publique, 46 zones d’arrêts dépose-reprise au total pour desservir toutes les zones touristiques, ce qui sous-entend une valse continue pour parfois 2.000 cars en mal de stationnement.
Et la promesse de mise en place d’agents d’accueil pour orienter des conducteurs vers les stationnements disponibles… comme affirmé ? Aucune trace !
Par contre, une recrudescence… que dis-je, une avalanche de procès-verbaux à la mise en œuvre de ce procédé magique et moderne qu’est la photographie électronique. Aussitôt stationné, aussitôt photographié… Ainsi, désormais on piège à qui mieux mieux des contrevenants qui ne font que tourner en rond, jouer à cache-cache avec la marée chaussée, ce qui rajoute encore à l’impression d’envahissements pour les parisiens, mais aussi à la fatigue et au stress des conducteurs !
La Fédération Nationale des Transports de Voyageurs est revenue à la charge le 7 février dernier pour réitérer à la Mairie ce constat incontestable de manque de places de parking, dénoncer une tarification prohibitive, une chasse effrénée sur les lieux de « dépose-reprise » devenus « photo-verbalisation », et rappeler la nécessité d’utiliser les couloirs de bus pour fluidifier le trafic…
Les représentants de la Mairie se sont dit à l’écoute tout en souhaitant retisser un lien plus fort avec les autocaristes… Ouf ! On a eu la trouille…
Enfin quoi, dix ans après le conducteur d’autocar de tourisme est toujours le personnage le plus traqué, pourchassé, poursuivi, abhorré, maudit, dans cette bonne ville de Paris… Cité des Lumières !
Mais par contre, ceux qui découragent les conducteurs, leurs touristes, les guides, etc… parce qu’ils s’en foutent royalement… franchement, eux ce ne sont pas des lumières, on leur souhaite qu’ils soient juste un instant, un instant seulement mis au volant d’un car de Tourisme…
Tiens, mais au fait… et si on parlait de ces super mecs là, hein ?
(À suivre : les aventures d’un héros, super conducteur d’autocar de tourisme).
Jean Pierre Michel
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