Quatre nouveaux paquebots géants ont été commandés par le croisiériste MSC aux chantiers STX France de Saint-Nazaire, venant enrichir de près de 4 milliards d’euros le carnet du constructeur français déjà bien rempli.
La commande a été confirmée mercredi par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, et l’objet d’une cérémonie à l’Elysée entre François Hollande et les responsables du groupe italo-suisse MSC Croisières et des chantiers de STX France, dont l’Etat détient 33%.
[1]C’est « la confirmation sonnante et trébuchante de contrats qui doivent être évalués à quatre milliards d’euros » et « représentent un plan de charges jusqu’en 2026 » et « 3500 emplois ». « C’est une nouvelle très importante, une très très bonne nouvelle pour les chantiers de Saint-Nazaire » qui étaient « au bord de la faillite » en 2012, a-t-il ajouté.
Depuis 2003, un total de 12 navires destinés à MSC ont été livrés ou commandés à STX. Le croisiériste en a actuellement quatre en cours de construction, deux de type « Meraviglia » et deux autres « Meraviglia Plus », dont les livraisons sont prévues entre 2017 et 2020.
Les quatre géants des mers supplémentaires – qui formeront une classe de navires baptisée « World Class » – seront longs de 335 mètres et larges de 47 mètres, et proposeront plus de 2750 cabines passagers. Ils seront également équipés pour fonctionner en GNL, du gaz naturel liquéfié.
Ces quatre chantiers représentent un total de 37 millions d’heures de travail, a indiqué une source proche à l’AFP.
François Hollande, en visite à Saint-Nazaire pendant la campagne présidentielle en 2012, y avait pris l’engagement de sauver les chantiers de l’Atlantique.
Depuis, ces chantiers ont engrangé les commandes, au point que STX France a indiqué début mars qu’il envisageait de sous-traiter une partie de sa production ailleurs en Europe.
Le 3 mars, lors de la confirmation d’une commande pour deux précédents navires de MSC, le directeur général de STX France, Laurent Castaing, avait indiqué que l’entreprise avait dû « tasser son carnet de commandes, ce qui fait qu’on va commencer à avoir des périodes où on est au-dessus de notre capacité de production, (…) qui est déjà limitée par la taille des ateliers ».
Un total de 120 paquebots sont sortis en 150 ans des ex-Chantiers de l’Atlantique.
« Le carnet de commandes est déjà extrêmement chargé jusqu’en 2020, avec huit paquebots dont deux très gros. Une visibilité de 8-10 ans, cela ne nous était pas arrivé depuis très très longtemps ». Mais ce retour aux « années fastes » doit se traduire par l’embauche d’ouvriers, a réagi Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée syndicale FO de STX France.
« Aujourd’hui sur le site, il y a 890 ouvriers en CDI, et ce n’est évidemment pas suffisant. Avec un tel carnet de commandes jusqu’en 2026, il n’est plus possible de continuer cette politique de précarisation de l’emploi« , a de son côté déclaré Sébastien Benoît, représentant de la CGT.
Le marché de la croisière ne cesse de croître, et quelque 22 millions de personnes dans le monde ont ainsi pris part à une croisière en 2014 – le nombre de croisiéristes ayant progressé de 68 % en 10 ans, selon l’Association internationale des compagnies de croisières (Clia).
Selon Clia, les contributions totales de l’industrie de la croisière à l’économie mondiale ont atteint 119,9 milliards de dollars en 2014, un chiffre qui englobe les impacts directs comme indirects (soit les salaires, la maintenance, les dépenses en carburant, en nourriture, ainsi que l’achat de biens et de services, etc.).
La compagnie MSC, basée à Genève, a transporté un total de 1,7 million de passagers en 2015, et son objectif est d’atteindre les 3,6 millions d’ici 2021.
Cette annonce intervient moins d’un mois après les débuts en mer du plus gros paquebot du monde, l’Harmony of the seas – 120.000 tonnes, 16 ponts et 362 mètres de long – construit par STX pour l’armateur américain Royal Carribean.