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Nice peut-elle disparaitre du marché du tourisme d’affaire ? Le constat de Denis Zanon

A la tête de l’Office de Tourisme de Nice puis de l’Office de Tourisme Métropole Nice Côte d’Azur durant 14 ans, Denis Zanon a entamé cet été une nouvelle page de sa carrière professionnelle en quittant l’office pour devenir consultant indépendant en évènementiel touristique.

Il porte aujourd’hui son regard sur l’évolution du tourisme à Nice. Pour lui les excellents résultats en matière de fréquentation cet été doivent beaucoup à un rattrapage d’après Covid et non pas à un renouveau de l’attractivité de la destination. Il observe que la clientèle française prédomine alors qu’avant la période Covid la fréquentation internationale était majoritaire.

« En 2019 Nice accueillait 70 % de visiteurs étrangers sur l’année. C’était la seule ville de province à afficher un tel pourcentage dû en partie à la forte desserte internationale de notre aéroport. L’aérien reste prioritaire pour désenclaver Nice comme la Côte d’Azur en raison d’une desserte ferroviaire obsolète et des accès routiers très difficiles. »

L’image de Nice est difficile à modifier auprès de la clientèle. « Pour nombre de nos visiteurs, la ville reste une destination dite classique voire « Belle Epoque », comme peut l’être Vienne en Autriche par exemple. »

Si le classement de l’Unesco en 2021 de « Nice ville de villégiature du tourisme d’hiver » lui semble important, il doit être valorisé comme l’a fait
avec succès Bordeaux.

Il est plus inquiet pour le tourisme d’affaires qui était jusqu’ici l’élément moteur et principal de la fréquentation l’hiver pour les hôtels niçois.

« La ville va démolir Acropolis, le Palais des Congrès en 2023 alors que la structure le remplaçant à l’ouest de la ville près de l’aéroport ne sera
opérationnelle qu’en 2027 voire 2028 compte tenu des retards s’accumulant sur ce projet. »

Sans structure provisoire pour faire la jonction, Nice pourrait disparaître du marché des congrès et salons. 

» En 2021 au sein de l’office on avait étudié cette période transitoire en ciblant séminaires d’entreprises ou lancement de produit susceptibles d’utiliser les salles des grands hôtels, mais rien ne remplace une vraie structure palais des congrès.  Et il faudra bien des années avant que le futur palais des congrès puisse retrouver une activité équivalente à celle d’Acropolis alors même que la concurrence en France et à l’international pour capter la manne du tourisme d’affaires se durcit

» De nouvelles destinations naissent comme l’Arabie Saoudite, l’Australie ou l’Asie du Sud Est dans son ensemble. » Nos voisins comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce , la Turquie avec Bodrum, le Monténégro, Dubrovnik et peut être demain le Maghreb sont plus agressifs.

En France même des villes deviennent des spots importants pour le tourisme d’affaires comme Marseille, Bordeaux, Toulouse ou Lyon. » Bref Nice va devoir trouver assez vite une solution d’autant que nombre d’hôtels ayant misé sur la relance du tourisme d’affaires sortent de terre près de l’aéroport, futur site envisagé pour le futur palais des congrès, mais aussi en centre-ville« .

Propos recueillis par Michel Bovas