Ce qui est sympa dans notre boulot, c’est le sourire de nos clients.
On a beau dire, malgré la crise, les grèves, les intempéries et autres froncements de sourcils, le métier reste une jolie source de satisfactions. Et l’expérience du jour fera que, demain, c’est comme chaussée de petites ailes que je viendrai travailler.
Voici trois semaines, un petit couple pousse la porte de l’agence, s’installe à mon bureau, me demande du soleil, du repos, du sable blanc, bref, le paradis clé sur porte.
Mais pas trop cher non plus (ben oui, c’est la crise, au cas où vous l’auriez oublié).
Clic, clic, clic… Un petit tour du monde virtuel plus tard, la destination idéale pour mes clients semble poindre le bout de son joli petit nez bronzé : Zanzibar.
C’est que, octobre, au bord de l’océan Indien, n’a pas la même senteur pré-hivernale que sous nos grises latitudes. Et l’hôtel offre un service irréprochable, piscine à débordement, chambres tout confort, personnel aux petits oignons.
Regard papillon de Madame à Monsieur, qui signifie : « Oooooh Chéri, dis oui dis ouiiiii ! ».
Monsieur, pas insensible au charme des ailes Rimmel mais pas complètement irréfléchi non plus, clôture l’entretien par un : « Nous allons penser à tout ça à tête reposée, mais je pense que vous nous reverrez très bientôt », sourire promesse à l’appui.
Deux jours plus tard, mon téléphone me gratifie de sa plus jolie sonnerie, comme un signe annonciateur de bonne nouvelle. Las, si mon GSM était devin, ça se saurait. A contrario donc, mon petit couple que je croyais quasi zanzibarais semble se rétracter.
Parce que, mine de rien, les décapitations dont on nous gratifie depuis plusieurs semaines, la crainte des djihadistes, ce climat de terreur dans lequel nous baignons… Tout ça refroidit bien des ardeurs.
La crainte de mon petit couple, en l’occurrence, était celle-ci : Zanzibar étant de confession à 98 % musulmane, les petits chrétiens qu’ils étaient risquaient gros, leur avait-on affirmé, à afficher leur mine occidentale en cette terre forcément hostile – « on en a kidnappé pour moins que ça », ai-je entendu.
Armée de ma plus jolie voix et, surtout, de mes meilleures informations (parce que je me renseigne et je ne raconte pas n’importe quoi, moi, madame), je me suis employée à rassurer mon petit couple.
Google a d’ailleurs été (encore une fois) mon ami, puisque, si vous tapez les mots « Zanzibar » et « attentat » ou « enlèvement » ou « terroriste », vous avez très peu d’entrées concluantes – en la matière.
Au final donc, Monsieur et Madame se sont envolés vers le paradis sur terre, 9 heures d’avion by night. On s’endort en quittant le sol européen, on se réveille au-dessus de l’océan, c’est-y pas beau ?
Douze jours plus tard, ils ont repoussé la porte de l’agence, rayonnants comme le soleil qu’ils avaient visiblement assidûment fréquenté durant leur séjour.
Boîte d’épices à la main (parce que Zanzibar est leur île, après tout), mon petit couple a passé une heure à me raconter l’hospitalité du peuple tanzanien, la virée en quad dans la jungle locale, les sourires des enfants, les mains tendues, les « jambo » (« salut » en swahili) et « karibu » (« bienvenue ») avant de me tendre le safran et consorts, me remerciant de les avoir convaincus. Et me promettant d’y retourner. « Que du bonheur ».
Du bonheur contagieux, puisque mon petit couple a fait ma journée.
Pour un peu, on aurait cru que moi aussi je revenais de là-bas, tant je rayonnais à mon tour. (Cela dit, je sens que je vais y aller aussi, tiens ??)
Hakuna matata !
La bise à tous évidemment.
Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en Voyages