La démission surprise d’Alexandre de Juniac de son poste de PDG d’Air France/KLM aiguise les appétits de beaucoup de membres du microcosme politico-médiatique parisien. Le syndicat CFE CGC et l’UNAC-CGC, avec une audience de 18,11 % tous collèges confondus le plaçant ainsi à la 1ère place des syndicats d’Air France, ne pouvait pas ne pas réagir.
Qui va devenir président d’Air France ?
« A la lecture de certains quotidiens nationaux semblant bien renseignés », explique Ronald Noirot un délégué syndical, c’est l’Elysée qui aurait pris la main sur la nomination de notre futur patron ».
« Et là, on tombe rapidement dans le grandiose, poursuit-il. Il y aurait un favori dans cette course au sésame dont la seule compétence connue serait d’être corrézien !
Il y aurait un second favori qui fût collègue de la promotion Voltaire à l’ENA avec François Hollande !
La CFE-CGC d’Air France ne veut pas croire un seul instant que le sort des 100.000 salariés du groupe AF/KLM soit suspendu à des considérations aussi ahurissantes pour définir l’avenir de notre entreprise et de ses salariés. Les grandes pointures de l’industrie aéronautique qui auraient eu leur place dans ce tableau de nomination ont décliné l’offre devant le montant ridicule de la rémunération.
Où est l’époque pas si lointaine où Air France faisait rêver ?
« Monsieur le Président de la République, la CFE-CGC ne peut pas croire un seul instant que vous puissiez vous abaisser à de viles copineries quand l’enjeu est le devenir de 100.000 salariés malmenés depuis 8 ans dans la recomposition du transport aérien mondial.
Alors, pour vous ramener à plus de clairvoyance dans ce rôle auto-attribué de sélectionneur du futur PDG de notre Compagnie, permettez-moi quelques conseils qui me semblent judicieux avant que vous ne preniez votre décision.
Pour la CFE-CGC, le futur patron d’AF/KL doit être issu de l’entreprise. Nous sommes actuellement en pleine tempête.
On ne peut plus se permettre d’attendre encore 6 à 8 mois, un béotien qui mettra ce temps pour découvrir notre entreprise et comprendre sa philosophie. Ce laps de temps nous serait fatal. Il faut fédérer toutes les composantes du corps social de l’entreprise.
Il y a urgence à définir un plan industriel ambitieux.
Il faut ramener nos collègues bataves dans le giron de la Holding avant qu’ils ne perdent patience devant nos atermoiements.
Le seul dirigeant français qui ait l’aval des hollandais de KLM en même temps que la majorité des partenaires sociaux français avec les compétences nécessaires pour diriger le groupe AF/KL est déjà dans nos murs. Il a une grande expérience d’Air France depuis 20 ans, a travaillé chez KLM pendant 7 ans.
Ayant fait ses preuves dans l’animation des ailes françaises, ce dirigeant n’aura pas besoin de période d’observation pour travailler à des solutions lourdes à prendre mais urgentes et indispensables à notre survie.
La restructuration de notre compagnie doit être le fruit d’un consensus validé par toutes les composantes sociales de l’entreprise.
C’est tellement difficile à réaliser que seul, en interne se trouve cette compétence qui nous donnera le coup de fouet salvateur pour reprendre l’initiative perdue depuis trop longtemps.
« Monsieur le Président de la République, ces conseils sont ceux d’une frange importante des salariés d’Air France qui ne comprendraient pas que vous puissiez faire un autre choix.
Tous les exemples nous montrent que les grands capitaines de l’industrie aéronautique mondiale sont issus du creuset de l’entreprise dans laquelle ils ont grandi. Pourquoi y aurait-il une exception française qui voudrait que l’on nomme des « politiques sans compétence» pour diriger un secteur aussi essentiel de l’économie de notre pays ».