Notre profession le vit : il semble de plus en plus difficile de recruter un (vrai) agent de voyages. « Vrai » parce que, oui, il est aisé de trouver des « candidats à n’importe quoi » pour avoir du travail. C’est bien normal, c’est bien légitime qu’un chômeur tape à toutes les portes pour tenter de trouver un emploi. Mais, un employeur voudra recruter un « vrai » agent de voyages, qui sait ce qu’est cette profession, qui a envie de vendre des séjours, des croisières, des billets d’avion, de train, des locations de voitures, …
Revenons à la base : la formation (le BTS tourisme)
J’interviens dans plusieurs établissements pour aborder la commercialisation BtoB dans le tourisme. Lors de mes premières formations, pour briser la glace, je faisais un tour de table et demandais ce que voulaient faire les élèves à l’issue de leurs études.
[1]J’ai arrêté très vite ; les réponses étaient « chef de production » (55 %), « hôtesse de l’air » (20 %), puis en vrac : guide conférencier, responsable en hôtellerie, et autres métiers tous honorables, mais … peu, très peu indiquaient vouloir être agent de voyages.
En fait la façon de décrire ce métier, lors des études, ne donne pas franchement envie. Un chef de production peut faire rêver : on « invente », on construit un voyage (et l’étudiant pourra le bâtir selon ses propres gouts bien sur …) « Hôtesse de l’air » c’est la promesse d’exotisme, de contrées lointaines, de tours du monde, … Qu’importe si tout cela est une fable.
Qu’importe si un PNC débutera le plus souvent en volant sur Ryanair ou Easyjet. Qu’importe si une immense majorité des forfaits concerne des destinations « grand public », il y a une dimension mythologique dans ces métiers.
Et l’agent de voyages ? Il attendra derrière son petit bureau qu’on lui demande un forfait « pas cher » pour une destination méditerranéenne ?
Notre enjeu consiste à revoir le discours global autour de ce métier.
Etre agent de voyages, c’est vendre un moment de bonheur et vendre des souvenirs à venir.
C’est une réelle responsabilité de comprendre ce à quoi aspire vraiment son client, il faut une réelle expertise pour comprendre ce que pourra acheter ce client (en fonction de son budget, de sa négociation familiale, de ses craintes, de ses désirs, …). Et c’est une réelle confiance qu’accorde (que doit accorder) un propriétaire d’agence à cette recrue, peut-être si jeune, peut-être si encore inexpérimentée, mais dont on a détecté un réel potentiel.
Alors un conseil : montrons aux jeunes que nous croyons en eux. Oublions les anciens qui ont tout vu, tout connu, et qui semblent (qui sont) blasés.
Parlons du métier en tentant de faire en sorte que notre interlocuteur écarquille les yeux. Et parlons-en très tôt, lors de leurs études pour leur donner envie et éviter qu’ils ne considèrent ce métier que comme un pis aller.
Investissons ces classes de BTS ; les professeurs sont ravis de recevoir des professionnels. C’est là qu’il faut porter la bonne parole. Sinon, bien peu de ces étudiants comprendront l’intérêt du métier et bien peu, donc, répondrons à nos sollicitations.
Olivier Moracchini
Fondateur et Directeur de VCA,
Société de mise à disposition de force de vente supplétive
pour les professionnels du tourisme