À l’aube de 21 e siècle, une tendance se développe et se généralise : trouver une activité annexe rémunérée. Un job d’appoint pour les fins de mois difficiles. Les stewards d’American Airlines, les plus anciens en tout cas, ont trouvé un moyen aussi rémunérateur qu’illicite au regard des règlements intérieurs de la compagnie pour satisfaire leurs besoins financiers personnels.
Il existe une règle dans la plus grande compagnie aérienne du monde. Les stewards les plus chevronnés (comprendre les plus vieux, lol) ont le droit de choisir en priorité les destinations les plus exotiques, les plus attractives. C’est le privilège de l’âge.
Cet avantage acquis, certains ont détourné cette règle à leur profit financier.
La manipulation est assez simple : tous les mois, ils choisissent les meilleures destinations sur lesquelles ils désirent travailler. En général, des destinations vers des pays exotiques. Le plus souvent, leurs demandes sont satisfaites du fait de leur ancienneté. Jusque-là, tout est normal.
La dérive vient après, car ils revendaient leur droit d’ainesse à des confrères plus jeunes en mal d’exotisme. Une véritable bourse d’échange interne au personnel navigant commercial s’était mise en place, et pas pour un plat de lentilles.
Le cours de ce privilège se vendait en moyenne à 200 US$ la rotation. Ce qui peut rapidement devenir un moyen astucieux lucratif d’arrondir ses revenus.
Les syndicats et la direction de la compagnie se sont rendu compte de cette pratique, d’autant plus qu’elle n’était pas nouvelle.
En 2018, cette pratique avait déjà été réprimandée. « Où l’intérêt domine, la raison a beau parler, elle n’est guère écoutée. »
Actuellement, c’est un effet de la pandémie de Covid-19 qui a remis en exergue cette dérive.
Les destinations lointaines devenant plus rares du fait des interdictions et des restrictions, il était plus facile pour American Airlines de surveiller la composition des rotations de leur réseau.
Les syndicats de navigants et la direction de la compagnie ont émis de sévères avertissements aux contrevenants.
Les pauvres, ils n’auront plus que la possibilité de voyager vers les destinations les plus « glamour » du réseau American Airlines.
François Teyssier