Il est clair que l’effondrement de Thomas Cook (TC) a semé un gros doute dans la profession. La faillite d’Aigle Azur puis celle de XL Airways vont clairement créer des problèmes à certains voyagistes. Si certains professionnels veulent avoir un discours rassurant. Sont-ils vraiment convaincus ?
Pour Thomas Cook : tous les voyants étaient dans le rouge
Il est vrai qu’en regardant les chiffres du groupe et en particulier les dettes, la faillite était inévitable tôt ou tard. Thomas Cook détenait des dettes estimées à environ 1,7 milliard de livres sterling, constituée par des prises de contrôle et des restructurations. Le groupe avait annoncé quelques jours avant la faillite une perte hivernale de 1,5 milliard de £. La bourse aura été également un indicateur car la valeur de l’action avait fait une chute de 95 %.
On veut nous faire croire que le groupe a fait faillite sur des éléments extérieurs
On peut lire ici ou là, que Thomas Cook n’a pas résisté à cause d’éléments extérieurs. On évoque les difficultés causées par les attaques terroristes, l’incertitude entourant le Brexit, la baisse de la valeur de la livre sterling ou la canicule de l’été dernier au Royaume-Uni.
Non ! tous les opérateurs ont subi ces difficultés en même temps ! Il y a bien d’autres raisons !
La déroute de Thomas Cook va bien au-delà de ces éléments
Il y a eu de graves fautes stratégiques. La digitalisation a été un fiasco or un grand voyagiste ne peut survivre aujourd’hui sans une stratégie multicanale. Les fermetures d’agences Thomas Cook, au Royaume-Uni notamment, a pris trop de temps. TC a œuvré trop tardivement sur la constitution d’un portefeuille d’hôtels propre au groupe comme a pu le faire TUI. On doit tout de même se poser la question sur la viabilité de ne vendre que des voyages à forfaits.
Pour Fram-Promovacances ou le SETO : pas de remise en cause
On peut être surpris des propos tenus par René Marc Chikli ou d’Alain de Mendonça via Capital.fr. « La faillite de Thomas Cook laisse une dette importante, qui devrait impacter essentiellement les hôtels et les compagnies de bus, mais l’écosystème des voyagistes n’est pas remis en cause » précise Alain de Mendonça.
Le patron du SETO indique « Il y aura des dommages collatéraux, mais pas de séisme majeur. Quelques agences seront impactées, les plus petites notamment ». On comprend que ces grands professionnels souhaitent rassurer.
Fram – Promovacances vit grâce aux packages et le SETO (le Syndicat des Tour opérateurs) défend les voyagistes dont une bonne partie vend également des voyages à forfait.
Il faut rassurer à tout prix mais le monde change inéluctablement
Il ne faut pas nier que des compagnies low-cost comme Ryanair ou EasyJet ont eu une influence sur les consommateurs. Ils sont de plus en plus nombreux à réserver un billet d’avion pas cher et effectuer une réservation d’hôtel. Trouver des transferts, des excursions, est devenu un jeu d’enfants. Ces compagnies low-cost proposent d’ailleurs ces produits sur leur site internet. Par ailleurs, certains sites généralistes comme Expedia ou Booking.com proposent également l’ensemble des produits.
TUI n’hésite pas à dire que les voyagistes sont sous pression
Dans une interview accordée au média « Hannoversche Allgemeine », Fritz Joussen, le PDG, explique que TUI sera une entreprise entièrement numérique dans cinq ans. Entre autres, le groupe « offrira à l’avenir à ses propres hôtels et aux autres hôteliers une plate-forme leur permettant de commercialiser leurs capacités beaucoup plus individuellement qu’auparavant« .
Enfin, il ajoute clairement que « contrairement à l’industrie hôtelière et du secteur des croisières, l’activité des tour-opérateurs traditionnels est sous pression« .
Le patron du groupe allemand a déjà fermé la plupart des agences TUI en aéroport. Il n’avait pas caché, il y a plusieurs mois, que TUI avait une stratégie multicanale ; c’est-à-dire vendre de plus en plus directement et sur Internet et également via les intermédiaires (surtout pour rassurer ces derniers).
Le destin de XL Airways et les répercussions sur des voyagistes
Le tribunal de commerce de Bobigny a donné sa décision sur l’avenir de la compagnie aérienne XL Airways. Il n’a pas retenue l’offre déposée par Gérard Houa (qui avait déjà tenté de s’emparer d’Aigle Azur), autre transporteur français ayant cessé les opérations. Et malheureusement la compagnie a été purement et simplement liquidée.
Personne n’a osé évoquer les répercussions que vont subir des TO comme Fram – Promovacances et bien d’autres qui se fournissaient auprès de XL Airways. Des sièges et des prix sont nécessaires quand on n’a pas sa compagnie aérienne ; sans parler des avances financières qui auraient pu être faites.
Nous en saurons plus prochainement.
Serge Fabre