A écouter ou à lire les récentes déclarations d’un grand nombre de ‘’ténors’’ du tourisme, 2023 aura été une grande année et 2024 devrait en être de même. C’est donc une excellente nouvelle pour la profession et les salariés qui la composent. A ces déclarations et ces communications, cependant il m’apparaît dommage que personne, du moins à ma connaissance, n’ait soulevé la question qui pourtant est fondamentale quand on aborde, surtout en ce moment, les résultats financiers : où en êtes-vous du remboursement de votre PGE (Prêt garanti par l’Etat) ?
Poste non négligeable dans la gestion actuelle d’une société, principalement quand il s’agit d’une TPE/PME, qu’elle soit du secteur touristique ou autre. Alors qu’en est-il à l’heure actuelle de la problématique des remboursements des PGE ?
Il convient en ce domaine de ne pas faire la ‘’politique de l’autruche’’, cette légende tenace qui voudrait que les autruches cachent leur tête dans le sable pour se croire à l’abri d’un danger qu’ainsi elles ne voient plus.
Pour mieux appréhender la situation actuelle, trois indications majeures :
– la CPME dévoile que près d’un tiers des TPE-PME peinent encore à s’acquitter de leur dette PGE ;
– la Banque de France signale qu’en 2023, près de 55.500 entreprises ont fait faillite soit 34 % de plus qu’en 2022 ;
– Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CPME, observe et révèle que : « les chefs d’entreprise voient l’activité se contracter, ce qui les inquiète forcément. Nous ne sommes pas encore au bord du gouffre certes, mais nous appelons à la vigilance car l’augmentation des défaillances, semble indiquer une phase de retournement de la conjoncture. »
Si dans un communiqué Bercy a indiqué, toujours à propos du PGE, que « dans leur grande majorité, les entreprises ont fait face en 2022 et 2023 au remboursement de leur PGE sans difficulté », le ministère estime quand même que « plus de 50 milliards de crédits ont été intégralement remboursés sur les 107 milliards d’euros octroyés aux TPE/PME depuis 2020 », soit un peu moins de 50 % de ce qu’il reste encore à rembourser… !
C’est sans doute devant de tels chiffres que l’annonce de Bruno Le Maire, de proroger le dispositif d’accompagnement de remboursement du PGE jusqu’à fin 2026, intervient deux jours seulement après cette communication de la Banque de France.
Il convient quand même de rappeler que si le remboursement du PGE reste un impératif parfaitement intégré par les chefs d’entreprise, il se fait principalement au détriment de la rémunération des responsables et des salariés, de l’équilibre de la trésorerie et des investissements.
Si cette prorogation peut être un ballon d’oxygène pour certaines entreprises, et c’est tant mieux. Mais il ne faut pas oublier cependant, et comme l’analyse parfaitement Marc Sanchez, Secrétaire Général du Syndicat des Indépendants et TPE : « Cette formule ne revêt plus d’intérêt concret compte tenu de la montée des taux d’intérêt : étaler le remboursement d’une dette contractée à 1 % sur la base des taux actuels à 4,5% revient in fine à alourdir encore la charge de son remboursement. »
Seule solution, selon lui, : accompagner au mieux les entreprises concernées et militer pour un étalement sur la base de taux au moins identiques à ceux initialement conclus.
Un combat à mener pour nos instances professionnelles ?
Mais…il semblerait que cela soit heureusement inutile aux vues des diverses communications sur les résultats de l’année 2023 et espérances de 2024 de notre secteur…
Je les invite cependant à lire la dernière analyse intitulée ‘’ Le 4ème trimestre 2023, un des pires depuis 30 ans’’ de Thierry Millon, directeur des études de la société Altares : « Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu.
Le mauvais chiffre du dernier trimestre de l’année, un des pires sur trente ans, ne saurait s’expliquer par le seul retour d’une action de recouvrement plus habituelle des URSSAF après une longue période accommodante.
Certes les assignations ont repris fortement sur cette fin d’année mais toutes les procédures ne sont pas ouvertes à l’initiative des URSSAF.
Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises.
Même les plus grands acteurs ne sont pas épargnés, transférant ainsi potentiellement le risque vers leurs fournisseurs et sous-traitants. »
Certes les différentes communications de nos ministres sont optimistes, tout comme celles de nos instances à l’appui des premiers chiffres du secteur, et c’est tant mieux ! Mais cependant restons attentifs et vigilants, même si c’est dans l’air du temps, méfions nous de la politique de l’autruche.
Signé Visumax