Après Expedia, Arnaud Montebourg assigne en justice Booking et croit ainsi, en remettant en cause la parité tarifaire, résoudre les difficultés des professionnels de l’hôtellerie-restauration.
Cependant, les consommateurs continuent toujours d’être trompés par des annonces qui les empêchent d’avoir une relation directe et de toute confiance avec les prestataires de leurs séjours.
72 % des internautes indiquent que le prix est l’élément décisif pour toute réservation. 86 % pensent que, en passant par des sites comme Booking ou Hotels.com par exemple, ils obtiendront jusqu’à 30 % de réduction.
L’idée reçue est bien ancrée. Pourtant elle est totalement fausse.
A l’origine perçus comme de simples annuaires, les portails de réservation en ligne sont devenus des machines à engranger, grâce aux réservations qu’elles enregistrent, des commissions de plus en plus larges reversées par les hôteliers.
En achetant des mots clés autour des marques de leurs clients et en y associant des formules chocs comme « meilleur prix garanti », « prix réduit » ou « offre de dernière minute », ces centrales ont réussi à imposer leur visibilité sur les moteurs de recherche avant même les sites officiels des hôtels et, par leurs accroches, à détourner les consommateurs d’une relation directe avec celui qui doit lui faire vivre une expérience unique.
La fameuse « parité tarifaire » oblige les établissements à proposer le même tarif à service identique sur les portails comme sur leur site officiel. De fait, on comprend qu’il n y a aucune différence de prix entre ce que peut proposer l’hôtelier en direct et ce qu’affiche l’intermédiaire.
Seule vraie conséquence, plus le client réserve par un portail, plus l’hôtelier doit reverser une commission (jusqu’à 30 %) et voit donc naturellement son chiffre d’affaires se réduire.
« Les OTA (Online Travel Agencies) font des promos bidons et jouent avec les tarifs. Ils gonflent de 20 % nos prix en ligne pour les solder ensuite au tarif normal » explique une hôtelier provençal.
« Il s’agit d’un détournement de clientèle pour l’essentiel, pas d’un apport de nouvelle clientèle » rapporte un autre. « Trop de commissions entraîne moins d’investissements » ajoute enfin un troisième.
En effet, plus le consommateur abusé passe ses réservations via les portails, moins l’hôtelier est en mesure d’apporter un meilleur service.
Pris à la gorge, il n’a plus les moyens d’investir, de recruter du personnel etc.
On peut même légitimement penser que la qualité des hôtels en France vienne à baisser. Au détriment de qui ? Du consommateur bien entendu.
Rémi Ohayon,
Expert en e-marketing au service des hôteliers et des restaurateurs.
Auteur du livre « Addi(c)tion – le hold-up des intermédiaires ».