« Plus aucun touriste français ne vient sur la destination Ukraine, c’est le moment d’aller à Kiev ! » Fidèle à sa réputation d’innovateur iconoclaste et surtout fin connaisseur des pays de l’ex bloc soviétique, Michel Salaün, patron de Salaün Holidays, a emmené un groupe de journalistes la semaine passée pour une découverte de la capitale d’Ukraine.
Pour beaucoup, une surprise et une très bonne. Aérée, verdoyante, la ville de 2,6 millions d’habitants respire l’envie de vivre, de s’éclater et se rêve un avenir de must en Europe.
[1]Avec son ami Louis Chambaudie, breton comme lui et propriétaire de six restaurants sur la ville où il est installé depuis 26 ans, Michel Salaün veut lancer pour la fin de l’été les premiers city-breaks destination Kiev : « la ville est magnifique et trépidante à seulement 3 heures d’avion de Paris. Il n’y a pas besoin de visa, l’hôtellerie est de qualité, l’accueil chaleureux, en particulier pour les Français… alors pourquoi attendre ? »
[2]Maïdan, la place de tous les événements, de l’indépendance de l’URSS en 1991 à l’occupation pour chasser le président autocrate Ianoukovytch, partisan de la Russie contre l’Europe, de novembre 2013 à mai 2014, en passant par la révolution Orange en 2004, rayonne aujourd’hui sous les pas des jeunes Ukrainiennes à la réputation de beauté qui a fait le tour de la planète.
[3]Chaque soir, elles font aussi l’animation des multiples discothèques en plein air qui s’ouvrent aux quatre coins de la ville sous la baguette des meilleurs dj.
« Ibiza peut se faire des soucis, s’amuse Louis Chambaudie. Avant dix ans, Kiev sera le top en Europe ! »
Avec ses églises et monastères orthodoxes de toute beauté, la ville peut séduire une autre clientèle. Sans parler du coût de la vie : avec un paquet de cigarettes de marque internationale à 1€20 les fumeurs comprendront !
Il est indispensable avant cela de rassurer : sur Maïdan, la place de l’indépendance, ne reste que des photos des événements passés et quelques militants quêtant pour soutenir l’effort de guerre, loin à l’est, contre les Russes, les centres commerciaux et boutiques de luxe accueillent avec le sourire et les terrasses ensoleillées invitent à se désaltérer en paix et dans la fête.
Même Stéphane Le Pennec, directeur de Salaün Holidays, n’a pu y refuser une invitation à se déguiser en personnage de Walt Disney.
« Le conflit à l’est va se geler et n’altère en rien la vie à Kiev, explique la guide Natalia. L’envie de partager lav joie de vivre est omniprésente à Kiev. »
Mais on a aussi le droit de se faire peur : quinze guides sont dorénavant habilités par le gouvernement pour envoyer des visiteurs dans la zone interdite de Tchernobyl, à moins de 100 km de là. Ils ont été 10 000 depuis le début de l’année, essentiellement des Britanniques et Scandinaves.
[4]Un tourisme « noir » qui ne peut laisser indifférent celui qui s’y rend entre villages fantômes, jouets d’enfants abandonnés et jusqu’au réacteur n°4 qui explosa en avril 1986.
[5]« Cela fera partie de notre proposition, poursuit Michel Salaün. Mais pour un public averti. Entre verre qui jonche le sol, planchers effondrés, murs qui menacent de s’écrouler et l’inquiétude légitime face aux radiations, tout le monde ne pourra y aller. »
Mais c’est Salaün, le premier, qui aura ouvert la destination pour les Français.
Yves Pouchard