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Si vis pacem para bellum 

Certains observateurs se sont émus, à juste titre d’ailleurs, qu’une guerre était déclarée entre IATA et les agents de voyages. Pour ne pas dire entre les transporteurs aériens. IATA n’étant que leur porte-parole et leur bras armé.

D’aussi loin que je me souvienne, c’est-à-dire à la fin des années 60, les agents de voyages étaient totalement inféodés aux transporteurs aériens, qui eux-mêmes l’étaient par rapport à IATA.

A cette époque, l’organisation avait un pouvoir régalien dont le but était de faire respecter strictement les règlements en vigueur dans le transport aérien.

Ce système avait le mérite de fonctionner et de faire régner l’ordre. Mais, autres temps, autres mœurs…

Tout a basculé en le 24 octobre 1978, lorsque les Etats Unis présidés par Jimmy Carter ont décrété unilatéralement la libéralisation du transport aérien mondial. Un changement majeur avec un bilan mitigé.

Les prix ont fortement baissé, le trafic aérien a logiquement explosé, grâce à la mise en service d’avions gros porteurs et la création concomitante d’aéroports adaptés au transport de masse.

Mais, en contrepartie, la qualité du service à bord s’est fortement dégradée. La fin d’une époque. Le début du « mass market »

Les agents de voyages ont perdu certains privilèges, l’émission de billets d’avion qu’eux seuls pouvaient émettre, sans valeur faciale et environ 30 % moins chers que les tarifs publics les plus bas. Les tarif IT (Inclusive Tour.)

Puis la commission de 9 % sur la billetterie a été contestée par les compagnies pour finalement disparaitre quelques années plus tard.

La création des compagnies low cost n’a rien arrangé à l’affaire. Qu’ont fait les agents de voyages pour contester ces changement ? Rien, ou si peu.

Le pouvaient-ils, c’est une toute autre histoire.
Pendant ce temps, IATA avait modifié ses prérogatives. De gardien du temple sacré, il est devenu Président du club des transporteurs aériens.

Le fer de lance pour protéger ses adhérents contre les mauvaises manières des passagers et les demandes de leurs associations. Les agents de voyages subissaient encore et toujours, sans pouvoir changer grand-chose à la situation.

Donc, parler de guerre entre IATA, les transporteurs aériens et les agents de voyages me semble un peu exagéré, tant le rapport de force entre les « belligérants » est disproportionné . En tout cas pour une guerre conventionnelle.

L’histoire démontre depuis longtemps que la guérilla peut contraindre les plus grandes armées à perdre des guerres contre des adversaires supposés être beaucoup plus faibles qu’elles.

Mais, les agents de voyages ne sont pas unis, peu coordonnés avec des moyens limités. Ils sont avant tout soucieux de défendre des intérêts corporatistes, car le marché est très morcelé et ils ne sont pas de nature belliqueuse.
Ce qui gèle pour longtemps encore le statuquo établi : la prédominance des transporteurs aériens sur les agences de voyages.

Dit autrement, les moyens financiers des agents des agents de voyages ne sont pas comparables à ceux des compagnies aériennes.

De plus, ces derniers peuvent ou cherchent à se passer de leur intermédiaire. L’inverse n’étant pas valable. La dépendance demeure intacte.
Cette tendance semble devoir perdurer éternellement Aucune solution raisonnable se dégage.
C’est regrettable.

François Teyssier