A la fin du XIXe siècle, entre 1897 et 1898, Karl von den Steinen, médecin et anthropologue allemand séjourne aux îles Marquises. Son but ? créer pour le musée ethnologique de Berlin une collection aussi complète et diversifiée que possible d’objets culturels polynésiens.
« Grâce à lui, nous avons pu retrouver le nom des motifs de tatouage polynésien (plus de 400 schémas, ndlr) et leur sens véritable qu’ils soient masculins ou féminins » indique Taino Hiramatsu, un tatoueur local des Marquises.
Ainsi aujourd’hui les dessins traditionnels polynésiens sont très demandés par les autochtones et les touristes. Mais il s’en est pourtant fallu de peu pour que ce style de tatouage ne disparaisse à jamais.
Car en effet, depuis 1819, le code Pomare, sous l’initiative des missionnaires anglais, interdit complètement la pratique du tatouage : « Celui qui utilise sur la peau le peigne à tatouer sera puni», puis en 1820 et 19223, les codes de Ra’iatea et de Huahine rappellent avec force détails, les terribles châtiments encourus (amendes, travail, emprisonnement, sévices).
Le tatouage, un puissant élément de séduction
Signe de beauté, le tatouage polynésien était considéré dans l’ensemble de la Polynésie comme indispensable, aussi bien à l’homme qu’à la femme, pour capter et retenir l’attention de l’autre, c’était également gage de jeunesse. Ainsi, aux Marquises, à Tahiti comme aux Samoa, un jeune homme, tant qu’il ne s’était pas fait tatouer, ne pouvait même pas rêver à se marier.
Chaque île avait son genre de tatouages
Le style du tatouage Marquisien (Patutiki Enana), riche en symboles traditionnels et très lié au divin, est très différent du tatouage Tahitien (Tatau Tahiti), du tatouage Maori (Tamoko), du tatouage Samoa (Ta Tatau Samoa) et d’autres archipels de la Polynésie.
Aujourd’hui un phénomène ancré dans la peau
Un véritable engouement pour le tatouage a reprit depuis les années 1990-2000 et de nombreuses personnalités de la musique, du sport et des médias se font tatouer de plus en plus ouvertement. C’est le cas en France et plus encore aux Etats Unis.
Depuis 10 ans, les chiffres ont d’ailleurs considérablement augmenté : l’institut Harris publiait en 2018 un nouveau sondage sur les États-Unis où 21 % de la population américaine actuelle possédait un ou plusieurs tatouages sur le corps.
Quand à nos polynésiens, l’objectif pour eux désormais est de faire inscrire leur tatouage polynésien, le Patutiki, au moins, au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.